Le procès de la caisse principale de Khalifa Bank a repris, hier, pour sa 11e audience. C'est ainsi que durant ce sixième jour d'audition la présidente, Mme Fatiha Brahimi, a poursuivi l'interrogatoire des principaux accusés dont l'ex-responsable de la caisse principale, M. Akli Youcef, ainsi que le directeur général adjoint chargé de la comptabilité, M. Mekache Hamoum et le chef du service comptable, M. Doudjane Mohamed. Dans l'après-midi c'était au tour de l'administrateur provisoire de la banque Khalifa, Mohamed Djellab, désigné par la Banque d'Algérie après la faillite de la banque, d'être entendu comme témoin. C'est ainsi que, poursuivant son déballage, M. Akli Youcef a indiqué qu'au mois de mars 2003, au moment où le scandale a éclaté, il a occupé le poste de directeur général adjoint de la caisse principale de la banque Khalifa et qu'il touchait un salaire de 90 000 DA par mois en travaillant, 16 à 18 heures par jour. Il a, en outre, avoué "avoir rédigé 11 chèques pour des montants énormes sans écrit. C'est au moment où je me suis rendu compte que la caisse accusait un trou énorme que j'ai refusé de m'impliquer encore plus. C'est ainsi que M. Réda Abdelouahab m'a appelé pour lui remettre 5 millions de dinars et j'ai refusé". Colmater les trous financiers Il ajoute : "on avait 16 à 18 agent de caisse à l'agence de Chéraga et lors de l'introduction ou de la sortie d'une somme d'argent dans les différentes agences, on était informé par fax, et je signais pour chaque réception de liquide un imprimé". L'accusé a ensuite dit qu'"il transférait en chiffres l'argent qui manquait sur des comptes en attendant de trouver des justificatifs à ces trous". Il a ajouté que M. Krim Ismail a donné des instructions pour régulariser les ES de la caisse et faire disparaître les trous "alors que lui-même venait pour puiser des sommes importante dans la caisse". Le directeur général adjoint de la caisse principal de la banque Khalifa, avoue avoir camouflé plus ou moins la sortie des sommes d'argent de l'agence, "je ne les citais pas tout simplement dans des soldes comptables, et je devais écrire le chiffre qui doit être dans la caisse " précise-t-il. En ce qui concerne de transfert de devises vers l'étranger et dont on devait informer la Banque d'Algérie, Akli dira que "ce n'était pas à moi de m'inquiéter mais à Abdelmoumen Khalifa et Krim Ismail". Il continue à dire qu' "un beau jour, M. Aghoua Madjid m'a appelé et m'a demandé de me rendre au siège et cela afin de régulariser les ES". Sur la question ayant trait aux capacités en termes de quantité de liquide de la caisse principale, Akli Youcef répond qu' "elle pouvait contenir 20 à 25 milliard de centimes". C'était ensuite au tour de M. Mohamed Chébli, qui était l'un des responsables de la caisse principale de Khalifa Bank et qui travaillait sous les commandes de Akli Youcef, de passer à la barre. Celui-ci indiquera n'avoir jamais eu connaissance des faits. Il niera avoir vu des responsables de Khalifa Bank venir pour puiser dans la caisse. Il ajoutera qu'"il comptait, comme tous les autres caissiers, l'argent entrant des autres agences et je donnais le chiffre à mon supérieur M. Akli. A part ça je faisais de la saisie". L'accusé précisera que les ES qui n'étaient pas accompagnés de fonds étaient attribués à M. Akli, et " en ce qui me concerne je ne comptais que ce qui était concret, à part cela ce n'était pas mon travail". Il ajoutera qu'"un jour M. Akli m'a donné un papier sur lequel étaient notés les 11 montants écrits à la main et m'a demandé de les saisir et je n'ai pas pu refuser vu que c'était mon travail la saisie, après ça il m'a demandé de signer ces ES qui n'avaient pas de fonds et j'ai exécuté ses ordres en croyant qu'il y avait des justificatifs pour cela".
Réunir les associés pour redresser la barre Dans l'après-midi, MM. Mekkache Hammoum et Doudjane Mohamed, respectivement directeur général-adjoint chargé de la comptabilité et chef du service de comptabilité à la caisse principale de Khalifa Bank ont été appelés à la barre. Tous deux confirmeront les dires des témoins précédents, en indiquant avoir été convoqués à plusieurs reprises par Krim Ismaïl qui leur avait donné des instructions pour trouver des justificatifs aux trous financiers constatés et pour régulariser les ES. C'est ensuite à l'administrateur provisoire de la banque Khalifa, Mohamed Djellab, désigné par la Banque d'Algérie après la faillite de la banque qui a être entendu comme témoin. Celui-ci indiquera avoir constaté un trou de l'ordre de 4 milliards de dinars au sein de la caisse principale, ainsi que de nombreuse failles et irrégularités. Il fallait donc redresser la situation. C'est ainsi qu'il a d'abord gelé les transferts d'avoirs à l'étranger. Il a ensuite institué une commission d'enquête et a réuni les associés, dont Khalifa Aziz et Gullimi Omar, pour mettre la situation de la banque en conformité avec la loi. Pour rappel, l'audience de samedi après-midi du procès de Khalifa Bank, qui est à sa neuvième journée, a été consacrée à la poursuite de l'interrogatoire de Youcef Akli, ex-caissier principal de la caisse principale de la Khalifa Bank, et l'un des principaux accusés. Au début de cette audience, le ministre d'Etat Aboudjerra Soltani s'est présenté comme témoin et présidente lui a signifié qu'elle le convoquera ultérieurement pour entendre son témoignage. En marge du procès, Aboudjerra Soltani a déclaré à la presse qu'il n'avait "rien à voir avec l'affaire Khalifa, à part le fait d'avoir été ministre du Travail et de la Sécurité sociale au moment des faits jugés (1998-2003)". Il a catégoriquement nié avoir bénéficié de "quelque avantage que ce soit" de la part de Rafik Khalifa, le principal accusé, jugé par contumace. "Je ne connais pas les cartes de voyages gratuites (de Khalifa Airways). Pour moi, rien n'est gratuit, tout à un prix", a-t-il dit. Interrogé par des journalistes sur son frère cité par l'un des accusés et responsable de Khalifa Airways en France, Djamel Guellimi, comme ayant été employé, sans avoir les qualifications requises, à cette agence, Aboudjerra Soltani a répondu : "Mon frère est un universitaire, majeur et responsable de ses actes". Lors de la séance de la matinée, Youcef Akli a avoué qu'il avait fait sortir "sans laisser de trace" plus de 2,29 milliards de dinars au profit principalement de Rafik Khalifa, sous prétexte d'avoir "simplement obéi aux ordres du patron". Youcef Akli a indiqué cependant avoir refusé un ordre de Rafik Khalifa de lui envoyer une somme de 50 millions de dinars, après la découverte du "trou" de la caisse principale, en mars 2003, et a assuré, pour sa défense, qu'il n'avait "jamais bénéficié" d'un avantage ou crédit de son employeur. D'autre part, la présidence a entendu comme témoin la femme de l'oncle maternel de Rafik Khalifa, Guettache Hafida, qui a déclaré que son mari, l'un des actionnaire de Khalifa Bank, l'accusé Ghazi Kebbache, lui avait dit qu'il n'avait pas contribué financièrement au capital de la banque. Ghazi Kebbache, comme Rafik Khalifa, est en fuite. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international et est jugé par contumace.