Le député Adda Fellahi affirme avoir joint Abderahmane Chibane, président de l'Association des oulémas algériens, pour lui demander de contacter Al-Karadaoui en vue d'intervenir auprès des autorités irakiennes. La situation sécuritaire en Irak inquiète l'imam égyptien Youcef Al-Qaradaoui. Ce dernier vient de lancer une initiative en direction des autorités irakiennes en vue de les interpeller sur la gravissime situation sécuritaire ciblant les sunnites, tués par dizaines chaque jour. C'est ce qu'a révélé hier Adda Fellahi, député à l'Assemblée populaire nationale (APN), dissident du Mouvement de la réforme national (MRN) de Djaballah. “J'ai contacté Abderahmane Chibane, président de l'Association des oulémas algériens, pour lui demander de contacter Al-Qaradaoui en vue d'intervenir auprès des autorités irakiennes pour arrêter le génocide qui cible les sunnites et il m'a dit qu'Al-Qaradaoui lui-même a initié une démarche dans ce sens”, affirme le parlementaire de la Chambre basse. Ce dernier avait, pour rappel, initié une pétition à l'Assemblée nationale, la semaine écoulée, et dans laquelle il avait appelé à une rupture “momentanée” des relations diplomatiques entre l'Algérie et le gouvernement de Maliki. Sa revendication était motivée, avait-il expliqué, par la situation sécuritaire en Irak marquée par la multiplication des attentats contre des sunnites par les milices d'El-Sadr et le fait que l'actuel gouvernement irakien n'avait pas su protéger nos deux diplomates (Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi) enlevés, puis assassinés en Irak, en juillet 2005. La démarche d'Al-Qaradaoui, expliquera le député, consiste en l'envoi d'une mission constituée de représentants de plusieurs pays arabes en Irak en vue d'intervenir auprès de Ali Khamenei, l'actuel Guide suprême de la révolution islamique en Iran. Cette délégation chapeautée par Al-Qaradaoui est constituée de quatre membres : deux Egyptiens Salim Al-Aoui, et Fahmi Aouadi, tous deux universitaires, un universitaire palestinien, Mounir Chafik, ainsi que le chef du parti tunisien Ennahda, Rachid El-Ghanouchi. Concrètement parlant, cette délégation, dont la composante a été proposée par Al-Qaradaoui lui-même était censée se rendre en Irak pour dialoguer avec ses autorités en vue de les amener à intervenir et faire cesser “le massacre des sunnites”. Toutefois, cette mission n'a pu avoir lieu jusqu'à l'heure actuelle. La raison est que Ali Khamenei a rejeté la composante de la délégation, selon Fellahi. Ce rejet est motivé par la présence de Rachid El-Ghanouchi, le représentant tunisien. Son élimination du groupe par le Guide suprême de la révolution iranienne est liée à sa qualité d'opposant au régime de Ben Ali. “Il a dit qu'il ne voulait pas de problèmes avec les autorités tunisiennes en prenant dans la délégation un opposant au régime de Ben Ali”, précise Fellahi. Quoi qu'il en soit, l'échec de cette mission n'affecte nullement ses adeptes. C'est ainsi que pour remédier au rejet d'El-Ghanouchi, l'on tente actuellement de contacter Al-Qaradaoui pour lui proposer le nom de Abderahmane Chibane comme représentant du Maghreb arabe. “Al-Qaradaoui est actuellement à Jakarta en Indonésie et il est injoignable, nous attendrons son retour pour lui proposer de substituer à El-Ghanouchi, le docteur Chibane”, souligne Fellahi. Entre-temps, le député dissident du MRN multiplie les démarches. C'est ainsi qu'il s'est déplacé hier au siège de l'ambassade de l'Irak pour lui remettre une missive : “J'ai demandé un rendez-vous pour discuter amplement avec l'ambassadeur sur la situation en Irak tout en lui remettant une lettre”, dira-t-il. Dans cette correspondance, “j'ai mentionné que nous portons l'entière responsabilité au gouvernement irakien sur le génocide qui est en train d'être commis contre les sunnites en Irak”, note-t-il arguant que “c'est le gouvernement qui a les pleins pouvoirs et les pleins moyens pour empêcher les chiites d'exterminer les sunnites”. Dans la missive en question, “nous avons également demandé à Ali Khamanei de lancer un appel en direction des sunnites pour arrêter le massacre”, relève le député. Un déplacement similaire sera également entrepris, aujourd'hui en direction de l'ambassade des Etats-Unis à Alger, pour leur demander “de faire pression sur le gouvernement irakien”, indique encore le député. NADIA MELLAL