Même si la loi n'interdit pas ce genre d'opération, l'administration se dit incapable d'assurer des élections transparentes. Le jumelage des élections législatives et locales est une partie non jouable pour le département de Zerhouni. Ce dernier n'a pas opté pour le choix de son chef du gouvernement pour des raisons purement juridiques et techniques. S'exprimant hier sur les ondes de la Chaîne.III, le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, Saïd Zerouki, est revenu sur ce sujet pour justifier la décision du ministère. Tout d'abord, sur le plan légal, explique le responsable, l'article 75 régissant l'organisation des élections n'autorise le jumelage des deux scrutins que dans le cas où l'expiration des mandats des parlementaires et celui des élus locaux intervient au même temps. Ce qui n'est pas le cas justement pour le calendrier des députés et des élus locaux. Alors que le mandat des parlementaires expire dans deux mois, celui des élus locaux s'étale jusqu'au mois d'octobre prochain. Le département de Zerhouni ne pouvait tourner le dos au règlement pour satisfaire le patron de l'Exécutif. Ce n'est pas tout. Sur le plan organisationnel, le jumelage du scrutin risque de poser de sérieux problèmes en matière d'encadrement et de surveillance de l'opération. Ce qui ouvrira la voie à la fraude. «Le jumelage demandera la mobilisation de grands moyens financiers et humains», affirme M.Zerouki. Il citera, à titre d'exemple, qu'au lieu de mobiliser 15 personnes pour chaque bureau, il faudra mettre 30 agents au niveau de chaque bureau pour contrôler l'ensemble des urnes. Un autre élément de taille, c'est la capacité d'accueil de bureaux qui fait en sorte que l'organisation de scrutins en même temps est impossible. Même si la loi autorise ce genre d'opération, sur le plan technique, l'administration se dit incapable d'assurer des élections transparentes. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales l'avait même reconnu. «Le jumelage des élections exige plus de préparatifs de la part de l'administration, une décision politique et une prédisposition des électeurs», avait déclaré le ministre en marge de la cérémonie de lancement d'un cycle de formation au profit des chefs de daïra à l'Ecole nationale d'administration (ENA). M.Zerhouni avait même souligné que les élections communales et de wilayas, qui se déroulent simultanément, sont préparées et réalisées par des services distincts de l'administration locale, et surveillées par des équipes de contrôleurs distincts. «Si l'on intègre des élections législatives le même jour que les élections locales et ce, après une décision politique, il faut des préparatifs et des moyens humains et matériels supplémentaires», a-t-il précisé, s'interrogeant toutefois: «Les électeurs seront-ils en mesure de choisir entre tous les candidats en lice?». Il faut reconnaître que la proposition de Belkhadem avait suscité l'ire de la classe politique. Les partis, qu'ils soient de l'opposition ou de l'Alliance présidentielle, ont soulevé le spectre de la fraude pour rejeter cette option, et ce, en raison de l'impossibilité de contrôler un scrutin à multiples facettes. Le secrétaire général du RND a émis un niet catégorique à toutes les propositions formulées par son successeur à la tête de l'Exécutif estimant que le jumelage des élections législatives et des locales est «techniquement impossible». Selon lui, du point du vue constitutionnel, on ne peut pas retarder les élections législatives et il est difficile de préparer des élections locales avant l'heure.