L'Algérie et la France renouent avec le dialogue. C'est désormais acté. Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en visite à Alger, a rencontré, hier, son homologue algérien Ahmed Attaf, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines avant d'être reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. On remet les pendules à l'heure. Il était temps, car les relations algéro-françaises ont sombré dans une crise inédite depuis que l'extrême droite et ses relais ont mis leur bleu de chauffe pour orchestrer une féroce campagne de désinformation dans le but de diaboliser, décrédibiliser, l'Algérie. Au point d'y voir un point de non-retour qui aurait signé leur arrêt de mort programmée. Leur puissance ancrée paradoxalement dans une histoire tragique commune allait changer cependant, la donne au grand dam de ceux qui avaient opté pour l'aventure. Celle qui aurait hypothéqué l'avenir entre les deux rives de la Méditerranée. Il fallait stopper l'escalade. Le déclic s'est opéré vraisemblablement lors du dernier entretien périodique accordé par le chef de l'Etat aux médias nationaux. « Je dirai trois mots pour ne pas tomber dans le brouhaha ni le capharnaüm politique qu'il y a actuellement là-bas. Nous, on garde comme unique point de repère le président Macron », avait-il déclaré désignant de facto l'actuel locataire de l'Elysée comme son interlocuteur. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Les événements vont s'enchaîner rapidement. Un échange téléphonique, le 31 mars, entre Macron et Abdelmadjid Tebboune, tirera un trait sur des mois de brouille entre les deux pays. « Les deux chefs d'Etat ont réitéré leur volonté de renouer le dialogue fructueux qu'ils avaient consacré avec la déclaration d'Alger d'août 2022 lors de la visite du président Macron et qui s'était traduit par des gestes forts en matière mémorielle », souligne un communiqué commun. Depuis l'accession de l'Algérie à l'indépendance, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont probablement les chefs d'Etat les mieux indiqués pour jeter les passerelles qui conduiront à une relation apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. Les deux hommes s'apprécient et se respectent. Ils aspirent à gérer sans passion la question mémorielle qui plombe les relations entre les deux pays. La dépassionner devient une condition sine qua non pour construire une coopération économique exceptionnelle qui doit rayonner sur tout le continent, le Bassin méditerranéen et en Europe où la France occupe un rang de premier plan. L'approvisionnement de l'Europe en gaz a constitué, il faut le rappeler, un des enjeux de la dernière visite du président Macron en Algérie. La France y a vraisemblablement trouvé son compte avec à la clé une hausse de 50% des importations gazières algériennes. Cet exemple illustre à lui seul combien les deux pays ont intérêt à bâtir une coopération de premier ordre. Les malentendus cycliques entre l'Algérie et la France sont certes, un trait de caractère des relations qu'entretiennent les deux pays qui ont cependant, toujours réussi à surmonter leurs brouilles. Gageons que cette fois- ci, elles seront dissipées pour de bon…