Tout cela dans une situation de tension extrême. Réunis en session extraordinaire hier à la fin de l'enterrement du jeune martyr Bellahcène au siège de la municipalité de Seddouk, les délégués de la coordination intercommunale ont décidé d'organiser, aujourd'hui au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, une marche populaire appuyée d'une grève générale en soutien aux quatre délégués interpellés et aux cinq autres jeunes condamnés à un an de prison ferme. Par ailleurs, une source sûre nous apprend que les avocats sont en permanente concertation pour constituer un collectif de défense pour tirer au clair les tenants et les aboutissants de l'interpellation de quatre délégués de la CICB. Une information rappelons-le, qui s'est propagée aux quatre coins de la Kabylie et continuait encore hier à susciter divers commentaires chez les citoyens qui paraissaient inquiets, choqués et surpris. La peur s'est particulièrement exacerbée à la lecture hier des journaux qui n'apportaient, en fait, pas plus que ce qui était déjà connu. La perquisition du domicile du président du comité d'El-Kseur et l'occupation de sa permanence par les services de sécurité ont été hier diversement interprétées par les citoyens qui sont partagés dans leurs appréciations. Alors que certains voyaient en ces interpellations «la fermeté du pouvoir», d'autres avançaient l'idée «d'un dialogue forcé». La suspicion et le climat de méfiance ont atteint un tel degré que rares sont ceux qui osent parler de ce sujet. Les informations contradictoires qui ont, durant toute l'après-midi d'hier, circulé à propos d'une imminente libération lorsque celle-ci n'est pas donnée réelle, n'ont pas manqué d'exacerber le sentiment d'inquiétude, notamment chez les familles des délégués où l'attente est particulièrement angoissante. Le même climat est à relever chez les militants qui sont intrigués. Tout cela dans une situation de tension extrême. Paradoxalement, ce sont les régions les plus redoutées qui sont restées calmes hier. La ville de Seddouk, qu'on donnait chaude après l'enterrement, n'a connu aucun incident. Ce sont au contraire d'autres qui ont été plongées dans les troubles. A El-Kseur, la situation s'est caractérisée par de nouvelles arrestations dans les rangs des manifestants. La tension va crescendo dans cette localité très chaude. Le même climat de tension a été vécu par la localité de Timezrit dont le siège de la brigade est situé à quelques mètres de la Nationale 26 fermée, A Amizour, les affrontements sont signalés à hauteur de la brigade. A Akfadou, les hostilités ont repris de plus belle hier. La coordination locale qui s'est réunie au village de Taourirt a, en concertation avec les comités de village, opté pour un rassemblement aujourd'hui devant la brigade locale pour exiger le départ immédiat de cette dernière. Les adultes pensent qu'avec ce rassemblement le calme reviendra et cela permettra d'éviter des dérapages qui mettraient la région dans une situation inextricable. Vers 16h, des échauffourées se sont déclarées également au chef-lieu de wilaya.