Le procès de l'affaire Khalifa reprend, aujourd'hui, après une journée de repos forcé en raison de la fête de l'Achoura avec la poursuite, pour la troisième journée, de l'examen du dossier volumineux des agences de la banque Khalifa. Sont appelés à la barre témoins et accusés dans cette seconde étape du procès, à commencer par le directeur de l'agence d'El Harrach en premier, déjà auditionné durant les journées précédentes et sévèrement secoué par la présidente et le procureur général sur sa gestion. Déjà, des noms de grandes sociétés et organismes publics dépositaires sont avancés. On retient une quarantaine qui doivent se succéder à la barre. La présidente du tribunal a demandé à ce que tous les accusés et témoins soient présents et ne doivent pas manquer à l'appel, pour faciliter la progression dans le traitement du dossier, qui devient difficile à suivre, au risque de prendre des décisions contre eux. Donnant l'exemple, le président-directeur général de Saidal, dont le nom revient à maintes reprises dans la bouche de la juge, avait répondu présent, dimanche après-midi, en mettant fin aux spéculations sur sa présence. Parmi les directeurs généraux impliqués, Aoun est le moins impliqué en bénéficiant d'une liberté provisoire, c'est-à-dire libre de ses actions. Il avait ouvert un compte chez cette agence, mais sans l'alimenter. Toutefois, son nom figure sur la liste des 39 et devra, donc, s'expliquer sur cette largesse. Il est, notamment, reproché à ces responsables d'avoir placé l'argent dans cette agence contre des privilèges, tels que les cartes de gratuité de voyage et d'accès aux soins au centre de thalassothérapie de Sidi Fredj. Le montant des dépôts se chiffre à 44 milliards de dinars, rien que pour cette agence. Les plus gros déposants sont la Casnos avec 12 milliards, la Cnas 10 milliards et la Cnac 1 milliard. Durant toute la journée de dimanche, et malgré sa confrontation au responsable de la caisse de la Banque Khalifa, le directeur de l'agence s'était défendu bec et ongles en affirmant que toutes les opérations dites de privilège étaient pour lui des actions de sponsoring pour défendre la renommée de sa banque et que l'argent transféré se faisait dans les normes. Toutefois, les preuves s'accumulaient contre lui sur l'octroi de crédits et de sorties d'argent sous forme de transferts détournés avant même qu'ils n'arrivent à leur destination, qu'est la Caisse principale. C'est dire que les débats d'aujourd'hui s'annoncent très électriques pour dissiper les doutes et situer les responsabilités. La dinde bien farcie de l'Achoura aura porté conseil à tous, les magistrats pour mieux contrecarrer et pour les autres, pour mieux se défendre.