La délégation sillonnera, par la suite, le sud du pays pour clore sa visite à Tizi Ouzou. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès, a reçu hier une délégation représentant le mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep). L'objectif de la visite de cette délégation, présidée par Mme Marie-Angélique Savane, est d'évaluer la situation politique, sociale et économique du pays après la décennie noire. La délégation qui s'est déplacée à l'Ouest sillonnera les villes du sud et clôturera sa visite à Tizi Ouzou. Le ministre de la Solidarité était accompagné de représentants du ministère de l'Intérieur et ceux du ministère de la Justice. Des questions de la délégation tournaient autour de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, la relance économique et les droits de la femme. Lors de son intervention, M.Ould Abbès considère que l'islamisme n'est pas le seul élément qui a fait plonger le pays dans la décennie noire. D'autres paramètres ont contribué à cette situation tels que l'exclusion sociale, selon le ministre. «Nous avons perdu beaucoup de jeunes qui ne faisaient pas la prière. Nous connaissons d'autres qui s'adonnaient à la drogue et qui ont rejoint le maquis», a-t-il expliqué. Pour lui, le choix des jeunes qui a été porté sur le parti islamiste, l'ex-FIS en 1991, ne signifiait pas que ces derniers l'ont fait par conviction mais pour fuir les problèmes socio-économiques. Ce sujet a amené le ministre à parler du projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il a tenu à expliquer aux représentants de la délégation, les objectifs de cette Charte. Il dira, à ce propos, que la consolidation de la paix transite également par le pardon consenti aux personnes qui ont cessé volontairement de commettre des faits préjudiciables, l'extinction de l'action publique permettant ainsi aux bénéficiaires de rejoindre leurs foyers et de reprendre une vie normale à l'exception de ceux à l'origine de massacres collectifs, de viols ou d'utilisation d'explosifs dans les lieux publics. A une question sur l'évaluation des résultats d'application de cette Charte, le ministre répondra que le pardon seul ne suffit pas. «L'évaluation se fera également par le règlement des problèmes du chômage, de l'emploi et du logement». Chiffres à l'appui, il a réaffirmé que le taux de chômage est passé de 15,3% en 2005 à 13,1% en 2006. Aussi, l'indice de pauvreté a reculé de 12,8% en 1999 à 5,7% en 2006. Il ajoutera, néanmoins, que «la réussite de l'initiative présidentielle nous autorise à traiter avec aisance la paix et la réconciliation nationale dans leurs fondements». Le représentant du ministère de la Justice a révélé qu'avant la promulgation de la loi sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, 6535 plaintes sur les disparus ont été déposées au niveau de la justice. Après l'adoption de cette Charte, le ministère a reçu 1409 plaintes. «Ce sont toutes des personnes qui ont disparu entre 1992 et 1995», précisera le représentant du ministère. Interrogé sur la détention de certaines personnes par les services de sécurité, le ministre répondra: «Je dis en toute responsabilité que la majorité des disparus sont des personnes qui ont, soit rejoint le maquis, soit enlevés par des terroristes. Il est possible que certaines personnes soient portées disparues sous d'autres conditions, mais je défie quiconque qui prouverait que les services de sécurité sont concernés par ces disparitions». Il a précisé, par la suite, que les ayants droit des personnes victimes de la tragédie nationale selon leur situation et certaines conditions, bénéficient d'une indemnisation versée par l'Etat sur le fonds d'indemnisation des victimes du terrorisme. Ce fonds est estimé à 15 milliards de dinars.