La durée d'une année universitaire doit être de 28 à 30 semaines en moyenne. La décision d'écourter l'année universitaire 2006/2007, dans les universités du centre du pays, ne semble pas être du goût des enseignants et des étudiants. Prise par les pouvoirs publics en vue de se préparer aux Jeux africains, qui auront lieu entre le 11 et le 23 juillet prochain à Alger, cette mesure suscite, d'ores et déjà, l'indignation et la colère de la corporation universitaire. Contacté hier par téléphone, le coordinateur national adjoint du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), chargé de la région centre, M.Farid Cherbal, a indiqué que «la décision des pouvoirs publics d'écourter la présente année universitaire est anti-pédagogique». Se voulant plus convaincant encore, notre interlocuteur explique que, selon les normes pédagogiques universellement admises, «la durée d'une année universitaire doit être de 28 à 30 semaines en moyenne». En termes plus clairs, cette durée est de sept (07) mois et deux semaines. Les étudiants poursuivant leurs cycles dans les universités d'Alger, Boumerdès, Tipaza et Blida, sommés d'évacuer les amphithéâtres avant le 15 juin 2007, risquent de voir leurs études compromises à cause des Jeux africains. «Si on tient compte des normes pédagogiques universelles, la durée de 28 semaines ne sera suffisante que pour achever 80% du programme», a signalé M.Cherbal. Cependant, il y a lieu de souligner que les étudiants, tout comme les enseignants d'ailleurs, seront contraints de mener une année universitaire accélérée, voire marathonienne. Il est à craindre même que l'on ne puisse pas atteindre les 50% du programme. Et pour cause: les enseignants du supérieur ne cessent de brandir la menace de recourir derechef à la grève si leurs revendications socioprofessionnelles ne sont pas satisfaites. Et si le mouvement de débrayage observé l'année dernière par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), aile gréviste, se reproduit, il est fort possible que l'on finisse cette année avec un taux d'achèvement de programme estimé à 30%. «Ceux qui ont instauré la durée d'une année universitaire 28 semaines au minimum, sont bien conscients que, pendant cette période, l'étudiant peut assimiler un tant soit peu de savoir» a remarqué Farid Cherbal. Par ailleurs, si les enseignants se montrent, du moins pour le moment, sceptiques quant à la décision prise par les pouvoirs publics, chez les étudiants les nerfs sont au-dessus du bonnet. Et si les choses continuent à persister dans la cadence actuelle, le pire est à craindre. En effet, dans certaines cités universitaires, on commence à contraindre les étudiants à quitter leurs chambres. La cause invoquée par l'administration est la restauration et la réhabilitation de ces chambres afin qu'elles soient prêtes dans les délais fixés. Selon une étudiante, résidant à la cité universitaire de Ben Aknoun, à Alger, l'administration les a sommés de quitter leur pavillon pour les héberger dans un autre. Mais le hic dans cette affaire c'est que ce pavillon ne dispose pas des conditions de vie minimum. Ainsi, en recourant à ce genre de mesures, les pouvoirs publics oublient, ou feignent oublier, qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.