Cette enquête met également en relief le nombre élevé de personnes qui ne se savent pas atteintes de HTA. C'est hier que le 9e congrès international de cardiologie organisé par la Société algérienne de cardiologie (SAC) à Alger a clôturé ses travaux entamés vendredi dernier. Cette manifestation scientifique annuelle a commencé, ces dernières années, à revêtir une grande importance pour les médecins et même pour les pouvoirs publics en raison de la montée en puissance des maladies cardiovasculaires faisant de plus en plus de victimes. L'Algérie, qui était classée, jusqu'à il y a une dizaine d'années, comme un pays où il y avait surtout la prévalence des maladies transmissibles (typhoïde, choléra, conjonctivite et les MTH de manière générale), connaît donc une situation de transition épidémiologique puisque l'on enregistre l'émergence de maladies non transmissibles. Les hôpitaux et les cabinets médicaux sont, en effet, submergés par le flux de malades souffrant de maladies cardiaques, d'hypertension artérielle, de diabète, d'hypercholestérolémie. Ces pathologies, dont les cas étaient insignifiants, il y a une décennie, sont devenues actuellement une véritable menace pour la santé publique. Mais comment peut-on connaître l'ampleur de ces maladies et les dégâts qu'elles peuvent engendrer ? C'est précisément pour évaluer une telle situation que deux études, l'une nationale, qui a concerné la prise en charge et le contrôle de l'hypertension artérielle en Algérie, et l'autre plus globale puisqu'elle se rapporte à la prévention et à la prise en charge des maladies non transmissibles et cela sur recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La première étude, menée sous forme d'enquête nationale, est la première du genre en Algérie concernant la surveillance et la prévalence de l'hypertension artérielle à l'échelle nationale. Parmi les résultats les plus frappants, l'on remarque justement la prévalence de l'HTA dans la population algérienne et qui touche plus du tiers des Algériens (35,2%). L'enquête relève, par ailleurs, que la détection et la prise en charge de l'HTA demeurent très médiocres et jugées inacceptables. Ce qui est également à souligner comme résultat de cette enquête, c'est le taux des personnes qui ne se savent pas hypertendues. Elles sont plus de la moitié des patients (52%). Au niveau de la prise en charge de cette pathologie, il est loisible de noter que seulement 6% des sujets hypertendus et 13% des sujets qui sont sous traitement, sont corrigés. Si le taux d'hypertendus en Algérie est estimé donc à plus de 35% de la population par l'enquête nationale menée par la direction de la prévention du ministère de la Santé, l'étude Step “Wise” de l'OMS 2005, l'évalue à seulement 26%. C'est donc un écart que l'on peut juger considérable. Sans préjuger de la crédibilité de l'une ou de l'autre étude, il serait utile d'approfondir la recherche dans le domaine afin d'avoir une situation plus précise. Toutefois, le Pr Nibouche, président de la Société algérienne de cardiologie (SAC), estime que l'étude menée, sous les auspices de l'OMS qui l'a validée, est une référence dans ce domaine. Cette étude menée dans deux wilayas-pilotes (Mostaganem et Sétif) a porté sur un échantillon de 4 000 personnes âgées entre 25 et 64 ans. Elle a montré que l'hypertension est fréquente dans le milieu rural avec un taux de 27%, alors qu'en milieu urbain elle est de 23,8%. Il est également à relever que la maladie est plus marquée à Mostaganem (27,4%) qu'à Sétif (24%). Il est toutefois à souligner que 20,6% des cas étaient inconnus et seulement 5,4% sont traités. Les autres résultats de l'étude à mettre en exergue concernent les sujets diabétiques. En effet, la prévalence globale de l'hypertension artérielle chez les diabétiques est de 41,5%. Environ donc, un sujet diabétique sur deux est hypertendu. Cette prévalence est significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Chez la femme, elle est de 47,7% alors que chez le sujet masculin, elle est de 34,9%. Contrairement aux idées répandues, l'HTA est plus fréquente chez ceux résidant en milieu rural que chez ceux résidant en milieu urbain (43,5% contre 28,2%). Quant aux facteurs de risque principaux identifiés par cette étude, ils sont au nombre de huit, à savoir le tabac, l'alcool, les habitudes alimentaires, la sédentarité, l'obésité, la pression sanguine élevée (HTA), l'hyperglycémie (diabète) et l'hyperlipidémie (excès de cholestérol). À la clôture des travaux du congrès, il a été procédé à la remise des prix Toshiba et Pfizer. Pour leur part, les responsables de Novartis ont organisé une conférence de presse pour annoncer les détails liés à la remise du prix “Cardio-vasculaire 2005” destiné aux chercheurs et médecins spécialistes. Cette distinction, accordée sous l'égide de la Société algérienne de cardiologie, est destinée à encourager les travaux et études dans le domaine des maladies cardiovasculaires. Hamid Saïdani