Des décisions auxquelles ils aboutiront dépend largement l'avenir de ce cadre de lutte. Prévue initialement pour le week-end dernier, la rencontre devant regrouper toutes les coordinations affiliées à l'interwilayas du mouvement citoyen des archs de Kabylie, aura finalement lieu jeudi prochain à Seddouk, à 60km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Un décalage induit par des considérations techniques. Une délégation de l'interwilayas était, en effet, à Khenchela en soutien aux délégués de cette région qui comparaissaient devant la cour de justice de Khenchela, et pour lesquels un acquittement a été prononcé, faut-il le souligner. A l'ordre du jour de cette rencontre ordinaire figurent la suite à donner au dialogue relancé, récemment, par le chef du gouvernement, les prochaines échéances électorales et l'adoption du document de réflexion. Si pour ce dernier point, il s'agit d'une simple formalité, il n'en est pas de même pour les deux premiers points qui constitueront, à coup sûr, les points d'achoppement, notamment la position à prendre par rapport aux prochaines consultations électorales. Si la CIC Béjaïa s'est, à ce titre, exprimée, envisageant même une participation, ce n'est pas le cas de Tizi Ouzou. La Cadc connaît des hésitations qu'illustrent à bien des égards les difficultés rencontrées pour une position consensuelle à ce sujet. Après avoir rejeté violemment les différents scrutins organisés depuis l'éclatement des événements sanglants d'avril 2001, le mouvement citoyen des archs est revenu à de meilleurs sentiments. Aujourd'hui, il en est arrivé à débattre de l'opportunité d'une participation active avec ses propres listes de candidats. Une évolution assez surprenante, a priori, mais qui reste, pour l'essentiel, induite par l'évolution de la situation politique du pays, mais aussi par l'effritement de la solidarité populaire. En effet, le passage des archs du statut d'antagonisme à celui de partenariat, à la suite de la signature du protocole d'accord avec les représentants de l'Etat, indiquait déjà le passage à une autre forme de lutte pour la satisfaction des revendications citoyennes contenues dans la plate-forme d'El Kseur. La relative lenteur qu'a connue la concrétisation des engagements pris au nom de l'Etat, a fait naître chez de nombreux délégués l'idée selon laquelle on ne peut être bien servi que par soi-même. D'où l'idée de participation à part entière aux prochaines législatives, voire les locales aussi. Pour une frange des archs, il ne s'agit que d'une nouvelle étape dans le combat citoyen. Une étape qui consiste à intégrer les institutions de l'Etat avec un mandat populaire ouvrant bien des voies sur le chemin de la lutte. Mais pour y parvenir, bien des embûches sont à éliminer, notamment l'opposition interne et le code d'honneur. Il faut tout simplement un large consensus. L'autre point qui concerne la suite à donner au dialogue suscitera forcément un large débat. Si la Cicb a pris acte de l'invitation de Belkhadem, elle n'a, toutefois, pas manqué de relever «l'utilisation du dialogue par le pouvoir pour accompagner les élections», une façon, en fait, de dire que «les engagements pris dans le processus sont pour une grande partie insatisfaits». Les coordinations de l'interwilayas sont appelées à s'entendre sur une position commune quant à cette question, au cours de ce conclave. L'appel fait aux parents de martyrs et des blessés pour une présence indispensable indique que les archs sont à la croisée des chemins. Des décisions auxquelles ils aboutiront, à l'issue de ce conclave, dépend largement l'avenir de ce cadre de lutte, qui a dominé les débats politiques en Kabylie, des années durant, même, si, faut-il le constater, il y a eu un net recul ces deux dernières années.