Le message du président est on ne peut plus clair: la République ne cautionnera aucune dérive. Le président de la République rencontrera les walis les 9 et 10 décembre prochain dans une conjoncture qui met la fonction de wali au-devant de la scène médiatique nationale. L'affaire du wali d'El-Tarf, encore fraîche dans l'esprit et qui a défrayé la chronique, planera sans aucun doute dans la salle de conférence du prestigieux Palais des nations et fera même, sans doute, l'objet des discussions dans les couloirs. Et pour cause, ce commis de l'Etat qui, il y a quelques mois, passait pour un cadre de la nation, voit son nom étalé sur la Une des journaux et ce ne sont pas les accusations qui manquent pour accabler celui qui n'a désormais plus aucun appui, puisque le président de la République l'a destitué par décret. Fait rare dans les annales de la République algérienne, la décision présidentielle a été rendue publique. Et la très officielle Agence Presse Service en a fait l'écho. Les walis qui voient l'un des leurs dans une situation plus que fâcheuse, ne sont pas à leur première «épreuve». Les ex-premiers responsables de Blida et d'Oran ont déjà fait les frais d'une volonté de moralisation de la vie publique. Les deux personnages, tout puissants, sont quand même tombés de très haut et la lutte contre la corruption au sein de l'administration algérienne semble en tout cas bien partie pour accrocher d'autres responsables. Ainsi, les commis de l'Etat savent, désormais, qu'il n'existe plus de «filet» pour amortir leur chute si par malheur, ils sont pris «la main dans le sac». L'affaire de l'ex-wali de Blida est édifiante à ce propos. Se targuant d'une proximité avec le président de la République, M.Bouricha n'a pas pu, pour autant, «sauver sa peau» dans l'affaire de corruption où il a été mêlé. Le message du président de la République est, pour les deux affaires, on ne peut plus clair: la République ne cautionnera aucune dérive, quel qu'en soit le niveau de responsabilité et le degré de «camaraderie» avec le chef de l'Etat. Les walis auront donc à faire à un Président qui semble ne pas lésiner sur les moyens lorsqu'il s'agit de lutter contre la corruption. Le phénomène est d'ailleurs très répandu en Algérie au point d'en devenir un véritable frein au développement du pays. Conscient du poids des «affaires» dans le quotidien des Algériens, qui assistent à ce déferlement d'informations sur les milliards de la corruption, Bouteflika devra, encore une fois, montrer la détermination de l'Etat à lutter contre ce phénomène et le premier «terrain de combat» demeure encore l'administration. Les walis, véritables «gouverneurs» dans leur wilaya au vu des prérogatives dont ils bénéficient, sont sur les premières lignes par rapport à la question de lutte contre la corruption. Ils sont également très surveillés par les opinions locales et de fait, ils sont entre le marteau présidentiel et l'enclume populaire. Cela dit, leur mission s'en trouvera encore plus délicate, puisque avec le retour en force des rentiers qui reprennent l'initiative au sein du système, les walis auront fort à faire pour donner une image positive d'une République qui, sur bien des dossiers, «avance à reculons», à l'image de celui de la privatisation qui fait douter des intentions véritables de l'Etat sur des sujets en rapport avec l'économie et autres, comme la lutte contre les fléaux de la corruption. En tout cas, dans tout cela, il est clair que le chef de l'Etat est décidé à ne pas céder sur la question de la corruption, mais le système rentier et bureaucratique revient et c'est ce qui fait peur.