Passation de marchés contraires à la réglementation, dissipation de biens publics, trafic d'influence et signature de marchés contraires à la loi. La lutte contre la corruption est assujettie à une plus grande transparence de l'opération de passation de marchés publics. En effet, la maîtrise du dispositif de passation de marchés nécessite la mise en place au sein des institutions des règles et des modalités de sélection des fournisseurs et ce, dans les meilleures conditions d'efficacité, d'économie, de transparence et d'équité. Or, l'exemple de Bouira vient de démontrer encore une fois toute l'opacité qui entoure ce genre de marché. Cet exemple n'est malheureusement pas un cas isolé. En effet, quotidiennement, la presse se fait l'écho de scandales, d'arrestations ou de condamnations d'élus locaux coupables de malversations ou de détournements de deniers publics. Des responsables à différents niveaux de la hiérarchie sont poursuivis en justice pour passation de marchés contraires à la réglementation, dissipation de biens publics, trafic d'influence et signature de marchés contraires à la loi. Le dernier en date n'est autre que l'ex-wali de Tarf, démis de ses fonctions il y a quelques semaines, et qui devra répondre d'accusations concernant la passation de marchés donnant lieu à des détournements de deniers publics. Selon les chiffres officieux qui circulent, ils seraient un peu plus d'un millier d'élus à être impliqués dans des affaires douteuses. Certaines sources avancent le chiffre de 1174 élus, ce qui, de toute évidence, confirme l'ampleur du phénomène. Passation de marchés douteux, en porte-à-faux avec la réglementation, falsification de documents officiels, falsification de PV de délibérations, option immodérée pour la formule du gré à gré dans l'octroi des marchés publics, trafic d'influence, détournement des deniers publics et du patrimoine foncier des collectivités locales, sont les griefs retenus. L'opacité entourant l'opération de passation de marchés publics a été, d'ailleurs, dénoncée par la Banque mondiale qui estime que l'Algérie devrait améliorer davantage son système de passation de marchés à même de mieux lutter contre la corruption. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle vient de faire un don de 400.000 dollars au profit de la commission nationale des marchés publics, afin de contribuer au financement d'actions de renforcement et d'amélioration de ses missions (révision des procédures, rétribution des consultants...). La contribution entre, selon M.Théodore Ahlers, directeur pour les pays du Maghreb à la BM, dans le cadre des actions menées en faveur d'une «gestion saine des dépenses publiques» et également dans le cadre de la lutte contre la corruption qui est étroitement liée à la procédure d'octroi des marchés publics. Auparavant, lors d'un séminaire de formation sur le management des projets de développement local, tenu à l'Institut supérieur de gestion et de planification (Isgp) de Bordj El-Kiffan (Alger), le secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales avait affirmé que «le gré à gré tend à devenir une règle dans l'attribution des marchés publics», et a classé ce procédé parmi les nombreuses lacunes qui entachent l'attribution des marchés publics en Algérie. Ce n'est pas la première fois que le gré à gré est montré du doigt par de hauts responsables. Et quand on sait que le plan de consolidation de la croissance économique avoisine les 100 milliards de dollars, on devine aisément l'appétit féroce de beaucoup de fonctionnaires avides de gain facile.