Un personnage joyeux, complaisant et blagueur, traits qui n'enlèvent rien à sa sérénité, sa sensibilité et sa maturité d'artiste. C'est «au petit coin de la paix» que nous l'avons rencontré. C'est un Farid Gaya, souriant, décontracté et plein d'humour qui nous reçoit; certes très complaisant et cordial, mais pas très bavard quand il s'agit de parler de son parcours artistique. Autour d'une bonne loubia de chez nous et d'une tasse de thé bien chaude par ce froid, l'artiste a bien voulu nous entretenir, bien que parfois, il avait du mal à reprendre son sérieux, si ce n'était son ami Rachid qui venait à son secours pour continuer... L'Expression: D'où êtes vous exactement et quels sont vos débuts? Farid Gaya: Je suis natif de Taguemount-Oukerrouch. Je suis né en 1966 -jeune encore, qu'est-ce que vous croyez?- et j'ai commencé à chanter très jeune. Mais mes vrais débuts remontent à une date, que je n'oublierai jamais, ni personne de chez nous d'ailleurs: c'était en octobre 88. Alors que les gens couraient de partout pour fuir les violences qui remplissaient la capitale, moi je venais de Bab El Oued, mes cassettes fraîchement sorties dans le cabas que je portais en bandoulière. En l'absence de moyen de transport, je me suis tapé tout le chemin, de Bab El Oued à Bir Mourad Raïs, à pied. Cette cassette est sortie aux Editions El Hillal et s'intitulait Ahviv, c'était un peu de folklore moderne, du chaâbi, du style de Takfarinas, El Anka pour qui je vouais une grande admiration. Il faut dire que ça n'a pas marché comme je voulais, vu la situation du pays à sa sortie... Aviez-vous quand même des activités artistiques à cette période? Oui, sûrement. Il est vrai que la situation du pays n'était pas réjouissante et bien loin d'être joyeuse et gaie, mais, vous savez, l'artiste a lui aussi un rôle à jouer dans ce genre de situations. J'ai sorti des cassettes en 1990, 1991 et 1994. A notre manière, nous, chanteurs, poètes, comédiens, dessinateurs, écrivains ou autres, cherchions toujours à communiquer avec les autres, à faire passer un message...Le nôtre était celui de la paix...Nous avons donc organisé une caravane culturelle pour la paix avec la contribution du ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Culture de l'époque. Beaucoup d'artistes y ont participé et nous avons sillonné le territoire national dans l'espoir de faire cesser cette violence...Nous avons, donc, été à Tizi Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, Annaba, Oran, Relizane, Mostaganem et d'autres villes encore...Nous voulions vraiment contribuer au retour de la paix dans notre cher pays... Pourquoi cet exil alors? En fait, ce n'était pas tant un exil qu'une volonté d'évolution dans un domaine qui n'avait pas beaucoup d'espoir en Algérie...J'aspirais à beaucoup et je me voyais stagner là-bas...La perte d'amis artistes a été aussi un choc...Je suis venu à Paris, j'ai, certes, galéré à mes débuts à faire des petits boulots par-ci, par-là, et avec le temps, la patience et la persévérance, j'ai pu parvenir quelque peu à ce à quoi j'aspirais... Des albums sortis ici? Oui, en 1999, j'ai sorti un double album qui a bien marché et dont je suis content. Intitulé Cette chanson est pour toi, sorti à Paris aux Editions Zerda et en Algérie chez Izenzaren, cet album a eu beaucoup de succès, puis d'autres s'en suivirent, ainsi que la participation à des concerts et galas ça et là... Et avec l'Algérie, c'était la coupure? Non, pas du tout, je continuais à descendre au moins deux à trois fois par an. L'Algérie, je l'ai dans le sang... J'animais des mariages, des galas, je participais à des émissions de télévision dont Bouzenzel, Sahrat-esseif, Mesk-ellil et autres. J'ai participé au gala du Printemps berbère le 20 avril 2000 au stade de Tizi Ouzou, sous l'égide du ministère de la Culture. Beaucoup d'artistes étaient présents dont Oulahlou, Massa Bouchafa, Lami Rabah, Rachi Allioui, Lounès Kheloui, Yasmina et Chamy des Abranis, ce fut grandiose... C'est quoi le phénomène «no stop» qui fait parler de lui? En fait, il s'agit de cassettes de fêtes, des reprises de chansons qui ont bien marché, de chanteurs appréciés par le public et que j'apprécie personnellement et à qui je rends hommage..Ça déplait à certains, ça fait jazzer quelques-uns et enrager d'autres mais moi, ça ne me dérange pas du moment que je sais ce que je fais et surtout que mes fans apprécient...Le reste, ça se gère... Vos projets d'avenir? Actuellement, je prépare un album qui sera au top...Je l'espère du moins...mes fans ne seront pas déçus je pense...J'y travaille d'arrache-pied et il sera fin prêt en avril et sortira en même temps en Algérie et en France. C'est du folklore, du chaâbi et s'intitulera Awin ihadrene felli ou «celui qui parle de moi». S'associeront à moi Ali Ferhati et Hacène Ahras. Un dernier mot pour nos lecteurs? Oui, d'abord merci au journal pour cet entretien. Je profite de l'occasion des fêtes pour souhaiter saha aïdkoum à tous les Algériens, bonne année, meilleurs voeux et beaucoup de h'na et de prospérité au bled, un bonjour particulier à ma famille et à mes amis et surtout que mon nouvel album plaise à mes fans...Et pour finir, beaucoup de bonnes choses à la culture algérienne qui a besoin de notre contribution à tous, de notre soutien et de notre solidarité, loin de toute jalousie ou conflits personnels...