Dans cet entretien, Melle Ghania Houadria, la directrice générale d'Algérie Poste, évoque les raisons pour lesquelles la distribution des cartes monétiques s'est limitée à 500 000 cartes au lieu de 2,5 millions comme cela a été projeté initialement. Elle fait part aussi de son adhésion entière à la création d'un syndicat au sein de son entreprise. L'Expression: Bientôt cinq ans depuis la création d'Algérie Poste, le 14 janvier 2002. Quel bilan faites-vous? Melle Ghania Houadria: A titre officiel, Algérie Poste a vu le jour, certes, il y a de cela cinq années, en vertu du décret exécutif 02-43 de l'année 2002. Néanmoins, son programme de mise à niveau et de développement n'est entré en phase d'exploitation autonome qu'à partir de l'année 2003. Dès l'entrée en activité, Algérie Poste a engagé plusieurs chantiers. Des chantiers que justifiait le changement qui a été opéré en matière de statut d'organisation et de responsabilité de l'entreprise. Et c'est dans le sillage de cette mutation qu'il fallait donc assurer correctement et la pérennité de l'entreprise et tous les changements effectués sur le plan organisationnel et exploitation. Il était question aussi de définir une stratégie de développement à l'avenir. Il nous fallait donc avancer et non pas s'immobiliser en tant que spectateur à même de s'insérer dans la dynamique des changements survenus sur le plan national et aussi commandée par l'environnement mondial. L'opérateur postal est donc arrivé aujourd'hui à des résultats très positifs. S'agissant de l'accroissement du chiffre d'affaires, nous sommes passés de 14 milliards de dinars en 2003 à 27 milliards à fin 2006, soit un pourcentage de croissance frisant les 100%. Ce qu'il faut dire aussi au sujet du bilan, c'est qu'Algérie Poste a réussi à s'autofinancer et à dégager des bénéfices pour son programme d'investissement visant autant l'amélioration de la prestation due au citoyen que le renforcement des conditions de fonctionnement et d'exploitation de l'entreprise. Nous avons consacré sur fonds propre de l'entreprise plus de cinq milliards de dinars d'investissement, ceci en plus des 6 milliards de DA que le Prse a aussi consenti pour l'entreprise et en sus de la somme de 4 millions d'euros octroyés par l' UE afin de permettre la mise à niveau de l'entreprise dans le cadre du suivi des réformes. Le programme d'investissement d'Algérie Poste a porté sur la création et la rénovation de bureaux de poste, la rénovation des plans d'acheminement et des centres d'exploitation du traitement du courrier, et des opérations de développement et de modernisation des services financiers postaux. Il y a une année, Algérie Poste venait de révolutionner le secteur postal algérien en procédant au lancement de la carte monétique. Qu'en est-il aujourd'hui de la diffusion de ce nouveau produit? La monétique est, entre autres, l'un des projets phares et importants de l'entreprise. Algérie Poste a engagé sa propre carte monétique pour se démarquer, d'une part, des autres opérateurs financiers que compte le pays qui se sont regroupée autour de la société interbancaire, la Satim et, d'autre part, vu l'importance du nombre de nos clients estimés à 9 millions à la fin 2006, et c'est là d'ailleurs que se confirme la particularité de l'entreprise qui se définit ainsi comme un organisme financier de masse. Ainsi, c'est dans cette optique qu'Algérie Poste a déployé son propre réseau monétique. Au lancement de la carte monétique, nous avons d'abord ciblé les grandes wilayas telles que Alger, où l'on compte quelque 600.000 clients. Nous avons fabriqué autant de cartes qui sont sur le circuit de la distribution selon l'organisation arrêtée par nos services. Idem pour ce qui des clients d'Oran et de Constantine qui ont été sélectionnés. Au jour d'aujourd'hui, nous avons confectionné près d'un million de cartes dont 500.000 ont pu parvenir à leurs propriétaires. Et c'est justement cette question de faire parvenir la carte monétique à la clientèle qui enraye un peu le processus d'acquisition des cartes monétiques par le citoyen. Nous avons, aujourd'hui, près de 200.000 entassées dans les bureaux de poste et qui n'ont pu être remises à nos clients du fait que ces derniers ne sont pas venus les réclamer dans certains cas et du fait que le mandat d'arrivée n'est pas parvenu dans d'autres cas. Devant une telle situation, nous étions dans l'obligation de mettre sur pied toute une organisation interne pour dénicher notre client et ce, via les opérations qu'il effectue sur son propre compte CCP, et dans l'objectif d'attirer son attention au sujet de la carte monétique établie en son nom et qu'il faudrait récupérer dans l'un de nos bureaux de poste. La dotation de la clientèle CCP d'une carte monétique permettra de faire une transition vers une autre phase de traitement des opérations qui est plus sécurisée et rapide. Cette phase comprend et notamment l'utilisation de la carte monétique au niveau des GAB et des terminaux de payement qui seront aussi déployés prochainement pourraient se substituer notamment à l'usages des chèques. En mai 2005, Algérie Poste a tenu une journée d'étude à Alger en vue de la consécration de plusieurs objectifs tels que le développement de l'accès aux services financiers, la diversification des capacités de placement et d'investissement des dépôts des particuliers et bien évidemment, l'augmentation des revenus de l'entreprise. S'achemine-t-on, dès lors, vers la transformation d'Algérie Poste en véritable banque postale? Oui, effectivement. Et conformément à notre stratégie de développement, il est attendu que cet objectif sera atteint vers la fin 2008, début 2009. Ce changement de statut doit nous permettre d'accéder à certains services que nous n'avons pas aujourd'hui, tels que l'octroi des crédits à notre clientèle. Algérie Poste est autorisée à effectuer de petites opérations de retrait et de virement, nous sommes donc très limités sur les transactions financières. En revanche, et si nous voulons fidéliser notre clientèle, nous devons inévitablement lui offrir la possibilité d'acquérir un crédit. Aussi, notre désir de devenir une banque nous permettra de maintenir notre clientèle et salariés et les petites bourses et, en outre, leur offrir des crédits à la consommation que les banques ne peuvent pas permettre. A titre illustratif, si nous avions l'autorisation d'octroyer des crédits, il est clair qu'Algérie Poste est la mieux placée pour booster par exemple l'opération Ousratic, compte tenu que la majorité des souscripteurs à cette opérations sont des salariés en possession de comptes CCP. En parlant du placement, vous savez, l'argent d'Algérie Poste est déposé au niveau du Trésor, nous avons donc engagé des négociations avec le Trésor afin de rendre possible l'utilisation des ces fonds en placement. Ceci, d'autant plus que nous sommes rémunérés sur ces avoirs. Il s'agit là d'un nouveau dispositif devant permettre aussi de nous former et de nous préparer sur ce métier de gestion de fonds. A partir d'Oran, M.Tchloulak, en sa qualité de secrétaire général de la Fédération des travailleurs des postes et télécommunications, a annoncé la tenue d'un congrès constitutif en février prochain. Est-il venu le temps pour Algérie Poste de se syndicaliser? C'est vrai que le secrétaire général a annoncé sa volonté de tenir un congrès pour aboutir à la création du syndicat d'entreprise, chose qui est tout à fait légale si l'on se réfère à la législation du travail ainsi qu'aux normes de partenariat social. En tant que responsable de l'entreprise, nous mettrons tous les moyens nécessaires pour la réussite de cette initiative et nous adhérons pleinement à la décision de la fédération.