Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que la convention de l'ONU sur les disparitions forcées recoupe très largement la Charte pour la réconciliation nationale. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a affirmé hier à Rome que «l'Algérie n'a rien à cacher» concernant la question des disparus. Pour preuve, a-t-il tenu à préciser, le président Bouteflika a mandaté un ministre de la République a contrario des autres pays qui ont délégué leurs représentants auprès de l'ONU pour parapher la convention des Nations unies sur les disparitions forcées, paraphée mardi dernier à Paris. «Ceci est un témoignage de la volonté de l'Etat algérien de ne rien cacher et de montrer la direction dans laquelle le pays s'est orienté» a-t-il plaidé. Sur un autre plan, Mohamed Bédjaoui a réaffirmé le soutien de l'Algérie à la relance des relations euro-méditerranéennes à son homologue italien, M.Massimo d'Alema, lors de leur rencontre jeudi. M.Bedjaoui a indiqué à son homologue que l'Italie a un grand rôle à jouer pour faire de la Méditerranée une aire de paix et de prospérité partagée. En outre, le ministre algérien a animé, sur invitation de l'Observatoire méditerranéen, une conférence sur le thème «existe-t-il une communauté internationale?». Dans son exposé historique et juridique, le diplomate algérien a lié le principe de l'existence de la communauté internationale à la question de l'homme et l'inaliénable «principe de l'humanité». Toutefois, M.Bedjaoui a indiqué que certaines nations niaient l'existence de ce concept pour le changer par celui de la «Société internationale» car l'expression «communauté» suggère l'idée de solidarité qui n'existerait pas. Ils préfèrent, indique-t-il, parler de «société» plutôt que de «communauté» au motif que la société est fondée sur des intérêts respectifs et des nécessités d'échanges pendant que la communauté serait fondée sur des sentiments d'appartenance commune, a-t-il dit. Et de préciser que tout «ce qui a été dit de l'existence de cette communauté internationale est le reflet d'une partie de la réalité du monde contemporain.» Aussi, ajoute M.Bedjaoui, la différence de niveau de développement est considérée comme le principal obstacle à la création d'une véritable communauté internationale homogène. Evoquant les conflits, en Afrique et au Proche-Orient, le ministre a souligné que la communauté internationale, l'ONU en tête, apparaît souvent impuissante dans ses réactions. Et de s'interroger s'il s'agissait d'impuissance ou d'absence de volonté. «Je vous laisse seuls juges», a-t-il lancé.