Son discours d'ouverture contiendra, sans nul doute, des messages ou du moins des réponses à plusieurs questions demeurant jusqu'ici en suspens. Le président de la République rencontrera les walis les 9 et 10 décembre au Palais des nations. C'est ce que nous avons appris de sources proches de la Présidence. Aucune information n'a filtré sur l'ordre du jour, mais les directeurs techniques de wilayas sont mobilisés depuis plusieurs semaines afin de ficeler les rapports que soumettront les walis au chef de l'Etat. Un véritable test auquel prendra part l'Exécutif. C'est la deuxième rencontre du genre que M.Abdelaziz Bouteflika tient avec les responsables locaux, après celle qui a eu lieu le 25 juin 2006. Elle a été sanctionnée par le renforcement des prérogatives des walis, considérés par le chef de l'Etat, comme les principaux animateurs du développement au niveau local. Afin de lever les «contraintes majeures» auxquelles ils sont confrontés, une batterie de mesures a été promulguée. L'on citera la mise à disposition des walis, en début d'exercice, de la totalité des enveloppes de crédits nécessaires à la couverture des besoins de financement des programmes. Le choix des projets initiés dans le cadre des programmes, sera dorénavant arrêté conjointement avec la wilaya, en tenant compte des réalités locales. Cette révision des procédures de gestion des programmes, par le transfert de cette prérogative à l'échelle de la wilaya, permettra l'élaboration de plans de développement pluriannuels sous forme de contrats programmes à l'échelon local. Mais elle permettra surtout de réduire les effets de la bureaucratie. Le président de la République a déploré, lors de la même rencontre, le retard accusé dans la réalisation de certains projets et la qualité des infrastructures mises en place, principalement dans le secteur du logement et des travaux publics. Mais des réponses lui ont été fournies à l'occasion de ces séries de rencontres avec les ministres au mois d'octobre dernier. La réunion de ce samedi sera pour le président plus une occasion de parler que d'écouter. C'est dans ce sens que les observateurs attendent avec beaucoup d'intérêt la sortie de M.Abdelaziz Bouteflika qui intervient, faut-il le souligner, dans une conjoncture politique et sociale très particulière. Son discours d'ouverture contiendra, sans nul doute, des messages ou du moins des réponses à plusieurs questions demeurant jusqu'ici en suspens. Le premier dossier a trait à la réconciliation nationale. Quatre mois après l'expiration du délai de la charte pour la paix, le chef de l'Etat qui, en vertu de l'article 47 de la charte, a le pouvoir de prendre des mesures additives, n'a pas tranché la question de la prorogation des délais. De même que le rapport final de la Commission chargée du suivi de l'application dudit projet, n'a pas été rendu public, ouvrant ainsi une brèche aux spéculations. Ould Abbès, le ministre de la Solidarité nationale a révélé, certainement sans le vouloir, un aspect des difficultés rencontrées sur le terrain, en proposant une révision à la hausse de l'enveloppe destinée à la prise en charge des victimes de la tragédie nationale. La révision de la Constitution est l'autre sujet phare de la scène nationale. Prévue avant la fin de l'année en cours, le référendum est reporté à une date ultérieure. Ce renvoi a été annoncé, paradoxalement, par le secrétaire général du FLN, qui est revenu à la charge le mois dernier pour donner une autre échéance à ce rendez-vous électoral. Aucune allusion n'a été faite par le chef de l'Etat à cette question. Certains cercles parient sur la remise en cause de cette initiative, prétextant «la maladie» du président. Un argument démenti, en des termes à peine voilés, par le président, en déclarant à une journaliste française accompagnant M.Nicolas Sarkozy, en visite à Alger, que ses soucis de santé relèvent du passé. Le journal arabophone, proche du FLN, Al Ahrar a avancé dans son édition d'hier, la date du 22 février. Ce qui constitutionnellement parlant, amènera le président à convoquer le corps électoral dans les semaines qui suivent. Le fera-t-il samedi? Par ailleurs, le débat général autour de la corruption dans les institutions de l'Etat et le pavé dans la mare jeté par le président du MSP, M.Bouguerra Soltani, affirmant détenir des listes impliquant des hauts cadres, seront au menu. Déjà lors de la dernière rencontre avec les walis, le chef de l'Etat a insisté sur l'impératif de renforcer la lutte contre les pratiques trop fréquentes de la corruption, du népotisme et des interventions inadmissibles aux yeux des citoyens et des pouvoirs publics. «Ces pratiques sont la cause des lenteurs de notre administration et de sa mauvaise organisation (...), détruisent l'Etat de droit et ruinent la confiance du citoyen», a affirmé le président Bouteflika. Le cas de l'ex-wali de Taref, qui est placé sous mandat de dépôt, servira d'exemple pour les «invités» du président, durant ces deux jours.