Cette visite, qui intervient quelques jours après la livraison des premiers chasseurs MIG, est significative de la concrétisation dans des temps rapides de la commande de l'Armée algérienne, conclue lors de la visite à Alger, en mars dernier, du président russe Vladimir Poutine. L'année 2006 aura été, dans les relations algéro-russes, historique en matière de coopération et d'échange à tous les niveaux. Elle consacre également 44 ans de relations soutenues mais dominées par la coopération militaire, la Russie (et l'ex-URSS) étant le premier fournisseur, à hauteur de 95% selon les estimations, de l'ANP. Depuis la visite du général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah en Russie, il y a une année, le rythme des visites, assorties de signature d'accords, est monté crescendo. Hier, c'était à son tour de recevoir, à Alger, le général d'armée Youri Nikolaevitch Balouevski, premier adjoint au ministre de la Défense et chef d'état-major général des forces armées de la Fédération de Russie. Selon le communiqué du MDN, “les entretiens ont porté sur les relations de coopération militaire et leur développement”. Cette visite, qui intervient quelques jours après la livraison des premiers chasseurs MIG, est significative de la concrétisation dans des temps rapides de la commande de l'Armée algérienne conclue lors de la visite à Alger en mars dernier du président russe, Vladimir Poutine, mais aussi de la mise en œuvre du programme de modernisation de l'ANP et de ses équipements. En fait, c'est un contenu concret qui est donné à l'intensive activité entre Moscou et Alger. Ce qui est significatif également de l'engagement des deux capitales à aller plus loin dans les relations et dépasser rapidement le stade des intentions. L'Algérie constitue pour la Russie un sérieux client. Elle se place en bonne position dans la liste des clients de la Russie qui se positionne en tête des ventes d'armes dans le monde pour les deux années 2005 et 2006. Sérieux client également dans la mesure où l'Algérie a honoré ses factures vis-à-vis de la Russie. Les Russes ont opéré une offensive, particulièrement dans le secteur de l'industrie militaire, afin de contrer ses concurrents, notamment ceux des pays émergents. Aussi, vis-à-vis de l'Algérie, le compromis a été vite trouvé à travers l'effacement de la dette conditionnée, semble-t-il, par ce contrat d'armement. Mais l'aspect militaire, quoique traditionnellement dominant dans ces relations, commence à perdre de son poids lorsque il s'est agi de hisser la coopération au rang de partenariat stratégique incluant tous les secteurs d'activité. Cela a été confirmé avec le mémorandum d'entente énergétique signé entre la Sonatrach, Gazprom et Loukoil. Ou alors l'accord de coopération dans le domaine spatial. La première livraison fait partie de la commande globale qui est de 34 avions MIG-29, 28 chasseurs Su-30 MKI et 14 avions d'entraînement et de combat Yak-130, 40 chars T-90, 8 systèmes de missiles sol-air et 2 sous-marins Kilo moteur diesel ainsi que des équipements militaires divers. La commande est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Elle pourrait être portée jusqu'à 10 milliards de dollars. Les Mig 29 de l'ancienne génération utilisés par l'ANP pourraient être repris par Moscou. L'intérêt particulier que porte Moscou pour l'Algérie semble avoir une autre motivation, une raison dictée par son souci de perdre un marché d'au moins, selon les estimations, 1 milliard de dollars annuel : ce que pourrait induire la stratégie algérienne de diversification de ses fournisseurs. Ainsi, malgré le passage à l'acte, le ballet des responsables russes à Alger a tout l'air d'une campagne de charme qui se poursuit. Djilali B.