Alors que la plupart des localités qui ont connu des troubles ont retrouvé le calme suite à la libération de tous les interpellés et l'ouverture d'une information judiciaire, la ville d'El-Kseur, quant à elle, vivait, hier son 4e jour d'agitation. La mise sous contrôle judiciaire des interpellés donne un caractère précaire au calme qui s'est installé depuis hier. Conscients de la gravité de la situation, les animateurs de la CICB ont également décidé de se réunir aujourd'hui pour un conclave extraordinaire. Alors que la majorité des blessés a quitté hier l'hôpital, des sources hospitalières ont confirmé qu'à Sidi Aïch et Akbou, il y a eu effectivement utilisation de balles réelles faisant trois victimes (deux à Akbou et une à Sidi-Aïch). Selon les mêmes sources, les trois victimes sont actuellement hors de danger. Le comité de la ville de Sidi Aïch, qui s'est réuni jeudi soir, a fait le bilan de la situation. Outre les 26 blessés, les animateurs ont également recensé «9 maisons et plusieurs véhicules particuliers saccagés par les gendarmes». Si parmi les blessés, il n'y en a qu'un seul atteint par balle, les autres ont été molestés par les services de sécurité. Pour le comité de Sidi Aïch, ce sont les détentions et les provocations qui ont envenimé la situation au 2e jour des troubles. Pour eux, «il n' y a aucun doute que ce sont les gendarmes qui ont tiré». Une affirmation très fortement démentie par le commandant de groupe de gendarmerie lui-même, qui assure que les armes de guerre ont bel et bien «été stockées sur son ordre». Pour les animateurs du comité de Sidi Aïch, la situation ne relève pas de la délinquance. «Le problème est politique. Le pouvoir doit apporter des solutions aux revendications des citoyens», note M.Beza Benmansour, élu à l'APW de Béjaïa, qui a fait partie de la délégation qui a mené les pourparlers pour la libération des jeunes interpellés. La levée de «la mise sous contrôle judiciaire des interpellés» reste une revendication du mouvement citoyen de cette ville. Les interpellations opérées dans les rangs des manifestants sont aussi à l'origine de l'exacerbation de la tension à Akbou. Le lendemain, les émeutiers sont revenus à la charge en barricadant les artères menant vers la brigade avant de s'en prendre à cette dernière par des jets de projectiles et de cocktails Molotov. Les affrontements entre les deux camps se sont intensifiés dans l'après-midi, l'usage d'armes à feu par les gendarmes - confirmé par des témoins oculaires et les sources hospitalières et toujours démenti par la gendarmerie - s'est soldé par la blessure de deux jeunes. La libération des jeunes interpellés sous la pression de la rue a permis un retour au calme dans cette localité. La ville d'El-Kseur continuait encore, hier, à vivre au rythme de troubles qui se sont déplacés depuis jeudi à hauteur de la brigade de gendarmerie devenue la nouvelle cible des émeutiers. Mais pas pour longtemps puisque, dès l'arrivée des renforts de police, la tension s'est de nouveau détournée vers le commissariat qui continuait, hier encore, à subir la colère des manifestants. Non loin d'El-Kseur, la ville d'Amizour a renoué avec le calme suite à la libération des jeunes interpellés. L'ouverture d'une enquête dans les régions ayant enregistré des blessés par balle et la libération de tous les interpellés ont permis un retour au calme qui reste toutefois précaire. En attendant son retour définitif, les animateurs de la CICB (coordination intercommunale) comptent se réunir, dès aujourd'hui à 10h, au TR de Béjaïa pour une séance extraordinaire. Selon M.Ali Gherbi, qui nous a transmis cette information, les animateurs du mouvement se pencheront essentiellement sur les derniers développements qu'a connus la région ainsi que l'invitation du Président de la République à participer au dialogue. Selon notre interlocuteur, les animateurs répondront au Président pour demander plus de précisions concernant cette invitation qui demeure à leurs yeux «floue». Nous y reviendrons en détails.