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La secrétaire de Khalifa abdelmoumen révèle que des personnalités ont bénéficié de nombreux avantages
Publié dans Le Maghreb le 13 - 01 - 2007

Pour sa quatrième journée, le procès de la caisse principale d'El-Khalifa Bank a été caractérisé par les témoignages d' Abdelaziz Lakhdar Khalifa, frère du principal accusé dans cette affaire et actionnaire de la banque ainsi que de celui de Nadjia Aiouaz, secrétaire particulière d' Abdelmoumen Khalifa. Il est vrai que ces deux témoignages ont grandement contribué à lever le voile sur certaines zones d'ombre dans cette affaire et démontrer les contradictions relevées dans les témoignages de certains accusés qui sont passés à la barre mardi et mercredi derniers, permettant ainsi de faire le tri. Il faut dire que l'audience de mercredi été consacrée dans sa majorité à la genèse de l'affaire. C'est ainsi qu'en poursuivant l'interrogatoire des principaux accusés, la présidente, Mme Brahimi, a appelé à la barre Issiridir Mourad, ancien directeur de l'agence de la Banque de développement local (BDL) de Staouéli lequel est accusé de "faux et usage de faux" portant sur des documents officiels, en l'occurrence l'acte d'hypothèque qui a permis au principal accusé de l'affaire, Rafik Abdelmoumen Khalifa, d'obtenir un crédit de 80 millions de dinars auprès de son agence en 1997. Celui-ci était divisé en deux tranches, la première est un crédit d'investissement, et le second un crédit d'exploitation d'un montant de 36 millions de dinars. Il est utile de noter que le crédit de la BDL pour fonder El Khalifa Bank, dont le capital était de 500 millions de dinars. Seuls 85 millions de dinars ont été déposé au Trésor public.

Passe-droits en faveur de clients privilégiés
Il y a lieu de rappeler que M. Issiridir a été licencié par la direction générale de la BDL, au motif que celui-ci "accordait des passe-droits à certains clients privilégiés". Et le cas de Khlifa est des plus édifiants, puisque le crédit a été alloué à Abdelmoumen Khalifa sans que ce dernier obtienne l'accord de cette agence et sans garantie réelle, même si l'accusé affirme le contraire. Celui-ci a assuré que ce crédit, qu'il a lui-même autorisé, était "conforme" aux dispositions bancaires en usage et était destiné à être investi "dans une usine de médicaments appartenant au bénéficiaire". L'acte d'hypothèque "n'a pas été utilisé dans l'octroi du crédit", a-t-il ajouté, admettant avoir signé le document en question dans le cabinet du notaire de la famille Khalifa, Omar Rahal. Issiridir a affirmé qu'il s'était rendu au bureau du notaire en compagnie de Rafik Khalifa pour signer les documents de l'hypothèque, avec l'autorisation de la BDL, mais n'ayant pas trouvé le notaire et il avait procédé aux formalités avec son "clerc", Guellimi Djamel, un autre accusé. Ce dernier avait affirmé, auparavant, qu'à cette période, il ne travaillait plus pour le notaire, Omar Rahal, et il a maintenu cette version lors de sa confrontation avec Issiridir, qui a lui aussi affirmé dire la vérité. Néanmoins, l'expertise de la police scientifique démontre que cet acte est un faux, car la signature du notaire y a été imitée. Interrogé par la juge sur les "garanties" de l'octroi du crédit de la BDL, Issiridir a répondu qu'"au moment où je me suis rendu compte que l'acte d'hypothèque n'était pas valide, car n'ayant pas été ni enregistré ni publié, j'ai demandé à mon client de signer une reconnaissance de dette pour couvrir le crédit, ce qu'il a fait". La juge Brahimi a cependant précisé à l'accusé que Khalifa avait signé en fait deux reconnaissances de dette à la BDL, d'une valeur totale de 60 millions de dinars, soit 20 millions de dinars de moins que le montant du crédit octroyé. Issiridir n'a pas été en mesure d'expliquer cette différence. L'accusé a admis que les signatures de ces reconnaissances de dette se sont faites après l'octroi du crédit. "J'ai accordé ce crédit à Rafik Khalifa, car il était un bon client de l'agence. Il avait un diplôme universitaire, une usine de médicaments et avait l'agrément du ministère de la Santé. Sa demande de crédit est passée par la procédure habituelle et il y avait une relation de confiance entre nous", a-t-il déclaré. Toutefois, l'accusé a reconnu qu'il avait été recruté à El Khalifa Bank d'octobre 1998 à mars 1999, en tant que "cadre dans le réseau d'exploitation de la banque", après avoir "démissionné de mon poste à la BDL", mensonge… me diriez-vous. Aussi, Issir Idir a affirmé qu'il avait quitté El Khalifa Bank "à cause des irrégularités constatées", précisant qu'"il n'y avait même pas de commission pour l'octroi de crédits au sein de l'établissement" et que celui-ci "ne tenait pas de comptabilité à jour et ne respectait pas les procédures bancaires". Jeudi, c'était donc le tour du frère de l'accusé principal dans le procès, M. Khalifa Aziz Mohamed Lakhder de marquer de sa présence, contre toute attente l'audience de jeudi afin d'éclaircir certains points, comme la signature de l'acte constitutif de Khalifa Bank.

Associés sans apporter de fonds
Abdelaziz Lakhder Khalifa a affirmé que sa part dans le capital d'El Khalifa Bank (0,96% de 500 millions de dinars), au moment de sa création, en avril 1998, lui a été offerte par "esprit de famille" par son frère Rafik "qui a fait de même avec d'autres membres de la famille". "J'étais un des associés de mon frère Abdelmoumen qui m'a cédé 50 actions sans que j'apporte des fonds. C'est Abdelmoumen qui s'est occupé de tout et je n'ai fait que signer l'acte de constitution", a-t-il indiqué avant d'ajouter que "c'était à la résidence familiale située à Paradou qu'a eu lieu la signature en 1998". Dans ce contexte, M. Lakhder Khalifa a affirmé qu'"il connaissait M. Rahal, le notaire, depuis sa tendre enfance et que ce dernier n'était pas présent lors de sa signature et celle de son épouse, et que c'est M. Guellimi, Djamel, ami de la famille, qui s'est occupé de la lecture du texte du contrat alors qu'il n'avait plus le statut de clerc au bureau de M.Rahel Omar". "Je suis architecte et j'avais ma propre entreprise de construction dès 1992. Je n'ai pas apporté d'argent au capital d'El Khalifa Bank. Ma mère (Fatiha Kebbache), ma femme, ma sœur (Hafidha), mon oncle maternel et moi avons chacun reçu près de 1% des parts du capital de la banque sans avoir réellement apporté des fonds. C'était un cadeau", a-t-il expliqué. Et d'ajouter que "Rafik était connu pour ne s'impliquer que dans des affaires importantes. Je lui ai demandé s'il pouvait apporter tout le montant du capital et il m'a répondu : Il n'y a pas de problèmes, je sais ce que je fais". Le soir du 12 avril 1998, "Djamel Guellimi, clerc du notaire Omar Rahal, est venu à notre villa familiale à Hydra et nous avons alors signé l'acte constitutif d'El Khalifa Bank", a ajouté Abdelaziz. "C'est Guellimi qui nous a lu l'acte. Après un débat entre les membres de la famille, nous avions des réserves quant à l'utilisation du nom de la famille pour baptiser la banque, mais nous avons tous signé l'acte, sauf ma sœur qui vivait au Maroc", a poursuivi le témoin, répondant aux questions de la présidente. Interrogé sur l'acte d'hypothèque falsifié, établi en 1997, portant sur la villa et la pharmacie appartenant aux héritiers de son père Laroussi Khalifa, le témoin a assuré que "la première fois" qu'il en a entendu parler "c'était devant le juge d'instruction". Abdelaziz Khalifa a aussi assuré qu'il n'a jamais participé à une assemblée générale d'El Khalifa Bank et qu'il n'y a jamais travaillé. Il a dit aussi ignorer que son frère Rafik avait procédé avec le notaire Omar Rahal, en septembre 1998, à un changement de l'acte constitutif de la banque. "Même après le décès de notre mère qui était associée, en 1999, ni moi ni les autres associés de la banque et membres de la famille n'ont été convoqués à une assemblée générale", a-t-il dit. Interrogé par la présidente sur le fait que sa société avait été chargée par El Khalifa Bank de lui construire des agences locales, le témoin a tout simplement répondu que "c'est vrai, mais c'était légal". Abdelaziz Khalifa a également admis avoir bénéficié d'un crédit d'El Khalifa Bank d'un montant de 55 millions de dinars, dont il a remboursé 39 millions de dinars. "Le reste, je dois le restituer, en plus des intérêts, au liquidateur de la banque, selon un échéancier convenu", a-t-il précisé.

Un témoignage très attendu
Après Abdelaziz Khalifa, c'était au tour de la secrétaire de Khalifa Abdelmoumen, Nadjia Aiouaz, de venir témoigner. Ce témoignage a d'ailleurs enfoncé Djamel Guellimi ainsi que de nombreuses personnalités citées auparavant par ce dernier. L'ex-secrétaire dira que M. Djamel Guellimi travaillait à Khalifa Bank en qualité de responsable et qu'il était tantôt au siège et tantôt en France pour le lancement de la chaîne K-TV. Dans le même ordre d'idées, Mme Aiouaz indiquera que M. Abdennour Keramane était venu 3 à 4 fois au siège de la banque et il a été reçu soit par M. Guellimi soit par M. Karim Ismail. Elle a ajouté, à cet effet, que l'artiste Amel Wahbi se rendait souvent au siège de Khalifa Bank pour obtenir des sommes importantes d'argent auprès de la banque qu'"elle faisait transférer à son compte à l'étrange ". Mme Aiouez a également déclaré que "Abdelmoumen Khalifa avait un Libanais de nationalité française pour conseiller entre 2001 et 2002", elle précise à cet effet qu'"il se mêlait de tout au siège de Khalifa Bank". L'ex-secrétaire a également déclaré que Rafik Khalifa était "souvent absent" de son bureau au siège de la direction générale de la banque, à Chéraga, à Alger. Elle a indiqué qu'elle recevait souvent des ordres de Rafik Khalifa pour octroyer des cartes de voyage gratuites à bord de la compagnie aérienne Khalifa Airways, filiale d'El Khalifa Bank. Nadjia Aiouaz a aussi dit "avoir servi du café à l'ex-ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, dans le bureau de Rafik Khalifa". Djamel Guellimi, devenu plus tard inspecteur de Khalifa Airways à Paris, puis PDG de la chaîne de télévision Khalifa-TV, "recevait des PDG d'entreprises publiques et des personnalités, sur instruction de Rafik Khelifa", a-t-elle ajouté, citant Abdennour Keramane, ex-ministre et frère du gouverneur de la Banque d'Algérie de l'époque, Abdelwahab Keramane. Le PDG d'El Khalifa Bank et Guellimi "recevaient des personnalités sportives, artistiques et politiques", a-t-elle encore indiqué, signalant que d'autres "venaient et n'étaient pas reçues". Elle a, d'autre part, déclaré qu'elle était responsable d'une "caisse de régie" de 50 000 DA de laquelle Rafik Khalifa puisait "pour la gestion quotidienne". "Il me demandait des fois de lui donner 10 000 DA, de payer tel frais de visa ou des dépenses de cette sorte", a-t-elle précisé. La présidente a rejeté une question d'un avocat de la défense qui voulait savoir les noms de toutes les personnalités que Khalifa Abdeloumen recevait dans son bureau. "Nous devons nous en tenir au dossier", a-t-elle expliqué. L'ex-secrétaire de Rafik Khalifa a révélé, par ailleurs, qu'elle percevait "un salaire mensuel de 70 000 DA". Suspendu jeudi, le procès devrait reprendre aujourd'hui.


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