L'opération, estime le ministre, exige plus de préparatifs de la part de l'Administration, une décision politique et une prédisposition des électeurs. Ce n'est pas la première fois que le ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur, contredit son chef de l'Exécutif. Après avoir écarté la tenue du référendum prévu pour la fin de l'année dernière, contrairement au «souhait» émis par Abdelaziz Belkhadem, le ministre de l'Intérieur Nouredine Yazid Zerhouni, a estimé hier que le jumelage des élections législatives et locales nécessite de grands moyens humains et logistiques. «Même si la décision est prise, il faut prendre en considération les capacités de sa faisabilité», dit-il en mettant en exergue le nombre élevé d'analphabètes qui se situe autour de 7 millions de personnes. Par ailleurs, la déclaration de Zerhouni vient conforter la position des partis politiques qui ont rejeté la proposition de Belkhadem qui avait avancé l'idée par souci de limiter les dépenses. Mais les partis ont soulevé l'incapacité d'assurer le contrôle d'une double opération électorale. En somme, pour M.Zerhouni, le jumelage des élections locales avec les législatives exige plus de préparatifs de la part de l'Administration, une décision politique et une prédisposition des électeurs. A propos du nouveau découpage territorial envisagé, il a indiqué que cette question est encore au stade de la méthodologie, assurant que le nombre de circonscriptions nouvelles n'est pas encore fixé et que cela pourrait intervenir dans le courant de cette année. Dans son allocution d'ouverture du séminaire de formation des chefs de daïra, organisé à l'Eole nationale d'administration, Zerhouni a mis l'accent sur «les difficultés et imperfections dues essentiellement au manque d'effectifs et de moyens» dans les collectivités locales. La société a connu des évolutions importantes pendant les dernières années, soutient-il, malheureusement, l'administration n'a pas suivi le rythme de ces évolutions. Dans une société où l'on compte 800.000 étudiants et 8 millions d'écoliers, on ne peut plus se satisfaire d'un rendement suranné. «Il y a de nouveaux besoins et de nouvelles exigences (...), les réactions de l'administration doivent être rapides et appropriées». Les carences existent, admet-il, elles se situent à tous les niveaux, y compris dans les structures du gouvernement. «Nous nous engageons, dès lors, dans un travail de fond de telle sorte qu'on puisse armer les cadres de l'administration», en l'adaptant aux exigences actuelles. Ce travail s'insère dans un programme global de «réforme de l'administration», dont la commission chargée par le président de la République de faire le diagnostic de la situation, avait présenté un «rapport très riche», rappelle-t-il. L'opération de recyclage du personnel avait débuté en 2001 par la formation des secrétaires des APC puis des walis, suivie par celle des directeurs centraux et des chefs de daïra. Elle se résume dans la communication, la gestion des crises, la transparence et la participation de la société civile, grâce au concours d'experts en la matière. Le choix de la prestigieuse ENA -rattachée à l'Intérieur depuis l'année dernière- pour ce genre de séminaire n'est pas fortuit. «On n'est plus en 1962, dit-il, on ne peut dire, en 2007, qu'on n'a pas les moyens». Les réponses à l'emporte-pièce n'ont plus leur place, a-t-il averti. Il s'agit, en fait, d'un vaste programme. Il est question aussi de renforcement des structures locales en personnel. On prévoit le recrutement de 3500 cadres en 2007, qui constitueront les staffs techniques des wilayas et daïras, contre 2500 en 2006, annonce le ministre. «Dire que l'Algérien est ingérable est faux; apprenez à gérer et vous saurez que rien n'est ingérable», lance M.Zerhouni avec une touche d'humour. Le ministre a, en outre, indiqué que la Libye est «souveraine» dans sa décision d'exiger le visa pour les ressortissants algériens, «s'ils (Libyens-Ndlr) l'estiment utile à leur sécurité». Même si, ajoute-t-il, «cela peut avoir des impacts sur l'approche que nous faisons de l'Union maghrébine». Le ministre de l'Intérieur n'a cependant pas évoqué une éventuelle mesure de réciprocité vis-à-vis des ressortissants libyens. Il a indiqué au sujet de l'affaire Khalifa que «le gouvernement britannique sait que c'est très important. Car nous travaillons sur ça», a-t-il ajouté, en marge du séminaire sur la formation des chefs de daïra.