Le Président Abdelmadjid Tebboune a reçu, hier à Alger, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot et la délégation qui l'accompagnait. L'audience s'est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, Boualem Boualem, du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, et du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Lounès Magramane. Selon les médias français, «à sa sortie d'un entretien de 2h30 avec le Président Tebboune», le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a annoncé la volonté des deux pays «d'entrer dans une nouvelle phase» et de «tourner la page» des tensions récentes. «Avec le Président Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau» pour «reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé», a déclaré Jean-Noël Barrot, annonçant une reprise immédiate de la coopération dans tous les domaines. Auparavant, dans la même journée, Ahmed Attaf a reçu, au siège du ministère, Jean-Noël Barrot, qui était arrivé en milieu de matinée en visite officielle en Algérie, accompagné, notamment, de Romaric Roignan, le nouveau directeur de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient du Quai d'Orsay. Selon une source diplomatique française citée par les médias français, «Jean-Noël Barrot a eu un entretien de 1h45» avec Ahmed Attaf et en format élargi, pour tenter d'aplanir les dossiers les plus épineux». La même source a fait savoir que «les échanges ont été «approfondis, francs et constructifs dans la droite ligne de l'échange entre les Présidents Macron et Tebboune», se concentrant sur «les sujets régionaux et la relation bilatérale y compris les sujets migratoires». La visite du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères précède, toujours selon la même source, celle du ministre français de la Justice Gérald Darmanin, pour relancer la coopération judiciaire. La reprise du dialogue algéro-français est donc, au sens diplomatique, actée. Pour reprendre les termes du communiqué publié par la Présidence de la République après l'entretien téléphonique du lundi 31 mars entre les deux Présidents, la reprise du dialogue traduit «l'ambition commune d'une relation ambitieuse, sereine et respectueuse des intérêts de chacun débouchera sur des résultats concrets». C'était le but de la visite effectuée hier à Alger par le ministre français. Il s'agit d'un «dialogue d'égal à égal entre deux partenaires qui constituent des acteurs européen et africain de premier plan et qui sont attachés à la légalité internationale, ainsi qu'aux buts et principes édictés par la Charte des Nations unies», comme l'a souligné le communiqué du 31 mars. Les motifs qui poussent à la reprise de ce dialogue : «La force des liens – en particulier humains – unissant l'Algérie et la France, les intérêts stratégiques et de sécurité respectifs des deux pays, les défis et crises auxquels l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique étaient confrontées». Le communiqué parle d'«esprit d'amitié», et du «souci d'efficacité et de résultats». Pour rappel, au cours de l'entretien téléphonique à l'initiative du Président français, le lundi 31 mars, dans la soirée entre les deux Présidents, la visite de Jean-Noël Barrot, à l'invitation de son homologue algérien, a été évoquée. Ses buts ont été fixés : «Donner rapidement à la relation entre la France et l'Algérie l'ambition que les deux chefs d'Etat souhaitent lui conférer» et «détailler ce programme de travail ambitieux, en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre». Dans l'immédiat, les deux Présidents sont convenus de «la reprise sans délai de la coopération sécuritaire entre les deux pays et du travail de la commission mixte des historiens». La Déclaration d'Alger d'août 2022 est remise à l'ordre du jour, elle avait été, a souligné le communiqué, le résultat d'un «dialogue fructueux» qui s'était traduit par «des gestes forts en matière mémorielle, notamment la création de la commission mixte des historiens franco-algériens, la restitution de restes humains des chouhada de la Résistance et la reconnaissance de la responsabilité dans la mort d'Ali Boumendjel et de Larbi Ben M'hidi».