L'Expression: Avec Li fat mat, votre deuxième série, on peut dire qu'une nouvelle carrière s'annonce pour vous dans le drama télévisuel du Ramadhan? Karim Moussaoui: je ne sais pas si c'est une nouvelle carrière, mais j'ai remarqué que la différence entre le cinéma et la série avait pratiquement disparu avec l'arrivée des plates formes, Netflix etc. donc, je ne me suis pas interdit de faire des séries, en plus de cela, ça me plait. La série, je la traite comme un long métrage, avec plusieurs parties. C'est plutôt une nouvelle aventure, mais pas une nouvelle carrière.. Comment est venu cette année le feuilleton Li fat mat qui aborde plusieurs thématiques à la fois? une première d'ailleurs où l'on aborde la décennie noire dans un feuilleton, ainsi que le Hirak.. Quand j'ai lu le scénario, je me suis aperçu, qu'effectivement, ça abordait plusieurs sujets et thématiques, ça m'a intéressé énormément,.j'avais dans l'ensemble des idées proposées. Cela m'intéressait car j y adhérais. Et puis, contrairement au cinéma où on est dans un milieu, un peu limité, puisque il n' y a pas assez de salles de cinéma en Algérie- mes longs métrages ne sont pas assez vus- je me suis dit que c'est une façon nouvelle pour moi de m'adresser au grand public et d'exposer aussi un point de vue que je partage aussi. Quels sont les thématiques qui vous ont touché justement et qu'est-ce que vous vouliez vous-même transmettre à travers ce feuilleton dont le scénario rappelons-le est signé Sara Bertima... J'avais envie de transmettre une espèce de bienveillance, dans les rapports, en tout cas, quand je pense, notamment au couple de Naima et Mehdi, parler de l'amitié entre Mehdi et Brahim et puis parler aussi de cette décennie noire qui est racontée dans le présent via des flash-backs... Vous l'avez relié au Hirak, ce qui est assez audacieux... Oui, parce qu'il y a une idée qu'on voulait transmettre, c'est vraiment que dans ce pays qui a quand même traversé plusieurs périodes difficiles, le peuple algérien évolue et murie à sa manière, c'est- à- dire que ces périodes-là, malgré les douleurs, nous permettent aussi de prendre de la maturité et de la hauteur. S'il y a une seule chose de positive que j'avais voulu raconter dans tout ça, c'est bien ça, peut- être que ce n'est pas évident, je conçois que tout le monde ne le voit pas dans le feuilleton. Aussi, j'avais envie de voir des gens beaux, des quartiers beaux. J'avais envie de filmer Bab El Oued que je découvre dans le détail avec ce tournage. C'est ce qui m'a motivé le plus, sans oublier le fait de travailler avec une équipe formidable. On a été superbement bien accueilli dans les quartiers de Bab El Oued et ailleurs aussi. La bienveillance des gens, tout ça me donne beaucoup d'espoir en tout cas. Et des comédiens à la hauteur dont certains assez improbables qui nous ont surpris à la fin, positivement bien sûr, notamment Mounia Benfeghoul... Des comédiens que j'ai découverts et avec lesquels je n'ai jamais travaillé. Des comédiens qui sont pour moi une fierté. On a un large choix de comédiens dans des registres complètements différents. J'ai trouvé de bons comédiens qui ont porté cette série. Pour Mounia Benfeghoul, c'est le choix de la production. Je ne la connaissais pas. Je la découvre et je trouve que c'est quelqu'un qui a une telle justesse de jeu... et pas qu'elle. Il y a aussi Nidhal El Melouhi, Mustapha Laribi et tous les autres. J'ai eu la chance de tomber sur un casting aussi professionnel. La question que tout le monde se pose: y aurait-il une suite? Moi j'aimerai bien. Mais on verra bien. On vous a vu récemment en France à Lille dans le cadre du festival Série Mania où vous avez pris part à la manifestation Les séries du Ramadhan. Un mot là-dessus... On a essayé de représenter au mieux le monde du cinéma et de la télé et surtout on a parlé des séries du mois de Ramadhan, des thématiques qu'on a traitées et comment ça se passe. Ça a été plutôt positif, je pense. C'est bien de faire exister la série algérienne via des festivals comme «Série Mania». Pour le moment, il n' y a aucune série qui a représenté l'Algérie... il y en a une, mais je ne suis pas sûr. Mais c'est vraiment quelque chose de très positif; ça a été une première, organisée grâce à Sofiane Zermani. Donc c'est très bien d'être présent. Il faut essayer de proposer peut être pour les prochaines années des séries qui parleraient de nous. Et le cinéma dans tout cas? Je viens du cinéma et il restera toujours du cinéma en moi. Ce que j'ai fait dans Li fat mat est que j'ai ramené du cinéma à la télé et j'aime bien quand je vois souvent les commentaires des gens, ils disent parfois: «J'ai regardé ce film», ils ne disent pas cette série. C'est intéressant...