Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui ne s'est pas trop exprimé depuis le début de cette crise, a déclaré, mardi soir, que «la France est attachée à sa relation avec l'Algérie avec laquelle nous sommes unis par des liens complexes, mais d'une densité sans équivalent et des intérêts partagés». Un discours qui tranche clairement avec celui du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, partisan du va-t-en guerre contre l'Algérie. Le chef de la diplomatie française, invité de la Grande Mosquée de Paris lors de la cérémonie de «l'Iftar des ambassadeurs», n'a pas suivi le son de cloche du parti de l'extrême droite, voulant coûte que coûte un bras de fer avec l'Algérie. Adoptant un ton plutôt conciliant Barrot affirme que ces tensions que traversent les deux pays, et «qui ont connu hier (lundi)un nouveau développement problématique, ne sont dans l'intérêt de personne ni de la France, ni de l'Algérie». Le ministre ajoute que son pays veut résoudre ces problèmes avec «respect» mais aussi «exigence, franchise et sans faiblesse, sans rien céder sur les intérêts des Français qui sont notre boussole» a-t-il déclaré. Omettant de porter la casquette a son ministre de l'Intérieur quant à la responsabilité de cette crise stigmatisant les algériens de France, Jean-Noël Barrot a précisé qu'il «va de soi que les millions de nos concitoyens liés d'une manière ou d'une autre à l'Algérie n'ont rien à voir avec les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui avec les autorités algériennes, ils ont le droit à la tranquillité». Le recteur de la Grande Mosquée, Chems-eddine Hafiz, qui s'est exprimé à son tour lors de cette rencontre, a rappelé que ce lieu, cible permanente de l'extrême droite et de ses relais médiatiques, est une «marque de l'amitié entre la France et les terres d'islam». La présence du ministre des Affaires étrangères, selon Chems-eddine Hafiz, «honore ces liens qui, par-delà les blessures du passé et certaines crispations actuelles, peuvent être entendus et entretenus» a-t-il dit. Au milieu de cette crise diplomatique et politique qui secouent les deux pays, «la Grande Mosquée de Paris garde toute sa sérénité et entend continuer sur le chemin de l'apaisement et de l'espoir d'une relation vertueuse entre la France et l'Algérie», déclare le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Bruno Retailleau, qui se retrouve de plus en plus isolé dans sa guerre contre l'Algérie, a été lui aussi invité à cette cérémonie avant qu'il ne décline l'invitation, cachant mal sa nature anti-musulman.Dans la journée d'hier encore, c'est le Premier ministre, François Bayrou qui prend ses distances avec son ministre de l'Intérieur, après l'avoir soutenu durant les premiers jours de la crise. Bayrou a été interpellé sur les tensions entre la France et l'Algérie, lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le mardi 18 mars. Il réplique que le rejet par Alger d'une liste d'Algériens expulsables «porte atteinte» aux intérêts de la France. Le Premier ministre français, faisant la part des choses face aux extrémistes et haineux de la droite qui cherchent à envenimer au maximum la situation, affirme «ne pas faire porter le chapeau aux citoyens algériens» dans cette crise. François Bayrou a noté que les deux capitales on toutes les deux intérêt a dépasser cette crise. Alger et la France «ont besoin de coopération» a-t-il déclaré. C'est le même son de cloche du coté du Parti Socialiste. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, qui a été l'invité de l'émission Face-à-Face de ce mardi 18 mars sur Bfmtv et RMC est allé dans le même ordre d'idées; à savoir celui de l'apaisement et du dialogue respectueux et responsable entre les deux parties. Il a été interrogé, lors de cette rencontre, notamment sur les relations tendues entre la France et l'Algérie. Le responsable du PS, qui croit que le dialogue constructif doit reprendre, «pense qu'il y a plus à perdre qu'à y gagner», a-t-il déclaré.