L'Expression: Vous avez évoqué le système suedois qui prodigue des aides substantielles ayx étudiants? C'est quoi? Noureddine Chettouh: J'ai choisi de parler du système suédois qui prodigue une aide substantielle aux étudiants, parce qu'il produit, à mon avis, un effet bénéfique et positif sur le cursus universitaire des étudiants, avant tout. C'est un système conçu plutôt pour offrir un soutien financier universel. Il favorise une certaine indépendance de l'étudiant, vis-à-vis de son environnement familial. Il est géré par la commission centrale suédoise de soutien aux études, CSN, combinant entre une bourse et un prêt à faible taux d'intérêt. Ainsi, les étudiants suédois peuvent percevoir jusqu'à 1000 euros par mois. Et dans les 1000 euros, il y a un tiers sous forme de bourse et deux tiers sous forme de prêts remboursables sur une période pouvant aller jusqu'à 25 années après la fin des études. En définitive, ce dispositif permet aux étudiants de se concentrer et de se consacrer pleinement à leurs études, sans vraiment dépendre financièrement de leurs parents ou de tiers. L'étudiant est donc totalement autonome. Vous êtes, entre autres compétences, conseiller en formation. Selon vous, comment ce volet important peut-il être piloté pour accompagner la dynamique ambiante dans le pays? Pour accompagner la dynamique actuelle en Algérie, le secteur de la formation professionnelle doit être aligné sur les besoins réels du marché du travail. Chose qui est actuellement en train de se réaliser grâce au travail remarquable du nouveau ministre, Yassine Oualid. C'est le cas des partenariats qui sont noués avec les entreprises, la création et la mise en service de plates-formes en ligne, la sensibilisation des acteurs impliqués dans la formation professionnelle, soit au niveau de son ministère et tous les centres de formation y afférents, soit avec les autres ministères qui sont concernés par la formation professionnelle, ou encore conjointement avec les entreprises. Le travail effectué dans ce cadre est vraiment remarquable et intéressant. Donc pour moi, cet alignement, va nécessairement impliquer une collaboration étroite entre les institutions de formation et les entreprises. Le but étant d'identifier bien sûr les compétences requises, afin d'adapter les programmes en conséquence. Il est impératif de sortir des sentiers battus, des anciennes formules désuètes et obsolètes, qui consistent à élaborer des programmes de formation, qui ne correspondent à aucun besoin réel du marché et à aucune réalité sur le terrain. Ce qui risque de produire une multitude d'inadéquations sur le terrain, pour les élèves formés et leurs débouchés. C'est-à-dire qu'on va mettre sur le marché des diplômés qui ne sont pas employables et leurs profils inadéquats avec les besoins de l'économie et de la stratégie politique nationale. La formation doit viser, avant tout, l'intégration et l'employabilité et la mise sur le marché de profils répondant aux besoins exprimés par l'orientation économique. Donc, il y a lieu d'intégrer la formation en alternance, qui va combiner entre la théorie et la pratique, essentielle pour assurer une meilleure employabilité. Cette alternance va leur permettre de concrétiser et de mettre en application leur connaissance théorique en pratique. Aussi, une fois sur le terrain, ils vont observer, ils vont découvrir des choses qui vont leur permettre d'évoluer et mieux se développer. Pour illustrer, je vais prendre comme exemple, l'expérience de la plateforme «Sinaa.com» qui recense les besoins en compétence des entreprises. Celle-ci propose aux jeunes des postes en apprentissage. Ce qui va faciliter, bien entendu, cette adéquation entre l'offre de formation et la demande du marché. C'est ce qu'il faut pour créer cette dynamique et accompagner l'effort national. Le président vient d'ordonner encore le recours à la formation des jeunes dans les métiers agricoles. Quelle est, à votre avis, la meilleure stratégie à adopter pour parvenir à des résultats rapides et probants? Doit-on recourir à la formation à la carte, l'apprentissage accéléré ou encore le recyclage? Je pense que pour revitaliser le secteur agricole en Algérie une approche multifacettes est recommandée. On parle d'un pays qui est presque un continent, avec une diversité assez importante, tant sur le plan géographique, climatique, etc... A priori, il est préférable de recourir d'abord, à la formation à la carte, du fait de l'importance du développement des programmes modulaires, adaptés aux spécificités régionales et aux différents types d'agriculture pratiqués dans le pays. Parce que, si on va prendre le cas du Sud du pays, on se retrouve avec des données littéralement et totalement différentes de celles du Nord, où l'on retrouve des terres semi-arides. Des formations ciblées, correspondant aux attentes des jeunes et à leurs objectifs. Le jeune agriculteur doit avoir une panoplie de choix de formations, en fonction des besoins personnels exprimés. Mais aussi, en fonction des disponibilités, des offres, des besoins et des spécificités régionales ou locales existantes. Aussi, pour ce qui est de l'élaboration de la carte de formation, certaines particularités et spécificités doivent être prises en ligne de compte. Ce qui nous permettra de diversifier l'offre de formation professionnelle, en ayant recours à l'apprentissage, à travers la mise en place de partenariats entre les centres de formation professionnelle et les exploitations agricoles. Une telle option nous permettra de combiner entre la théorie et la pratique, permettant aux apprenants d'acquérir des compétences directement sur le terrain, et facilitant leur insertion professionnelle, à travers des feed-back interactifs et bénéfiques. En termes clairs, ce que la théorie n'a pas touché, durant les cours, la pratique va l'aborder. Et vice versa. C'est-à-dire ce qu'on n'a pas compris sur le terrain, en revenant au centre, on va l'exposer à nos enseignants, au formateur à travers des échanges. Ce qui aura pour effet de renforcer le potentiel de connaissances et de formation de nos stagiaires. Idem pour le recyclage. Etant dit que la formation, de nos jours, n'est pas un domaine figé, il est impératif de renouveler le capital de formation et de connaissances, à travers des programmes de recyclage cyclique et continu, au profit des travailleurs agricoles et de vulgariser avec les nouvelles technologies. Il faut également dispenser des programmes adaptés afin de familiariser les travailleurs agricoles et les propriétaires avec les pratiques agricoles durables aussi. Cela nous permettra de contribuer à moderniser le secteur et surtout améliorer la productivité. Parce qu'après tout, l'objectif c'est la productivité, c'est améliorer la production et apporter une plus-value pour l'économie. Donc, en combinant toutes ces approches, en pensant à moderniser les infrastructures de formation existantes, on arrivera à des résultats probants. Pour la seule wilaya d'Alger, avec les 68 établissements de formation professionnelle qui forment près de 35000 stagiaires, l'Algérie peut rapidement renforcer les compétences de sa jeunesse dans le domaine agricole et répondre effectivement, et d'une façon efficiente, aux besoins exprimés et développer le secteur agricole.