L'Elysée a choisi de s'inscrire dans une démarche tout à fait classique et logique. Le président français, Jacques Chirac, a apporté officiellement son soutien au candidat UMP, Nicolas Sarkozy, pour la présidentielle 2007. Mercredi soir, lors d'une courte intervention télévisée, le président sortant a annoncé qu'il votera naturellement pour son ministre de l'Intérieur. Expliquant son choix, Chirac a fait savoir que Sarkozy a réussi à construire l'UMP «que j'ai voulu créer, il y a cinq ans» a-t-il déclaré. Et de préciser: «Cette formation a choisi de soutenir la candidature de Sarkozy à l'élection présidentielle. Et ceci en raison de ses qualités. Donc, c'est naturellement que je lui apporterai mon soutien.» Par la même occasion, le premier responsable de l'Elysée a annoncé que Nicolas Sarkozy quittera le ministère de l'Intérieur lundi prochain. La passation de pouvoirs entre Sarkozy et son successeur, François Baroin, aura lieu l'après-demain. D'une pierre, deux coups pour Sarkozy. Conforté par l'Elysée d'une part, et se désengager des affaires de l'Intérieur, le candidat UMP s'engagera corps et âme dans la campagne électorale. Autrement dit, Nicolas Sarkozy entre de plain-pied dans le travail de proximité et de sensibilisation. Si le soutien de Chirac a été applaudi par les militants de l'UMP, ce «geste» de l'Elysée a, toutefois, suscité trop de polémique dans les rangs des différentes formations politiques françaises. La majorité des «petites» formations ont estimé que le soutien de Chirac à Sarkozy s'inscrit dans une logique de droite. La candidate socialiste, quant à elle, a estimé que cela exprime la volonté de l'Elysée à garder la même politique et le même courant. Les observateurs de la scène politique française estiment que le soutien de Chirac à Sarkozy n'est en réalité qu'un soutien de courant que de personne. C'est ce qu'a avoué Chirac même en déclarant que la création de l'UMP était, un moment donné, une de ses ambitions. Malgré le jeu du chat et de la souris qui a eu lieu entre les deux personnes, notamment, pour la candidature de «Sarko», le geste de Chirac s'inscrit dans la démarche du courant de la droite. Réellement, l'UMP de Sarkozy, n'est que le fil conducteur de l'ancien RPR (Rassemblement pour la République), créé en 1967. Ce mouvement a succédé, à son tour, à l'ancien mouvement gaulliste UNR (Union pour la nouvelle République), fondé en 1958 pour soutenir De Gaulle. Donc, c'est au titre des démarches traditionnelles de la droite que l'on comprend celle de Chirac. Selon les mêmes observateurs, Sarkozy a toujours appartenu au cercle chiraquien. Le torchon commençait à brûler entre les deux hommes, à l'occasion de l'élection présidentielle de 1995, lorsque Sarkozy a préféré s'allier à Edouard Balladur. C'était à cette occasion que Sarkozy et l'actuel candidat de l'UDF, François Bayrou, se sont mis d'accord sur le même point politique, à savoir soutenir Balladur. Après avoir été écarté du gouvernement d'Alain Juppé, Sarkozy a été appelé à occuper le portefeuille de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés locales. Sarokozy a changé de position en 2002 lors de la présidentielle. Au deuxième tour, il a «soutenu» Chirac plutôt que de s'allier avec Le Pen. La succession de Villepin à Raffarin en 2005, juste après l'échec du référendum européen, a permis à Sarkozy d'obtenir le poste de ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire. Ainsi, l'Elysée a opté pour une «formule» tout à fait classique et logique, qui s'inscrit dans le courant droit et républicain.