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Les généraux de la gégène
IL Y A CINQUANTE ANS, LA BATAILLE D'ALGER
Publié dans L'Expression le 21 - 01 - 2007

Les pendaisons par les membres, la baignoire, la gégène, les «crevettes» Bigeard, autant de pratiques que la morale réprouve.
Tout ce que l'on peut dire de tout ce qui s'est passé d'horrible et d'odieux à Alger en janvier 1957, avec toutes les exactions commises contre la population civile, c'est que ce sont les mêmes officiers français qui avaient combattu, dans des conditions honorables et courageuses, l'Allemagne nazie et ses méthode criminelles, qui vont avoir à appliquer les méthodes fascistes qu'ils avaient apprises auprès de leurs maîtres allemands, mais cette fois, dans des conditions honteuses, indignes, et surtout lâches, puisqu, elles seront exercées contre des populations désarmées. Ces généraux, dont la France était fière, avaient pour noms Massu, Bigeard, Trinquier et Godard. La chose la plus importante à souligner, c'est cette application à grande échelle de la torture. Ici, ouvrons tout de même une parenthèse, pour dire que si la torture sera employée en milieu urbain, soit à Alger même dans la capitale du pays, où cohabitent 800 000 personnes, entre Européens pieds-noirs et Algériens d'origine (pour ne pas avoir à revenir à ce mot honni d'indigène), elle était déjà largement répandue dans la campagne.
Les avions de combat et les chars français bombardaient sans vergogne les villages et les hameaux, faisant des milliers de victimes, brûlées vives au napalm.
Le char et le couffin
C'est la raison pour laquelle Larbi Ben M'hidi avait cette réponse géniale aux journalistes français qui lui demandaient pourquoi la résistance portait des bombes dans des couffins: «Donnez-nous vos avions, et nous vous donnerons nos couffins».
Ces précisions sont importantes, pour comprendre que la résistance algérienne ne s'est pas réveillée un beau matin en se disant «tiens, on va ouvrir la guérilla à Alger pour toucher les populations civiles», mais que cette décision a été mûrement réfléchie, puisqu'il s'agissait de desserrer l'étau impitoyable et effroyable de la répression sans nom qui s'exerçait contre les populations rurales algériennes, qui composaient les 80% de la population totale du pays.
Cela veut tout simplement dire que depuis le début soit depuis le 1er novembre 1954, l'armée coloniale française a pris pour cible les populations civiles rurales dans les conditions proches de la sauvagerie, rasant les villages, multipliant les ratissages dans les foyers, appliquant la torture, commettant des massacres.
C'est à ces mêmes parachutistes, qui avaient déjà acquis l'expérience de la torture en milieu rural, qu'on demandera de la mettre en oeuvre sans vergogne au coeur même de la capitale. Alors qu'à la campagne, cela se passait sans témoin, il en allait autrement à Alger même, où les deux populations étaient mêlées, même si elles ne résidaient pas dans les mêmes quartiers, et où toutes les opérations sont immédiatement médiatisées. De fait, la torture sera dénoncée dans les journaux français par de nombreuses voix; notamment celles des intellectuels, comme Henri Mandouze, Jean-Jacques Servan -Schreiber, Albert Camus, Jean-Paul Sartre. Alors même que la torture telle que systématisée par Massu suscite d'emblée les protestations de maints responsables démocrates et chrétiens «qui la considèrent injustifiable quels que soient les résultats».
Quant à ceux qui s'étonneront que cette armée soit chargée des opérations de police, à Alger, il faut également rappeler que depuis 1954, elle n'a fait que ça en milieu rural.
Dans la pratique, c'est le 7 janvier 1957 que le préfet d'Alger, serge Barret, fait appel aux hommes du général Massu avec la bénédiction du garde des Sceaux, qui n'est autre qu'un certain François Mitterand, futur président de la République française. On peut lire dans l'arrêté préfectoral que l'ensemble des pouvoirs de police, normalement dévolus à l'autorité civile, sont dévolus à l'autorité militaire. On voyait la chose venir depuis le 5 février 1956, lorsque Guy Mollet prend la tête du gouvernement français, dans lequel le portefeuille de la Justice est confié à François Mitterrand, alors âgé de 39 ans. C'est ce dernier qui fait voter le 12 mars 1956 par la gauche française (communistes et socialistes) et une bonne partie de la droite, une loi sur les pouvoirs spéciaux et qui apportera quelques mois plus tard une base légale à la torture. On ne fait qu'avaliser des pratiques qui ont déjà lieu sur le terrain.
Les plumes...se délient
On verra alors la presse faire état de toutes ces pratiques indignes, en apportant des témoignages accablants sur la banalisation de la torture (torture à l'électricité ou gégène, pendaison par les membres, baignoire) sans compter les exécutions sommaires des suspects, les jugements expéditifs par les tribunaux militaires, les centres de détention clandestins. A la suite de la démission du général Jacques Paris de la Bollardière, qui dénonce ces pratiques et demande publiquement dès le 28 mars à être relevé de son commandement pour ne pas cautionner la torture et le crime d'Etat, une commission d'enquête est mise en place qui rend un rapport accablant. Circonstance aggravante: les prisonniers dans les centres de torture sont jetés à la mer avec un boulet de ciment aux pieds (ce que les parachutistes appellent les «crevettes Bigeard», du nom du sinistre colonel.) Quant à Larbi Ben M'hidi, on sait tous dans quelles conditions il a été «suicidé» sous la torture en prison.
Dans une interview accordée à l'hebdomadaire français L'Express, au début du mois de janvier 2007, l'historien Benjamin Stora affirme que les hommes de Massu procèdent à des arrestations massives pour débusquer les militants du FLN. Massu quadrille la ville avec ses troupes. Les quartiers arabes sont bouclés. Et, en utilisant les fichiers de la police, les paras interpellent les suspects par centaines avant de les regrouper dans des centres de triage, qui vont devenir de véritables centres de torture. En cela d'autant plus que le gouvernement français couvre ces pratiques.
Benjamin Stora aussi relève ce qu'on a écrit en début de cet article, à savoir que le phénomène de torture n'est pas nouveau, puisque dit-il, le problème a été évoqué depuis deux ans déjà. En 1955, dans L'Express, François Mauriac avait publié un article sur la question. «Mais c'est avec la Bataille d'Alger que le débat va réellement toucher l'opinion publique.
Les syndicats, les familles, les Eglises vont se diviser. Et le clivage, ajoute-t-il, entre ceux qui comprennent la torture et ceux qui pensent que la France y perd son honneur, va dépasser les habituelles frontières politiques». Benjamin Stora parlera également, de l'honneur perdu et de l'opprobre jeté sur l'institution militaire.
Il dira enfin qu'en confiant les pouvoirs de police aux paras, Guy mollet et Robert Lacoste ont accrédité l'idée selon laquelle seuls les militaires peuvent incarner un recours.
Ce que l'on peut dire, c'est que jusqu'à ce jour, la classe politique française, y compris la Sfio, dont le Parti socialiste est l'héritier, n'a pas fait un véritable travail de mémoire pour passer au crible de la critique ou de l'autocritique, la torture et les crimes contre l'humanité commis en Algérie.


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