Il est dommage que l'on n'ait pas prévu d'aider les journalistes dans leur tâche. Il a fait beau ce lundi matin sur Alger. Après les pluies de la veille, le ciel s'est dégagé et le soleil est réapparu pour illuminer la scène. Une scène posée à l'aéroport Houari-Boumedienne de Dar El Beïda et qui a consisté en la présentation d'un show qu'on espérait sans faille même si, quelque part, on savait qu'il y en aurait. Mais pas de la dimension de ce à quoi nous avons eu droit. Il s'agissait de recevoir Zineddine Zidane, la star du football mondial et, pour cela, on avait cru que tout avait été pensé et réfléchi pour que son arrivée soit accompagnée par une organisation qui sied à une personnalité de son rang. Malheureusement, ça ne s'est pas passé comme on l'avait prédit. Il était 9h30 lorsque l'avion de la présidence de la République s'est posé sur le tarmac de l'aérodrome. A ce moment-là, les photographes et cameramen, ayant déjoué la vigilance des services de sécurité postés à l'entrée du Salon d'honneur, dont on leur avait interdit l'accès au début, se sont rués vers le tarmac dans un désordre indescriptible. Une cérémonie d'accueil avait été prévue, mais la bousculade a eu le dernier mot. Il n'était plus question de cérémonie d'accueil ni de respect du protocole. Chacun voulait sa photo ou sa déclaration. Deux enfants (une fille et un garçon) devaient remettre à Zineddine un bouquet de fleurs. Ils ont dû le remporter avec eux. Au pied de l'avion, on a aligné une rangée de jeunes du lycée sportif de Draria pour lui souhaiter la bienvenue. C'est à peine s'ils ont entrevu la star. Un peu plus loin, il y avait une autre rangée composée d'ex-grands joueurs du football national (Belloumi, Fendi, Kalem, Kouici, Tlemçani, Freha, Tahar, Salhi Abdelhamid), mais aussi de joueurs de l'équipe du FLN (Zouba, les frères Soukhane, Bekhloufi, Rouai, Maouche, etc.). Dans la cohue ils n'ont pas eu droit d'approcher Zidane. Même les deux ministres présents sur les lieux, celui de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès et celui de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, ont eu du mal à se frayer un chemin, jusqu'au Salon d'honneur après avoir été les premiers à saluer l'invité de l'Algérie au pied de l'avion, un invité qui était accompagné de sa mère et de son père. A ce moment-là, Zidane a eu, à peine le temps de dire quelques mots: «Je suis heureux d'être parmi vous. Ce voyage je le voulais. Il me permet de redécouvrir le pays de mes parents.» Son père Smaïn, surpris par quelques journalistes, a été pris à l'écart pour annoncer: «C'est un jour que j'attendais depuis longtemps. Je suis extrêmement ému surtout lorsque je vois l'engouement que suscite cette visite.» Dans le fond, ce qui s'est passé n'a rien d'extraordinaire. Ce n'est pas tous les jours que l'on reçoit une vedette de cette dimension qui plus est, à l'occasion d'un voyage très particulier. Des bousculades de ce genre on en a vu des tas et partout dans le monde. Pas plus tard que lors du dernier mondial qui a eu lieu en Allemagne (nous y étions), quand il fallait s'approcher des joueurs à l'issue d'un match. On aurait simplement voulu qu'on ait prévu d'aider les journalistes dans leur tâche. Les organisateurs ont intérêt à y penser avant jeudi. Ce jour-là, il s'agira de canaliser non pas une centaine de représentants des médias mais des milliers de spectateurs qui voudront approcher la star à l'occasion du match USMA-JSMB qui aura lieu au stade du 5-Juillet. Ceci dit, Zidane, qui était constamment entouré de gardes du corps, a pu arriver jusqu'au Salon d'honneur pour se détendre. Juste avant de s'asseoir, il a été approché par notre championne olympique et du monde, Hassiba Boumerka, à laquelle il a donné l'accolade. Mais il y avait trop de monde et ordre a été donné de faire évacuer la salle (de tous les journalistes s'entend). Ce qui fut fait. Quelques minutes plus tard, c'est M.Djamel Ould Abbès en personne qui est venu parler aux représentants des médias tout en faisant la promesse que Zineddine viendrait sur le porche du Salon d'honneur pour une photo souvenir en compagnie de ses parents. Vêtue d'une veste gris foncé, un pantalon marron et en baskets blanches, la star est, alors, réapparue avec à sa droite, sa maman en grand manteau sombre et à sa gauche, son papa en costume, cravate et manteau. Aussitôt après, il est monté à l'arrière d'une voiture où il s'est mis au milieu de ses parents pour commencer un long périple de cette première journée qui devait le conduire vers la wilaya de Boumerdès. Alors que le cortège venait de démarrer, est sorti du salon d'honneur le président de la FAF, M.Hamid Haddadj, qui nous a avoué qu'il n'avait pas tellement eu l'occasion de lui parler. «Cela ne fait rien, nous-a-t-il dit. Le plus important est qu'il soit parmi nous. C'est un immense honneur de recevoir un personnage de son envergure. Un jour, l'ex-président de la Fifa, M.Joao Havelange, m'avait donné son avis sur lui alors qu'il était encore joueur: ´´Ce qu'il entreprend comme actions caritatives est quelque chose d'extraordinaire. Je ne connais pas un grand sportif de par le monde qui ait fait autant que lui. Je ne peux avoir que de l'admiration pour lui´´. Aujourd'hui c'est aussi notre football qui en ressent de la fierté car c'est du sang d'Algériens qui coule dans ses veines. Incontestablement, cette visite sera à inscrire en lettres d'or dans l'histoire de notre sport.» De son côté, Lakhdar Belloumi abondait dans le même sens, lui qui, pourtant, n'avait pas pu approcher Zineddine. «Ce n'est pas tous les jours que l'on reçoit une star de sa dimension. Je comprends qu'il y ait eu tant de cohue car tout le monde voulait l'approcher. Zidane a atteint un tel palier qu'il ne s'appartient pas. Sa venue en Algérie est une sorte de symbole, le respect d'une promesse de quelqu'un qui voulait retourner vers le pays de ses origines. Sa réussite doit servir d'exemple à tous les footballeurs algériens».