En 1997, aux abords de l'hôpital Mohamed-Boudiaf, un faux vendeur de cigarettes agressait une patrouille de police. Pour vérifier ce dur constat, il suffit d'emprunter n'importe quelle rue à forte concentration d'une quelconque agglomération de la wilaya. L'espace initialement aménagé, quand il l'est et ce n'est pas souvent le cas, aux piétons est, suite à l'absence de toute autorité, squatté par des jeunes qui proposent cassette religieuse ou mixeur dernière génération de chez Moulinex. Sans aucune autorisation ni registre du commerce, les vendeurs « accostent » les passants sans que l'administration daigne lever le petit doigt. Les commerçants dûment agréés, eux, se plaignent de la fréquence des contrôles, de l'imposition excessive et des tracas bureaucratiques pour l'obtention ou le renouvellement des registres du commerce. Notons à ce niveau que le local faisant office de direction des registres du commerce n'est autre qu'un exigu vide sanitaire aménagé qui n'offre ni les commodités ni un quelconque confort aux clients. Le raccourci qui relie la gare routière au centre-ville du chef- lieu de la wilaya à lui seul résume la situation. Large de deux mètres, ce passage obligé emprunté pour éviter un long détour sert de lieu à une vingtaine de marchands de vêtements, accessoires de cuisine, matériel hi-fi, mais aussi à des mendiants parfois accompagnés d'enfants en bas âge... Pour les responsables communaux, ce phénomène n'est qu'une suite logique puisque la commune ne peut offrir une contrepartie réglementaire, elle qui, selon ses responsables, ne possède pas un lieu en mesure d'accueillir ces activités. Cette réponse est bien sûr erronée quand on sait que le marché couvert de Ben Badis est en partie fermé alors qu'une autre partie est occupée par des familles sinistrées. Le centre-ville n'échappe pas à la règle. Le nouveau plan de circulation mis en place pour contourner la place des Martyrs par les véhicules en provenance du côté Ouest se trouve confronté à des difficultés d'application suite à l'envahissement de la rue par les vendeurs ambulants de fruits et légumes. Même situation à Aïn Bessem où la place, jadis lieu de rencontre des citoyens, est devenue un souk dont les néocommerçants se disputent l'espace et les locataires des magasins autour de la place puisque ces derniers exposent leurs produits dehors. A l'Est, c'est la RN5 qui est utilisée pour l'exposition de l'huile d'olive, des figues de barbarie, des robes kabyles et autres produits du terroir... Sour El- Ghozlane, dernière ville avant la wilaya de M'sila, n'échappe pas au phénomène et ses habitants souffrent d'un manque d'espace pour vaquer à leurs obligations quotidiennes. Tout le monde trouvera à redire à cette situation et peut-être que toutes les argumentations tiendront debout. Le fait qui constitue un précédent grave est que même les établissements scolaires subissent cette invasion. Il n'y a pas un lieu d'éducation où l'on ne trouve pas devant la porte d'entrée des vendeurs de cigarettes à l'unité ou autre chose. Ces commerçants qui, pour la plupart, exercent pour des raisons de chômage ne sont pas tous honnêtes. N'oublions pas qu'en 1997, 4 policiers avaient été tués aux abords de l'hôpital Mohamed- Boudiaf par un terroriste qui avait disposé sa table de cigarettes sur le trottoir. La prudence, c'est aussi la maîtrise de la rue et elle n'incombe pas seulement au citoyen.