Insultes, coups et harcèlement moral sont monnaie courante dans nos écoles. Des dessins réalisés par les enfants, exprimant la violence exercée contre eux par les enseignants, dans les établissements scolaires, ont été exclus de l'exposition organisée en marge de la rencontre traitant, paradoxalement, de la lutte contre la violence dans les milieux scolaires et ce, hier, au Palais de la culture. «J'estime, pour ma part, que ces agissements sont une forme de violence», nous expliquera la représentante de l'académie d'Alger, qui nous apprend, à ce sujet, que ce sont les professeurs qui ont décidé de supprimer lesdits dessins. Par ailleurs, les dessins exposés expriment un seul angle de la violence, celle exercée contre les enseignants ou entre les élèves. Insultes, coups et harcèlement moral sont monnaie courante dans nos écoles. Ce lieu perd de plus en plus de son caractère éducatif. La situation est alarmante, mais il semble que les autorités concernées ont un autre point de vue. Elles sont plutôt optimistes en estimant qu'en Algérie, nous sommes loin de la violence existant dans les établissements des pays occidentaux. Mais faut-il ecncore préciser que cet optimisme a malheureusement pour origine principale, une définition aussi spécifique que falsifiée de la violence à l'école. En Algérie, la violence physique exercée par les professeurs et dont sont victimes les élèves «est un sujet tabou». Pis encore, le harcèlement moral n'est pas considéré comme une violence. «Insulter un élève n'est pas considéré, comme un harcèlement moral qui pourrait influer négativement sur sa personnalité ou sa scolarité», a déclaré une psychologue. Elle témoigne de cette négligence ou de la sous-estimation du phénomène de la violence à l'école. Et pourtant, l'étude entamée en 1999, ayant trait à la violence dans les établissements, qui a été réalisée par des conseillers en éducation et qui a porté sur 47.000 élèves de 9e AF et 6 285 élèves du secondaire, est très instructive. Les résultats ont fait ressortir que 82% des élèves estiment que la violence existe à l'école. Elle est verbale pour 75% des élèves et physique pour 25%. Ces derniers ont même évoqué des cas de harcèlement sexuel, et ils sont 3,33 % à l'avoir avoué. Il s'agit essentiellement d'élèves du secondaire. Dans un autre chapitre, les intervenants ont estimé que la violence dans les écoles n'est pas un phénomène qui doit être traité seulement au niveau du secteur de l'éducation. Ce dernier n'est pas le seul à être montré du doigt. La société dans son intégralité doit assumer sa part de responsabilité. «La violence doit être dénoncée par les parents. Si on ne déclare pas les cas de violence, ce phénomène s'amplifiera», estime Mme Hadj-Aïssa Karima, directrice de l'orientation et de l'évaluation à l'inspection de l'académie. En effet, et selon ladite étude, aucun cas de violence n'a été déclaré. Par exemple, à Adrar, Tlemcen, Jijel, Chlef, la peur des représailles semble être à l'origine de cette réticence. Une conseillère en éducation nous révèle: «Je travaille depuis des années avec les établissements scolaires. J'ai assisté à des actes de violence, mais jamais un enseignant n'a été sanctionné. Sur le coup, on leur fait des reproches, mais, ensuite, on classe le dossier. Les professeurs comme les administrateurs sont couverts par l'Administration. Sans s'en rendre compte, les parents couvrent aussi ces agissements en ne déclarant pas les cas de violence et ne déposent pas plainte.» En évoquant ce thème, on ne doit pas oublier de souligner la violence exercée contre les professeurs. «Un phénomène qui s'est amplifié cette dernière décennie», selon Mme Hadj-Aïssa Karima. Il serait dû essentiellement à la situation socio-économique et sécuritaire du pays.