A quelques mois des prochaines élections communales, le bilan de la gestion des cités devient réellement inquiétant pour l'avenir des citoyens et de leurs villes. Pour le second semestre de l'année 2001, 335 présidents d'APC et 675 élus locaux ont été suspendus de leurs fonctions, ont vu leurs activités gelées ou ont été mis en examen. A cette véritable hécatombe qui a touché de plein fouet le citoyen dans sa vie quotidienne, s'ajoute le fait qu'il existe actuellement près de 300 enquêtes en cours impliquant des élus d'APC ou d'APW. Mauvaise gestion, dilapidation de deniers publics, détournements, faux en écriture, marchés frauduleux et corruption sont les chefs d'inculpation qui reviennent le plus souvent dans les enquêtes déclenchées à cet effet. Pire, plusieurs centaines d'APC à travers le pays ont été complètement ruinées par le «self-service» érigé en système par les élus, dès la première année de leur mandat, c'est-à-dire depuis 1997. Vraisemblablement, ce sont Alger et Oran, deux villes mastodontes de par leurs potentialités, leurs richesses et les enjeux politiques et sociaux qui les sous-tendent, qui ont connu le plus grand nombre de scandales liés au foncier, aux logements ou aux aides sociales. Des communes telles que Maqaria, Bir Mourad Raïs, Bordj El-Kiffan, Birkhadem, Gdyel, Aïn Turck, Aïn Biya, Bethioua ou Marsat El-Hadjadj ont été très fortement secouées par ces scandales. Il existe au moins 5.000 élus d'APC dont le nom a figuré sur la liste des bénéficiaires de biens communaux, durant le mandat actuel et près de 10.000 biens leur ont été affectés, à cet effet. Les APW n'étant pas en reste, 1000 biens divers ont été affectés aux élus des wilayas. Cela n'est pas bien loin des 10.000 biens sociaux fictifs attribués par les ex-élus FIS à leurs citoyens par calcul électoraliste évident. Des milliers de recours ont été déposés par les citoyens pour protester contre l'iniquité de leurs élus. Des centaines de plaintes fondées ont été introduites par des citoyens auprès des tribunaux et ont abouti à l'arrestation, l'inculpation et l'incarcération d'élus locaux. A quelques petits mois des échéances électorales, les APC se préparent aux folles joutes partisanes, en procédant à la distribution anarchique des derniers biens qui existent encore. Les rares présidents d'APC, qui ont pu se maintenir encore en poste, les dernières semaines de leur mandat, sont agités à souhait. Pour la plupart, coupés du peuple, isolés dans leurs «cercles d'initiés», il s'agira d'une mort lente, et dans ce cas, c'est la ruée vers les derniers privilèges communaux. Pour les autres, il s'agit de «bouger», de «faire semblant», de se refaire une virginité, afin de multiplier leurs chances de se voir réélus. Le poste de maire... se meurt. Il n'y a plus de manager, de responsable capable et décidé, de meneur d'hommes, d'urbaniste, d'homme de terrain. Il ne reste que des élus de compromis, de maintien d'équilibres précaires et de jeux partisans. La première cellule de l'autorité de l'Etat cherche son maire. Désespérément.