L'idée d'un Institut des études islamiques fait son chemin en France. Soheil Bencheikh représente pour tous ceux qui ont l'occasion de le côtoyer, ce visage moderne de l'Islam, tolérant tout en étant cultivé et un fin connaisseur de l'histoire de l'Islam que des questions théologiques. Il soutient, en outre, l'idée très pertinente que les musulmans de par le monde auraient intérêt à ne pas réagir toujours de façon épidermique face aux critiques et autres attaques. Un musulman convaincu de sa foi et de sa religion doit, en effet, demeurer inébranlable en toute situation. Par rapport aux intégristes de tous bords, Soheil Bencheikh est ce mufti qui peut le mieux représenter l'Islam, aussi bien à Marseille, ou partout ailleurs dans le monde. C'est la raison pour laquelle, on peut ne pas comprendre le peu d'empressement, voire l'indifférence du gouvernement algérien, à apporter de l'aide au recteur de la mosquée de Marseille, par ailleurs, initiateur de cette grande idée de l'Institut islamique de France, où il sera question de former aux sciences de l'Islam, une institution qui sera ouverte, bien sûr aux musulmans, mais aussi aux non musulmans, qu'ils soient chrétiens ou juifs, ou autres, dans la mesure où ils sont intéressés par une meilleure connaissance de l'Islam. Il y a tellement de charlatans en France et partout ailleurs dans le monde que l'idée d'un institut de haut niveau, à même de dispenser un savoir islamique expurgé des scories et des visions moyenâgeuses ne peut être que bien accueillie, et recevoir l'aval des autorités algériennes. Mais, apparemment, il n'en est rien, puisqu'un intellectuel musulman engagé comme Soheil Bencheik se retrouve, seul, à se battre comme Don Quichotte contre des moulins à vent. L'Islam en France est traversé par tant de courants, tant de visions contradictoires qu'il ressemble un peu à une auberge espagnole, chacun y trouvant ce qu'il a apporté, soit de son pays d'origine, soit des nouvelles organisations qui naissent, certaines étant carrément d'obédience intégriste. Ayant pendant longtemps vécu caché, pratiqué qu'il était, dans des caves et des lieux retirés, l'Islam de France, en sortant de l'ombre, le fait un peu avec fracas, et il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. C'est la raison pour laquelle, l'idée d'un Institut islamique, dirigé par des muftis éclairés ne peut être qu'une bonne chose et devrait être encouragée aussi bien par les autorités françaises que par le gouvernement algérien.