Les deux ministres cités dans le scandale Khalifa ont volé la vedette, hier, au Palais des nations. «Si la justice prouve l'inculpation de MM.Boudjerra Soltani et Ould Abbès, respectivement ministre d'Etat, représentant particulier du président et ministre de l´Emploi et de la Solidarité nationale, dans l'affaire Khalifa, il n'y aura pas de solidarité gouvernementale. La justice est au-dessus de tout le monde», a prévenu hier M.Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement. Apostrophé, en marge de l'ouverture de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», qui a eu lieu au Palais des nations, sur les révélations faites à l'occasion du procès Kkalifa, ouvert le 8 janvier au tribunal criminel de Blida, notre interlocuteur a mis ces ministres devant leurs responsabilités. «S'ils sont cités comme témoins ils devront se présenter devant le juge chargé de l'affaire, s'ils sont inculpés, le verdict de la justice sera appliqué», a-t-il clamé. Cette mise au point faite par M.Belkhadem résume, on ne peut mieux, le climat régnant au sein du gouvernement. La donne Khalifa pèsera-t-elle sur le remaniement annoncé? Cependant, Belkhadem tente de minimiser en affirmant que le changement au sein de l'Exécutif n'est pas dû à une crise «cela se passe dans tous les pays, le remaniement est imposé par la conjoncture» souligne-t-il. «Seul le chef de l'Etat est habilité à introduire ce changement», rappelle Belkhadem qui est resté silencieux sur le contenu de son tête-à-tête avec le chef de l'Etat. Les deux ministres cités dans le scandale Khalifa ont volé la vedette, hier, au Palais des nations. Ould Abbès crie au complot Très à l'aise, Djamel Ould Abbès s'est prêté volontiers au jeu des questions-réponses des journalistes. «J'ai appris la nouvelle, ce matin, au téléphone par le biais de mon fils. Les accusations portées contre moi par la secrétaire de Abdelmoumen Khalifa m'ont révolté. Ses informations sont dénuées de tout fondement» défend-il. Ould Abbès explique qu'il n'a aucun lien, ni de près ni de loin avec cette affaire, preuve en est «je ne suis pas cité dans le dossier d'instruction». Et d'ajouter «la seule fois où j'ai rencontré la secrétaire de Khalifa, c'était au Sheraton, le 20 avril 2002 lors de la projection du film Astérix. J'ai demandé des projections gratuites dans quatre salles de cinéma au profit des associations». Le ministre ajoute qu'il connaissait, par contre, le vice-président de Khalifa, Krim «il était pharmacien au Croissant-Rouge, mais à aucun moment je ne l'ai sollicité pour avoir des billets gratuits». A la question, comment expliquez-vous les propos tenus au tribunal de Blida contre vous, le ministre affirme: «Ould Abbès bouge beaucoup, il dérange de par ses activités intenses qu'il mène à travers le pays». Le ministre sent l'odeur de la manipulation organisée. «Je sais parfaitement qui est derrière cette manipulation, mais je garderai les noms pour moi». Il fait mine de ne pas être inquiété par la justice, loin de là: «Je n'ai même pas besoin d'avocat, je ne suis pas impliqué dans ce dossier. D'ailleurs je n'ai pas de compte à El Khalifa». Va-t-il saisir la justice pour demander réparation? Ould Abbès se montre très peu prolixe sur ses intentions. «Je vais prendre le temps qu'il faut pour définir ma riposte», a-t-il souligné, laissant l'impression qu'il ne va pas se laisser faire. M.Ould Abbès avait été cité, pour rappel, jeudi, par Mme Nadjia Aiouaz, secrétaire de Rafik Moumen Khalifa qui avait déclaré lui avoir remis une carte de gratuité de voyage. Soltani accuse A quelques encablures du ministre de la Solidarité, M.Soltani, le ministre d'Etat, a pris place dans la tribune officielle de la salle des conférences au Palais des nations. Après un mois de silence, ce dernier décide de parler aux journalistes pour plaider sa cause. D'emblée, il formule des critiques à l'adresse des médias. «Certains m'ont mis dans l'oeil du cyclone pour défendre leurs propres intérêts; même mon voyage à La Mecque a été dénaturé de ce contexte. L'on a dit que Soltani est parti voir ses ministres. Suis-je contraint de parcourir des milliers de kilomètres pour discuter avec mes militants» avance-t-il. Le chef du MSP emboîte le pas au ministre de la Solidarité et crie qu'il est victime d'un complot. Interrogé sur les informations faisant état de son intervention en 2002, il était alors ministre du Travail, auprès du président du groupe, pour recruter son frère au groupe Khalifa en France, Soltani ne dément pas, «Le fait que mon frère travaillait à Khalifa ne fait pas de moi, ni de lui, un coupable. Il ne faut pas perdre d'esprit que le groupe avait un agrément.» Il estime même que «les 21.000 employés de Khalifa sont plutôt des victimes». Avez-vous utilisé votre portefeuille à des fins personnelles? Soltani persiste et signe non. Il défend bec et ongles qu'il s'agit de manoeuvres qui visent aussi son parti. Afin de défendre sa position, ce dernier nous informe qu'il n'a jamais bénéficié de crédit auprès de cette banque non islamique. Quant à l'argent des caisses sociales placé dans les comptes de Khalifa Bank, ce dernier campe sur sa position, en expliquant qu'à aucun moment le patron de l'Ugta, M.Sidi Saïd, ne lui avait transmis une correspondance officielle à l'époque faisant état de ce transfert. Soltani va-t-il quitter le gouvernement? La question demeure en suspens. Le ministre ne semble pas trancher. La problématique née des critiques avancées par le chef de l'Etat sur la campagne «Corruption stop du MSP». «Tout sera dit lors de la réunion du conseil consultatif dont la session est prévue pour le 30 janvier», a-t-il conclu.