Au temps d'Ouyahia, l'opposition du FMI à la revalorisation salariale avait provoqué les foudres de l'Ugta, y voyant une ingérence. Surprise! Le Fonds monétaire international (FMI) vante le pacte national économique et social. D'abord, le FMI vient de faire un important revirement inexpliqué. Car, tout au début du processus de conciliabules autour de la revalorisation salariale, le FMI, rappelons-le, avait sérieusement mis en garde l'Algérie. «Toute augmentation doit se faire sur la base de paramètres économiques objectifs et devra impérativement préserver la compétitivité». En filigrane, cela constituait l'admonestation majeure du Fonds monétaire international. Au temps de Ahmed Ouyahia, ex-chef de gouvernement, le président du FMI, en visite à Alger, s'est opposé mordicus à toute augmentation salariale. Ce qui a, d'ailleurs, fait l'objet de reproches acides de la part des syndicats et de la classe politique. Quelques mois plus tard, le FMI fait un véritable, mais incompréhensible retournement de veste. Le départ d'Ahmed Ouyahia a fait tomber l'antagonisme «Fmiste». Toutefois, ni la compétitivité n'est accélérée ni encore moins les préceptes du Pacte national ne sont appliqués. Cela dit, la nouvelle philosophie du FMI est vidée de sens. Mais cela n'a pas empêché les applaudissements de nos syndicats. Ainsi, après un soutien clair et net aux thèses de Ahmed Ouyahia, le FMI revient de loin pour embrasser la politique de l'actuel chef du gouvernement. Celle qui prônait surtout une revalorisation salariale inévitable, mais qui ne demeure encore qu'une promesse. Dans une missive adressée à la Centrale syndicale, le Fonds monétaire international qualifie le Pacte national économique et social d'«acquis important pour le développement de l'Algérie». Sans motifs sérieux, cette institution monétaire internationale prêche, à nouveau, une adhésion à la politique salariale algérienne. «Ce pacte», conclu lors de la 12e tripartite gouvernement-Ugta-patronat de septembre dernier, «représente un acquis important, à travers notamment son appui à une politique salariale appropriée et aux mesures destinées à améliorer le climat des affaires, à augmenter la productivité de l'économie et à réduire le sous-emploi». N'est-il pas si crédible d'attendre la concrétisation, sur le plan social surtout, du pacte et faire ensuite son évaluation? La question se pose avec acuité. Au temps d'Ouyahia, l'opposition du FMI à la revalorisation salariale a provoqué les foudres de l'Ugta, y voyant une ingérence dans les affaires interne de l'Etat. L'acquiescement du FMI, diffusé par l'Ugta, fait danser les syndicalistes qui n'ont pas hésité de chanter sur tous les toits les louanges de cette même institution. Pourtant, la situation économique et le climat de travail ne se sont pas concrètement améliorés en un laps de temps de moins d'une année. Ni d'ailleurs la vision des choses n'a changé. Car, le principe de «l'alignement des salaires réels sur le taux de croissance de la productivité» a été défendu même par l'ex-chef de gouvernement. Le changement n'est perçu uniquement que dans l'acte. Ahmed Ouyahia, patron également du RND, avait toujours temporisé sur l'équation hausse des salaires/productivité, tandis que Abdelaziz Belkhadem, actuel chef de l'Exécutif et secrétaire général du FLN voulait, coûte que coûte accoucher prématurément. Quoi qu'il en soit, l'entreprise algérienne doit réussir son envol avec ou sans le Pacte national économique et social. Cela obéit à la logique d'un accompagnement réel de la part de l'Etat. D'une entreprise compétente et compétitive découle une hausse évidente de la productivité et, par ricochet, un boom salarial.