Le président-directeur exécutif de l'International Crisis Group, M. John Evans Gareth, a été reçu par le Président Bouteflika vendredi matin à la résidence d'Etat Djenane El-Mithak. Cette rencontre fait suite aux entretiens qu'a eus, jeudi, M.Evans Gareth avec le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis et M.Abdelaziz Ziari, ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger et de la Coopération régionale. A l'issue de sa rencontre avec le Président de la République, M.Evans Gareth s'est dit convaincu que «plus personne n'est naïf en ce qui concerne le terrorisme et l'extrémisme islamiste». Le président de l'ICG, organisation non gouvernementale internationale, «dont l'objectif est d'améliorer la réponse internationale aux crises politiques et humanitaires» a ainsi prôné la poursuite de la lutte contre ce phénomène, «tant au plan interne que sur le plan international». Il s'est notamment félicité de l'établissement de bases pour un dialogue «continu et de qualité» entre l'Algérie et son organisation. L'instauration des règles de dialogue entre les deux parties étant l'objectif principal de cette visite, «afin de pouvoir mieux avancer», a indiqué M.Evans Gareth. Le président-directeur exécutif de l'ICG, et ancien ministre des Affaires étrangères d'Australie, a eu à évoquer avec ses interlocuteurs algériens plusieurs questions dont celles de la situation générale en Algérie, du processus de démocratisation et de l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste. M.Gareth a salué à ce propos les progrès réalisés dans ce domaine en sus du processus de réconciliation politique, notamment la concorde civile exprimant le voeu de le voir se poursuivre à un rythme accéléré. Dans la même lancée, M.Ziari a rappelé à son hôte que l'Algérie, tout en combattant les horreurs du terrorisme, a toujours veillé à préserver le respect des droits de l'Homme, insistant à ce propos sur la volonté des pouvoirs publics d'inscrire leur action dans une démarche transparente, à travers, notamment, la coopération avec les institutions internationales, y compris les organisations non gouvernementales. Ce même organisme international avait publié en juillet 2001 son Rapport Afrique dont une partie traitait de la situation en Algérie intitulée «La concorde civile: une initiative de paix manquée». Dans ce texte, on pouvait lire: «L'adoption de la loi sur la Concorde civile proposée par le Président Bouteflika en avril 1999, approuvée par un référendum populaire en septembre 1999, et soutenue par les dirigeants du FIS, n'est pas parvenu à convaincre une grande partie des maquisards de rendre les armes et à ramener la paix civile. Aucune solution politique durable au conflit islamo-militaire n'a été trouvée et la crise menace de s'étendre à d'autres secteurs sociaux.» Dans une série de recommandations adressées «aux dirigeants algériens», cette organisation internationale, qui compte dans son conseil d'administration des sommités telles que Richard Allan, ancien chef du puissant Conseil national de sécurité américain et conseiller national à la sécurité, Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, Georges Saros, président de l'Open Society Institute, entre autres, avait suggéré d'«accepter le retour des islamistes sur la scène politique en reconnaissant le parti Wafa d'Ahmed Taleb Ibrahimi, interdit sans raison juridique par le ministre de l'Intérieur pour favoriser un regroupement politique de toutes les tendances islamistes dans le cadre d'un parti soumis à la Constitution» et de «s'engager à entamer un dialogue national public et transparent qui établirait un agenda électoral pour la tenue de nouvelles élections communales, législatives et présidentielles, créer un parti politique représentatif des intérêts de l'armée et établir une commission de vérité et réconciliation avec la participation de tous les acteurs politiques et sociaux. Cette commission doit être dotée d'une indépendance totale ainsi que de la capacité d'identifier les coupables publiquement. De plus, son mandat doit lui permettre de convoquer tous les protagonistes à témoigner». La volonté d'ouvrir la voie à un dialogue franc et constructif entre les pouvoirs algériens et l'International Crisis Group participe à une stratégie de redéploiement des Algériens sur la scène internationale. L'approche de la date de la prochaine session de la Commission des droits de l'Homme à Genève en avril et la proximité des échéances électorales sur fond de crise en Kabylie y est pour beaucoup. Car l'enjeu premier n'est pas tant de redorer l'image d'un pays que de garantir la stabilité intérieure. Une stabilité institutionnelle plutôt que politique. Et ce n'est certainement pas un hasard si le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis, a tenu à affirmer à M.Evans Gareth «la ferme volonté» des autorités algériennes de «renforcer les fondements de la démocratie, de l'Etat de droit et de l'économie de marché» et mis en exergue «les avancées» enregistrées dans ces domaines en soulignant le «caractère perfectible et évolutif» de ce processus.