Ils vont soutenir la relaxe de Nicolas Sarkozy avant que le tribunal ne se retire pour délibérer: au bout de trois mois d'audiences, les avocats de l'ancien président français ont commencé à plaider, hier après-midi, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007. La défense «vous démontrera qu'il n'y a aucun pacte de corruption», a débuté à la barre Me Jean-Michel Darrois, à quelques mètres de l'ex-chef de l'Etat, 70 ans, ainsi que des trois anciens ministres poursuivis, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth. La salle d'audience est pleine comme un oeuf pour cette journée qui marque l'épilogue d'un procès inédit à Paris, où sont jugés depuis le 6 janvier le 6e président de la Ve République française (2007-2012) ainsi que 11 autres prévenus. Au premier rang se sont assis l'épouse de Nicolas Sarkozy, l'auteure-interprète Carla Bruni, ainsi que ses fils Jean et Pierre Sarkozy. Après les plaidoiries, les prévenus auront, s'ils le souhaitent, la parole en dernier, puis le tribunal annoncera la date à laquelle il rendra son jugement, a priori pas avant plusieurs mois. Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir noué en 2005, via ses plus proches collaborateurs, un «pacte de corruption» avec le dictateur libyen Maammar El Gueddhafi, afin qu'il finance sa campagne victorieuse de 2007. Et ce, selon l'accusation, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et juridiques, en particulier un soutien au retour de la Libye sur la scène internationale après des années d'embargo lié aux attentats commis par le régime. Au rythme de trois après-midis par semaine, le tribunal a patiemment examiné chacun des indices rassemblés par les juges d'instruction pendant une décennie d'investigations très complexes, questionnant témoins et prévenus souvent jusque tard dans la soirée. À l'issue de trois journées de réquisitoire, le parquet national financier (PNF) a requis sept ans d'emprisonnement, 300 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité contre Nicolas Sarkozy. Afin de «satisfaire ses ambitions politiques dévorantes», l'ancien locataire de l'Elysée a noué «un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années», a affirmé l'un des procureurs. Pour les trois parquetiers, Nicolas Sarkozy est le «véritable commanditaire» de ce pacte mis en oeuvre par ses plus proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui ont adopté l'attitude «d'hommes de main» en protégeant leur chef jusque dans la salle d'audience. Ses avocats estiment que ces accusations ont été construites rétrospectivement par les Libyens afin de se venger de l'intervention internationale, menée notamment par Nicolas Sarkozy, et qui a abouti à l'assassinat barbare d'El Gueddhafi en octobre 2011. Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite «des écoutes» ou «Bismuth», Sarkozy s'est vu poser le 7 février un bracelet électronique à la cheville. À l'encontre de ses anciens ministres, le parquet a requis six ans de prison et 100000 euros d'amende contre Claude Guéant, trois ans de prison et 150000 euros d'amende contre Brice Hortefeux, un an de prison aménagé sous bracelet contre le trésorier de la campagne Eric Woerth.