Son «soutien à la réconciliation nationale» rapporté par certains médias, est quelque peu tardif. L'Algérie est décidément devenue, depuis quelque temps, un lieu de «pèlerinage» pour le prédicateur égyptien, Yusuf Al Qaradaoui, qui, en l'espace de deux ans, a foulé le sol algérien à deux reprises, à savoir en 2005 et 2006. L'Algérie, terre d'hospitalité reçoit à bras ouverts tous ses hôtes, mais pour le cas d'Al Qaradaoui, c'est plutôt avec un haut-le-coeur. Nous apprenons que le prédicateur égyptien, Yusuf Al Qaradaoui, se serait proposé à une médiation avec les groupes islamistes armés en Algérie. Son «soutien à la réconciliation nationale» rapporté par certains médias, est quelque peu tardif, du moment où le peuple algérien, après une décennie de sang et de larmes, est parvenu à s'en sortir grâce à d'énormes sacrifices consentis par les différentes franges de la société. A l'époque Cheikh Al Qaradaoui et autre Al Ghazali plaidaient la «cause» du mouvement islamiste insurrectionnel pronée par l'ex-Fis. Il n'a à aucun moment, pris position par rapport à la tragédie nationale. Pourquoi donc ce subit regain d'intérêt à l'Algérie? Où était-il passé quand des Algériens se faisaient massacrer par dizaines, voire même par centaines? N'est-ce pas à cette époque que des fetwas s'imposaient en faveur de l'arrêt de l'effusion de sang. Et surtout jusqu'à quand allons-nous recourir à des individus qui n'ont cessé d'observer un silence complice, au moment où tout le monde avait besoin de leur avis, à même de contribuer à mettre un terme à la vague terroriste, qui avait fauché près de 150.000 Algériens. Pourquoi Al Qaradaoui, qui a pris son bâton de pèlerin, sillonnant plusieurs pays musulmans pour plaider la cause irakienne, n'a-t-il pas fait de même pour l'Algérie, qu'il ne commence à découvrir que lors des deux dernières années. Habitué de notre pays, au même titre d'ailleurs que son concitoyen Mohamed Al Ghazali, Mohamed Saïd Ramadane Al Bouti, Al Zandani...et Hassan Al Tourabi, l'imam Yûsuf Al-Qaradaoui est proche de la mouvance des Frères musulmans, qu'il rejoignit alors qu'il était au cycle secondaire de l'Institut azharite de Tantâ. Il avait une grande admiration pour Sheikh Hasan Al-Bannâ, le fondateur de la mouvance des Frères musulmans égyptiens, de laquelle se sont inspiré les islamistes algériens. Au début des années 50, il prit la responsabilité des activités du mouvement islamique à Al Azhar. A la fin de la lutte armée dans la zone du Canal de Suez en 1952, il forma une délégation d'étudiants azharites. Son affiliation au mouvement des Frères musulmans lui valut d'être emprisonné en 1949, puis entre 1954 et 1956 et en 1962. Ses premiers pas dans la prédication remontent à 1956, dans l'une des mosquées du Caire. En 1959, il fut interdit de prédication et transféré au département de la culture islamique à Al Azhar. En 1962, Al Azhar le détacha au Qatar pour occuper le poste de président de l'Institut secondaire des études religieuses. En 1977, il dirigea la fondation de la Faculté de droit musulman à l'université du Qatar dont, plus tard, il devint le doyen. La même année, il fonda le Centre de recherches de la Sîrah et de la Sunnah. Un parcours «mouvementé» qui fait de ce prédicateur, un homme très écouté dans la mouvance islamiste salafiste, mais, qui ne s'est pas acquitté de son devoir «sacré» quand il le fallait. C'est cela la grande «fitna».