Sans enthousiasme particulier, les Mostaganémois s'apprêtent à élire, le 29 novembre et pour cinq nouvelles années, leur 27e maire parmi une nouvelle Assemblée populaire communale. Il assumera dès lors la 12e mandature depuis l'indépendance de l'Algérie, la 4e sous le couvert du multipartisme. Ainsi, entre délégués spéciaux nommés et maires, Mostaganem détient le record d'avoir “consommé'' pas moins de 26 P/APC qui se sont succédé à la tête de sa commune depuis que l'Algérie a recouvert son indépendance. Les cinq premiers locataires de son majestueux hôtel de ville étaient désignés par arrêté préfectoral et se nommaient “président de délégation spéciale''. Le premier magistrat de la ville était Bensaber Mostefa, nommé directement après l'indépendance en juillet 1962. Comme à travers l'Algérie entière, les premières élections locales eurent lieu le dimanche 5 février 1967. Cette année-là, Mostaganem comptait 75 297 habitants, soit près du dixième de la population du département de l'époque. Pharmacien de son état, Benderdouche Djelloul en fut le premier maire élu. Et il le sera pour de longues années durant. Il assumera deux mandats consécutifs avant d'être rappelé 15 ans plus tard par l'administration pour diriger le comité communal provisoire (CCP) ayant préparé le terrain à l'avènement du multipartisme en Algérie. Désigné par le wali, Hamimid Mohamed Nadir, l'ancien maire s'est essentiellement attelé à préparer les premières élections multipartites de juin 1990. Alors que le pays était pleinement engagé dans sa triple révolution (agraire, industrielle et culturelle), Kara Mostefa Rachid lui succédera au lendemain des élections de mars 1975. Au lendemain de sa mandature prolongée de quelques mois supplémentaires en raison de la disparition du président Houari Boumediène, jamais, jusqu'à ce jour, plus aucun édile n'a achevé son mandat à la tête de l'instance communale ! Elus à l'issue des élections de décembre 1979, ils seront deux membres de l'APC, Rezzoug Mohamed et Ziane Abdelkader en l'occurrence, à se relayer à l'hôtel de ville pour mener à terme le mandat suivant, achevé en 1984. 1984-1989, ce sera la dernière mandature sous le paravent du parti unique. Benabed Mohamed, Bentriki Bouasria, Bouterfa Abdallah et Bouazza Mansour, Mostaganem eut pas moins de quatre maires en cette seconde moitié de la décennie 1980, et c'est à cette époque que remonte la destruction volontariste du Derb, et une bonne partie de l'histoire de la ville avec. À l'instar de centaines de communes d'Algérie, celle de Mostaganem verra l'élection du candidat FIS, Gana Mansour, un agent d'une ancienne entreprise nationale. Dès les premiers temps de son mandat, l'assemblée des élus à dominante islamiste sera minée par les luttes intestines. UNE GESTION DE POPULISME Le premier maire élu sous le couvert du multipartisme est évincé 3 mois après son installation. Trois de ses paires de la même formation politique lui succéderont avant la proclamation de la dissolution de leur parti. Au cours de ce bref mandat, on assistera à une gestion empreinte d'un nouveau genre de populisme. L'APC se mis à délivrer des permis de construire au tout-venant et sans le moindre égard pour l'urbanisme. Entre avril 1994 et octobre 1997, au moment où l'Algérie, meurtrie et déchirée par le terrorisme, traversait l'étape la plus dramatique de son histoire contemporaine, ils furent quatre commis de l'Etat à être mandatés par l'administration pour assumer la lourde charge de la gestion des affaires de la commune. Au lieu d'une assemblée populaire élue, c'est une délégation exécutive communale qui sera désignée. Benslimane Sadek, un cadre de la santé, en sera le premier responsable pendant près de deux ans. Ghazali Abdallah, un retraité de l'enseignement, lui succédera avant de décéder en 1995. Bettache Mansour sera chargé de l'intérim jusqu'à la désignation de l'administrateur Khaldi Benaâmar au mois de juin 1995. Ce dernier y demeura deux années, à exécuter les directives pas toujours du goût du citoyen mostaganémois. Pire, il payera de sa propre et digne liberté individuelle, l'antagonisme des milieux occultes en place à l'époque, avant d'être innocenté par la justice incapable de lui coller le moindre grief relatif à la gestion des affaires communales. Un autre cadre de l'administration locale, Ouadeni Bouasria, le remplacera pour quelques mois, en attendant l'organisation des secondes élections locales plurielles le 23 octobre 1997. Mansour Benrached, candidat RND issu d'une élection marquée par une fraude fortement décriée à l'échelle locale et nationale, sera proclamé président de cette septième Assemblée populaire communale de Mostaganem. Bien avant que sa mandature expire, cet ambitieux ancien syndicaliste, n'a pas tardé à manifester son désir de siéger à la seconde Chambre nationale. Il briguera le poste de sénateur, et il réussira à ramasser suffisamment de voix face à ses rivaux. Le mandat de sénateur ayant expiré, il conduit dans le cadre des imminentes élections locales, la liste APW du parti d'Ahmed Ouyahia. Un proche, tant au sein de la formation politique qu'au plan familial, Benaïchouba Harrag en l'occurrence, le remplacera jusqu'au terme du mandat. À l'issue du scrutin du 10 mai 2002, c'est l'ancien dernier DEC, Ouadeni Bouasria qui revint premier magistrat de Mostaganem sous l'étendard de l'ancien parti unique. Sa présidence de l'APC ne dura qu'à peine deux ans avant d'être contraint par la maladie au désistement de son poste. Pour le même handicap de la santé défaillante, le président d'APC suivant, Boutchatcha Abdelkader, SG de daïra de son état, a dû déclarer forfait au mois de février 2005. Depuis, c'est le maire sortant, Bentifour Halim, un cadre du Trésor, qui a présidé aux destinées de la commune. Au terme de 45 ans d'expérience en matière de gestion des affaires de sa commune, plus que jamais, le citoyen mostaganémois ne dissimule plus son scepticisme quant à l'apport de cet élu. Il ne croit plus ou presque à l'efficacité de son action et pour cause: au lieu de régler les problèmes des citoyens et des cités, certains élus ne se sont intéressés qu'à l'amélioration de leur train de vie, en tirant amplement profit des privilèges que leur procure la fonction. Pour ceux-là, la vie de citoyen constitue le dernier de leurs soucis. Les défaillances de l'assemblée élue ont été mises à nu au lendemain de l'avènement du multipartisme. Durant cette période, à la faveur de l'insécurité conjuguée à la à la débandade et à la démission non déclarée de l'Etat, l'abus de pouvoir est devenu une règle de fonctionnement de l'administration locale. À défaut d'interlocuteur jugé crédible et compétent, du problème le plus crucial, à l'instar du logement ou de l'emploi, à la préoccupation la moins prioritaire, le recours aux hautes autorités, par requête personnelle ou lettre ouverte par le biais des journaux, s'est largement banalisé. Sommé d'en haut, chacun ira de sa propre initiative d'aménager une ou deux matinées consacrées à l'audience des concitoyens. On fit semblant d'être à l'écoute de la population. M. O. T.