La tempête passée, la famille de la victime est livrée à elle-même. Qui ne se souvient pas du jeune Walid Soualhi, âgé de 14 ans, tué d'une balle tirée par un militaire, la veille de l'Aïd El-Kebir 2002 ? Cette bavure a été commise à proximité du Commandement des forces terrestres de Aïn Naâdja où Walid faisait paître son mouton comme tous les jeunes de la cité des 720-Logements. Ce soldat, qui montait la garde le somma de s'en aller avant de lui tirer froidement une balle qui l'a atteint mortellement au cou. Ce militaire ne s'est pas arrêté là. Il a continué à tirer, blessant le mouton de la victime. L'information avait vite fait le tour des cités. Des émeutes avaient éclaté et les manifestations avaient duré quatre jours. L'auteur de cette bavure avait été mis sous mandat de dépôt, en attendant sa présentation devant le tribunal militaire. Le cas de Walid n'est, hélas, pas le seul ! Les exemples à ce propos sont légion. Gendarme, maire, député ou simple citoyen armés sont responsables de dépassements graves qui, souvent, ont causé mort d'hommes. Des affaires qui n'attendent qu'à être traitées et les victimes indemnisées. Ce qui n'est toujours pas le cas, surtout quand on a affaire aux corps constitués. La tempête passée, les familles de ces victimes sont livrées à elles-mêmes, sans savoir à qui s'adresser. C'est le cas de la famille Soualhi qui attend toujours réparation. Pourtant, les autorités ont reconnu le fait et ont promis au père de la victime des indemnités. M. Laârbi Soualhi et ses deux enfants ont été surpris par notre visite. Ils ne s'attendaient pas que quelqu'un vienne leur parler du défunt. Cela fait vingt mois que ce drame s'est produit sans que les autorités se manifestent. Quant à la mère, elle ne veut voir personne et affirme que tout l'or du monde ne remplacera pas son Walid. “Je ne sais pas à qui m'adresser pour réclamer dédommagement, je ne sais pas à quelle porte frapper”, déclare M. Soualhi. Ce dernier ne possède aucun document avec lequel il peut agir : “Je ne sais pas quoi faire, je suis illettré, je ne sais même pas écrire correctement mon nom. Mon seul avocat, c'est Dieu !” Cette famille a eu droit à vingt millions de centimes pour les frais des funérailles et depuis, c'est le silence total des autorités. Aucun papier n'a été demandé à cette famille pour la constitution d'un dossier, même pas l'extrait de décès du défunt ! “L'Etat a promis de donner suite, mais à ce jour, rien n'a été fait. Je ne connais même pas le sort qui a été réservé à ce soldat”, déclare le père. Ce denier a assisté au procès, mais n'a pas pris connaissance du verdict. “Je ne pouvais pas supporter de voir l'assassin de mon fils en face de moi. Je ne pardonne pas et j'attends toujours réparation”, a-t-il affirmé. M. B.