Les étudiants de l'Usthb dénoncent leur orientation de «force» vers le système LMD. Apparemment, rien ne va plus à l'université. A peine les enseignants ont-ils suspendu leur mouvement de grève que les étudiants affichent leur mécontentement. Le mouvement de protestation commence à l'université des sciences et de la technologie Houari- Boumediene de Bab Ezzouar (Usthb) où 700 étudiants en 2e année du tronc commun Biologie de la Faculté des sciences biologiques ont entamé, depuis samedi dernier, une grève illimitée. Que demandent-ils? Dans un communiqué, parvenu hier à notre rédaction, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) qui soutient ce débrayage, affirme que ce mouvement de grève est enclenché pour dénoncer «leur orientation de force» vers le système LMD (Licence-Master-Doctorat). Il convient de noter que ces étudiants en grève, se sont inscrits dans l'ancien régime des études qui prépare au DES (diplôme d'études supérieures: bac+4 années) et au diplôme d'ingénieur (bac+5 années). Dans le document, le Cnes souligne que «conformément à la réglementation et aux normes pédagogiques de l'Unesco, ils doivent finir leurs études en suivant l'ancien cursus universitaire.» Selon des échos, plusieurs universités du pays sont confrontées au même casse-tête que celui rencontré par les étudiants de l'Usthb. On cite entre autres, l'université de Tizi Ouzou où les étudiants menacent de recourir au débrayage si l'administration ne revient pas sur ses décisions. Il faut, soit dit en passant, souligner que le nouveau système d'enseignement est entré en application à la rentrée universitaire 2004/2005. Les observateurs se sont montrés sceptiques dès le départ quant à la réussite de ce système dans l'université algérienne. D'autant plus qu'il a été importé des Etats-Unis d'Amérique où il est appliqué depuis plus de soixante ans. Certains enseignants affirment que ce nouveau système n'a, dans le fond, apporté aucun changement dans l'enseignement. Alors que d'autres soutiennent qu'il est d'ores et déjà voué à l'échec. «Il est très difficile d'appliquer en Algérie le système LMD, cela, pour des considérations multiples», souligne Farid Cherbal, enseignant à l'Usthb. Celui-ci insiste, entre autres, sur le fait que notre pays ne dispose pas de moyens nécessaires susceptibles d'assurer aux étudiants un bon encadrement. «Il faut pouvoir assurer incessamment aux étudiants de nombreux stages pratiques dans des entreprises», cite-t-il. Aussi, pour M.Cherbal que nous avons contacté par téléphone, plusieurs autres lacunes constatées viennent mettre les bâtons dans les roues de la tutelle qui, elle, a opté pour la réussite du système LMD. Notre interlocuteur cite le tutorat, ce qu'il qualifie lui-même de pierre angulaire. Il s'agit de garantir à l'étudiant sa prise en charge, pendant la 1re et 2e années par un tuteur qui va l'orienter et le guider dans ses études. Par ailleurs, l'avis relatif aux lacunes constatées dans l'application du nouveau système est également partagé par les organisations estudiantines (Ugel, Unea...) qui estiment que l'université algérienne ne dispose pas des moyens nécessaires pour appliquer ce système. Enfin, certains déplorent le fait que, trois ans après l'introduction du LMD dans l'université algérienne, la tutelle n'a fait aucun bilan pour avoir une idée claire sur les résultats de ce système.