Zidane est également un exemple dans la vie de tous les jours. Zidane est tout naturellement un trait d'union entre les jeunes Algériens d'ici et ceux de l'autre rive de la Méditerranée. Parce qu'il est un enfant d'Algérie qui a porté haut les couleurs du football français, il mérite cette décoration que le chef de l'Etat vient de lui décerner. Ce geste va au-delà de tout traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Zidane, lui, n'a pas besoin de ce traité d'amitié justement, parce qu'il est à l'aise dans les deux cultures. On a vu de quelle manière les officiels français, de passage à Alger, ont rejeté en bloc l'idée même du pardon pour les crimes coloniaux; Zidane, lui, n'a pas besoin de demander pardon: son père était vis-à-vis de l'indépendance de l'Algérie du bon côté de la barrière. Cela aussi ne se décrète pas. Il avait dit une fois sur le plateau d'une chaîne française: «Je n'ai rien contre les harkis mais mon père n'était pas un harki», et cela ça veut tout dire. En accrochant une médaille à Zizou, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ne s'y trompe pas: il décore l'Algérie qui gagne et qui avance. Zidane est certainement avec Pelé, le meilleur footballeur de tous les temps. Il l'a prouvé sur les stades du monde entier, partout où s'est jouée une coupe du monde. Car il joue avec ses pieds, certes, mais il joue surtout avec sa tête; ses dribbles sont magnifiques, mais ses passes le sont tout autant. Lorsque ce n'est pas lui qui marque, il est à l'origine de beaucoup de buts en or. Et cela ça ne s'invente pas. Mais au-delà de ce joueur génial, unique, il y a autre chose qui est aussi important: Zidane est également un exemple dans la vie de tous les jours. Le rôle qu'il joue dans l'humanitaire et le caritatif est aussi à souligner, au point qu'aujourd'hui, les sondages le placent au même niveau que l'abbé Pierre, qui a eu à diriger cette association qui s'appelle Emmaüs et qui vient en aide aux plus démunis et aux SDF. Zidane apporte, donc, une aide dans le domaine de l'humanitaire, notamment à tous ces enfants victimes soit de la violence terroriste, soit du séisme du 22 mai 2003. C'est-à-dire que de Ben Talha à Boumerdès, deux villes meurtries par la violence des hommes ou par le cataclysme naturel, Zidane est là pour apporter des secours, de la meilleure manière qui soit. Mais Zidane est aussi prêt à aider dans un domaine qui est le sien et où il excelle le plus: celui du football. «Je suis prêt à aider le football algérien», a-t-il dit au cours de ses déclarations. Lorsque l'on connaît l'état de déliquescence dans lequel se trouve le football algérien, on ne peut que saluer une telle initiative. Non seulement l'équipe des Fennecs est éliminée du mondial depuis de nombreuses éditions, mais l'état de délabrement dans lequel se trouvent les structures du football ne peut que faire mal à tout Algérien jaloux de son pays. Et bien sûr, on ne peut que saluer la présence d'un autre monument et une autre idole de la jeunesse algérienne: le chanteur Idir pour ne pas le nommer. Eh oui, Idir ne s'est pas produit en Algérie depuis 1977, soit depuis plus de trente ans, et aujourd'hui, il revient avec Zidane. C'est tout simplement magnifique. Pour ne pas dire génial. A eux deux, ces deux figures emblématiques de la jeunesse algérienne peuvent redonner confiance. Ils sont un exemple à suivre, non pas par l'esbroufe et le snobisme, mais par le sérieux et la compétence, chacun dans son domaine. D'autant plus que Idir annonce (voir article de Tahar Fattani) une tournée en Algérie pour le printemps prochain.