Depuis l'engagement des cinq pays maghrébins, le 17 février 1989, l'union chimérique est frappée de mille et une grippes. La commémoration, hier, du 18e anniversaire d'une Union maghrébine moribonde, a pris, à nouveau, les allures d'un retour au mausolée. Depuis l'engagement des cinq pays du Maghreb qui date du 17 février 1989, l'union chimérique est grippée. Le moteur politique étant en panne, les opérateurs économiques s'astreignent à remettre sur rails une UMA économique et ont annoncé, hier, depuis le Maroc, la mise sur pied de l'Union des employeurs maghrébins. Tant mieux, à la condition que les politiques ne s'y mettent pas. Est-ce possible? Quoi qu'il en soit, les chefs d'Etat, à commencer par Abdelaziz Bouteflika et Zine El Abidine Ben Ali, ont salué cette initiative, la considérant comme une bouffée d'oxygène pour l'UMA. En économie, le principe de «laisser faire, laisser passer» est toujours applicable, notamment pour des pays en quête d'une transition. Seulement, les politiques n'ont pas compris encore que ni «public choice theory», encore moins l'école keynésienne ne prêchent l'intervention, à bottes enfoncées, des politiques. Reste à savoir si les sensibilités politiques ne joueraient pas, cette fois-ci encore, contre cette option d'une UMA économique. Sa raison d'être, à en croire ses concepteurs, est de propulser le commerce extérieur et la création d'une zone maghrébine de libre-échange. Hier encore, les pays maghrébins ont proclamé leur attachement à la relance de cette entité, mais sans pour autant avancer concrètement. Une chose est sûre, le discours qui tournait depuis 18 ans n'est plus en mesure de rafraîchir la face blême de l'UMA. «Chacun se doit de redoubler d'efforts afin que nous puissions surmonter les difficultés qui continuent malheureusement à entraver l'éclosion d'une réelle dynamique d'intégration», affirme le roi du Maroc dans un message adressé aux quatre autres chefs d'Etat. De son côté, le président tunisien a saisi la même occasion pour «réaffirmer son aspiration à dynamiser les structures et institutions de l'Union». Le lendemain, comme à l'accoutumée, le rideau tombe sur la scène et la grisaille devient maîtresse des lieux. C'est le scénario qui se reproduit chaque année. En toile de fond existe, aussi, une Europe qui ne cesse de jouer le trouble-fête et sur le plan politique et sur le plan économique. Car, il faut le reconnaître, l'Union européenne a toujours avantagé une coopération avec des pays maghrébins se présentant en rangs dispersés. En un mot, l'UE n'a pas intérêt à voir naître, un jour, la fameuse Union du Maghreb arabe. Y a-t-il encore une chance de parvenir à une intégration régionale des pays du Maghreb? Difficile de solutionner l'équation d'un simple calcul à la va-vite. Des visas par-ci et des contrats d'armement par-là, la question sahraouie n'est plus l'éternel et unique casse-tête qui freine la locomotive de l'UMA. L'édifice maghrébin a bel et bien connu d'autres graves séismes depuis le début de l'année 2007 pour ne pas remonter trop dans le temps. L'ex-champion de toutes les «unions», en l'occurrence Maamar El Gueddafi, a décidé, tout récemment, d'instaurer un visa à l'intention des ressortissants des pays maghrébins et expulser tous les travailleurs immigrés en situation irrégulière. C'est, décidément, un véritable coup de Jarnac porté à la construction maghrébine, déjà sérieusement lézardée. Ce brusque procédé libyen, nullement une nouvelle anecdote «gueddafienne», portera un coup sérieux à la construction de l'UMA, dont les instances sont pratiquement gelées depuis 1994. En dépit de la suppression des visas depuis deux ans, entre l'Algérie et le Maroc les frontières terrestres demeurent encore fermées depuis l'attentat terroriste de Marrakech de 1994. Quant à la question sahraouie, celle-ci est toujours en stand-by aux Nations unies. Le Maroc de son côté persiste dans son entêtement au lieu de se conformer à la légalité internationale et les dispositions onusiennes. Le duo franco-espagnol s'est investi davantage dans le conflit, appuyant illico presto le plan d'autonomie proposé par le Maroc. L'Espagne est allée jusqu'à signer avec le Maroc un contrat de réarmement qui, a fortiori, servira à maintenir les forces d'occupation au Sahara occidental. En somme, l'UMA continue à être un rêve, voire un idéal pour les Maghrébins.