Ça ne s'arrange pas au Maroc. Son peuple étouffe mais ne décolère pas. Prêt à en découdre. À la grève générale des 5 et 6 février qui a paralysé le royaume s'est ajoutée une impressionnante manifestation organisée à Marrakech. Des centaines de personnes, femmes, hommes, jeunes et vieux avaient battu le pavé à l'appel d'associations marocaines pour dénoncer la détérioration des conditions sociales déplorables, la marginalisation et banalisation de la corruption. Alors que les organisations syndicales et professionnelles avaient appelé à une manifestation massive et à grande échelle. Les manifestants dénoncent systématiquement la détérioration du pouvoir d'achat, la corruption et le détournement des fonds publics, scandant des slogans contre l'appauvrissement du peuple marocain et en faveur de la transparence et de la justice. Leurs revendications portent, notamment, sur la séparation entre le pouvoir et l'argent. Pas seulement, car la vague de protestations ne cesse de monter en puissance. Cette situation critique s'inscrit dans un climat de défiance généralisée, exacerbé par le délitement de secteurs sensibles où les tensions s'accumulent. En première ligne, le secteur de la santé se trouve au bord de l'effondrement, miné par une gestion défaillante et l'absence d'une vision réformatrice claire, rapportent certains canaux de communication. Il faut rappeler que la sonnette d'alarme avait été tirée il y a à peine trois mois. Des voix se sont élevées de l'intérieur pour dénoncer cette situation catastrophique qui a malheureusement provoqué de nombreux décès, causés par une épidémie de rougeole qui a touché l'ensemble du territoire du royaume. L'absence de vaccins et de traitement contre la rougeole, qui a fait plusieurs morts parmi les enfants, a suscité la colère de la population, avaient rapporté des médias locaux. La tragédie et la souffrance vécues par les familles des enfants à cause de l'absence de vaccins et de traitements contre la rougeole dans les hôpitaux a été soulignée. Face à l'inaction des autorités, la colère continue de monter parmi les professionnels de la santé, qui menacent d'un durcissement des mouvements de contestation pouvant paralyser l'ensemble du système. Dans ce contexte préoccupant, la coordination syndicale nationale a averti. Le système de santé risque une paralysie totale, les professionnels sont confrontés à une réalité chaotique, marquée par des décisions improvisées et un manque flagrant de moyens, a-t-elle prévenu. Parmi les autres secteurs essentiels qui partent à vau-l'eau, il y a celui de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur notamment qui cristallise ce mécontentement. Il faut savoir que le secteur de l'Education nationale est confronté depuis plus de quatre mois à une grève illimitée des enseignants. Les grèves, accompagnées de manifestations massives et impliquant un tiers du corps enseignant du pays, ont commencé progressivement le 5 octobre dernier, un mois après le début de l'année scolaire et coïncidant avec la Journée mondiale des enseignants. Elles ont débuté avec une journée de grève par semaine pour atteindre quatre jours, entraînant ainsi la perte de 50 jours de classe pour 7 millions d'élèves, a écrit, le 14 janvier, Maghreb Online, sur son site. Si la situation du secteur de l'Education est alarmante, celle de la Formation médicale l'est tout autant. Les enseignants des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire dénoncent une détérioration préoccupante de leurs conditions de travail et de formation. Entre surpopulation estudiantine, manque criant de ressources et affaiblissement progressif des CHU face à la montée du secteur privé, enseignants et étudiants se retrouvent confrontés à une impasse qui compromet gravement l'avenir du système de formation médicale au Maroc. Malgré les multiples alertes lancées par le Syndicat national de l'enseignement supérieur et les courriers adressés aux ministères concernés, le gouvernement, fidèle à sa ligne de conduite, a choisi d'ignorer la crise. Autant de cris de colère et de détresse que le pouvoir marocain semble prendre à la légère. La rue, quant à elle, ne lâche pas et fait monter la pression. Gare à l'implosion...