Norme n La durée d'une année universitaire doit être de 30 à 35 semaines en moyenne, estiment les enseignants universitaires. La communauté universitaire ne semble pas apprécier la décision d'écourter l'actuel exercice pédagogique (2006/2007), dans les universités des trois wilayas du centre : Alger, Blida et Boumerdès. Pour les étudiants, le déroulement de cet événement sportif est préjudiciable pour leur cursus universitaire. Ils sont unanimes à exprimer leur mécontentement et leur colère en raison de la lourde pression à laquelle ils sont soumis. «Comment veut-on qu'on assimile les programmes dans un temps record ? Nous ne sommes pas des robots ou des machines à manipuler. Ces responsables doivent comprendre qu'il nous est impossible de bien mener notre mission dans des conditions pareilles», crient des étudiants au département de sociologie. Ils soulignent que les séances de travaux dirigés sont devenus trop lourdes et même ennuyeuses. «Auparavant, une séance de travaux dirigés était consacrée à un seul sujet, un travail de recherche exposé par des étudiants et un débat sur le contenu de la recherche. Cette année, deux ou trois recherches sont exposées lors de la même séance d'une heure et demie. C'est du bricolage. Nous avons compris que le seul objectif des responsables est d'achever le programme de n'importe quelle manière…», intervient Karima, étudiante au département de psychologie. Pour leur part, les enseignants regrettent que l'université algérienne soit sacrifiée à chaque fois que le pays s'apprête à accueillir des manifestations internationales. Contacté par téléphone, le coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), Ali Boukaroura, a indiqué que «la décision des pouvoirs publics d'écourter la présente année universitaire est antipédagogique et que les enseignants sont incapables d'achever les programmes dans ces conditions», ajoutant que le syndicat n'a pas été consulté par la tutelle sur cette question. Selon lui, conformément aux normes universellement admises, la durée d'une année universitaire doit aller de 30 à 35 semaines, soit une période de huit mois et demi. «L'implication du secteur de l'enseignement supérieur dans l'organisation des Jeux africains est une décision politique et antipédagogique. Il faut en finir avec cette politique de sacrifier l'avenir de nos enfants et la qualité de leur formation. Auparavant, la perturbation de l'année universitaire s'expliquait par le manque d'infrastructures, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. Le problème est d'ordre organisationnel. Pourquoi n'ont-ils pas choisi d'organiser ces Jeux africains au mois d'août ? Pourquoi les travaux de réaménagement des cités universitaires n'a pas eu lieu durant les grandes vacances de l'année passée ? C'est de l'anarchie ...», déplore notre interlocuteur. M. Boukaroura rejette l'argument avancé par les pouvoirs publics relatif à l'embellissement de l'image de l'Algérie sur la scène internationale. «Ils doivent comprendre que la meilleure façon de donner une bonne image de l'Algérie est d'assurer une formation de qualité à ses enfants», a-t-il tenu à souligner.