L'enquête a ciblé un échantillon de 32.000 personnes. Les maladies cardiovasculaires sévissent toujours en Algérie. Le nombre des personnes atteintes monte crescendo et provoque une frénésie générale. Les médecins spécialistes ont répondu présent au premier congrès national de la médecine cardiovasculaire (Samev), qui s'est ouvert vendredi au Palais de la culture. Devant l'urgence de la situation, des médecins ayant mené, à fond de train, l'enquête Tahina (transition épidémiologique et impact sur la santé en Afrique du Nord), ont donné des chiffres, voire des réalités alarmantes. En effet, 24% de la population algérienne est hypertendue, selon les enquêteurs. Soit un Algérien sur quatre, des personnes âgées entre 35 et 70 ans, est concerné. L'enquête menée, depuis 2005, par l'Institut national de la santé publique (Insp), en collaboration avec l'Union européenne, la première du genre, a relevé qu'avec une prédominance féminine et une prévalence dans les milieux urbains, 12,2% des Algériens sont diabétiques. Pis encore, les résultats de l'enquête qui a ciblé un échantillon de 32.000 personnes donnent 14,51% de la population ciblée souffrant de dyslipidimie. A titre de rappel, les maladies cardiovasculaires représentent, aujourd'hui, la première cause de mortalité en Algérie, selon le rapport de l'OMS de l'année précédente. Outre les facteurs favorisants, soit le tabac 11,5% et l'alcool 6,7%, l'enquête incrimine le régime alimentaire, ou l'hygiène de vie selon le Dr Berghout Abdelmadjid, spécialiste exerçant à Belcourt. Ce déséquilibre alimentaire est soutenu par des chiffres réels indiquant que le citoyen abuse de la consommation quotidienne de légumes secs au détriment des fruits et des produits laitiers. En sus, le citoyen algérien est connu par sa sédentarité, un facteur qui favorise notamment l'apparition des maladies cardiovasculaires. D'ailleurs, la durée moyenne de marche a été calculée à 1,03 heure par jour, ce qui est loin des normes recommandées par les spécialistes. S'agissant des structures sanitaires fréquentées, les Algériens consultent en premier lieu les unités sanitaires de base (52%), les cabinets privés (39%) et enfin, les CHU (6,29%). Ce qui renseigne sur les pratiques clientélistes et de passe-droits qui rongent les structures hospitalières publiques. Cela tient, en effet, du miracle quand il s'agit de décrocher un lit d'hôpital et/ou d'avoir accès à une consultation. Interrogé par nos soins, le Dr Berghout nous a révélé que, même si les salaires proposés et les structures hautement performantes (et en plein essor) sont derrière l'exode des médecins, les cabinets privés allégent cependant la lourde tâche du secteur public qui prend en charge 6,5 millions d'habitants pour un seul centre de soins spécialisé en chirurgie cardiovasculaire. «Le CPA a lancé, à peine deux mois, un ´´crédit santé´´ pour porter assistance aux médecins spécialistes en leur proposant jusqu'à 3 milliards de centimes pour ceux désirant acquérir un cabinet équipé et répondant à certaines exigences dont l'expérience, le lieu de travail etc.», a-t- il précisé. La répartition géographique de ces centres est particulièrement inégale et sans la moindre considération pour de nombreuses régions de l'intérieur du pays comme Tamanrasset, Djelfa, Tébessa etc. Il convient de rappeler que ces structures de prise en charge des pathologies cardiovasculaires se situent majoritairement à moins de 100km des côtes. Ainsi, on imagine le calvaire enduré par les malades provenant de ces régions isolées. Seul un vaste élan de lucidité de la part de tous les professionnels de la santé et de la sécurité sociale serait en mesure de restructurer, d'humaniser notre paysage sanitaire pour offrir aux citoyens des soins de qualité.