Alger, qui a pu diversifier son potentiel militaire chez des fournisseurs occidentaux, semble satisfaite du partenariat déjà cinquantenaire avec Moscou. La présence du général d'armée russe Youri Nikolaevitch Balouevski, mercredi à Alger, où il a été reçu par le général de corps d'armée, Ahmed-Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), a donné son cachet particulier aux relations privilégiées qu'entretiennent Alger et Moscou sur le plan de l'armement et de la coopération militaire. Cette visite intervient au moment où la Russie a lancé jeudi avec succès un missile stratégique intercontinental RS-20V, fabriqué il y a 19 ans, à l'époque de l'Urss, pour tester la possibilité de prolonger la durée d'exploitation des missiles de ce type. La Russie qui améliore sans cesse son armement et se vante d'être un des marchés les plus sûrs, lance ainsi à ses clients les plus sérieux et les plus stables, des messages clairs sur ses capacités de perfectionner même son armement le plus ancien. Selon le ministère russe de la Défense, le missile intercontinental RS-20V «Voevoda» (SS-18 «Satan» selon la classification de l'Otan) «a été lancé avec succès à 11h20 (08h20 GMT) depuis la région d'Orenbourg, située au sud de l'Oural, et a atteint sa cible au Kamtchatka». «Le missile a été fabriqué il y a 19 ans. Ce lancement vise à tester la possibilité de prolonger les délais d'exploitation de nos systèmes de missiles», a-t-il expliqué. Ce missile stratégique RS-20V a une portée maximum de 11.000 kilomètres, sa masse de départ au lancement est de 211 tonnes, et il peut délivrer dix têtes nucléaires. Le dernier essai de ce type de missile avait eu lieu en décembre 2004, rappelle-t-on. Alger, qui a pu diversifier son potentiel militaire chez des fournisseurs occidentaux, semble satisfaite du partenariat déjà cinquantenaire avec Moscou, mais a dû finalement relativiser son intérêt pour les autres pays occidentaux. Equipée à 80% par l'armement russe, l'armée algérienne a encore besoin d'une coopération militaire, notamment en matière de maintenance des équipements et de formation d'officiers (pilotes de MIG, parachutistes, etc.). Cette exigence est d'autant plus réelle que, en fait, l'armement russe, présenté par l'Occident comme vieilli et largement suranné, n'a jamais cessé d'être transformé par les experts et techniciens russes, de sorte qu'il représente, en réalité, un armement qui fait concurrence à ce qui existe de meilleur sur le marché du commerce de l'armement militaire. D'un autre côté, les élites formées dans les écoles militaires soviétiques, occupent aujourd'hui de hautes fonctions dans la chaîne de commandement de l'ANP et entretiennent les meilleures relations qui soient avec leurs homologues russes. Le rapprochement se fait, donc, sur la base d'une longue tradition d'amitié perturbée à partir de la Perestroïka russe et de l'entrée par l'Algérie dans une décennie de graves turbulences politiques (1989-1999). D'autant plus que Moscou veut, cette fois-ci, non pas récupérer son argent, mais investir en Algérie et pénétrer en force le marché local. Allié traditionnel de l'Algérie depuis l'indépendance, Moscou cherche aussi à s'insinuer dans le Maghreb via l'Algérie. Les participations de l'Algérie aux exercices conjoints menés avec les Forces multinationales de l'Otan ont été mal perçues d'abord par la Russie qui a estimé que la désintégration du pacte de Varsovie devait nécessairement rendre le Nato dépassé.