De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Au cours de sa vie, l'enfant est confronté à plusieurs actes d'injustice et d'agression de la part des adultes, qui appartiennent, soit à son entourage immédiat soit ou au milieu social dans lequel il évolue. Ces actes vont des simples réprimandes qu'il reçoit de la part de ses parents, par soucis d'éducation ou de conformité à l'ordre social établi au niveau de la cellule familiale, jusqu'aux agressions dont ils font l'objet dans la rue de la part de certaines personnes, qui n'hésitent pas à agir avec violence envers les enfants. Pis encore, les enfants scolarisés subissent au niveau des établissements scolaires différentes punitions et des mesures vexatoires classées souvent dans le cadre des sanctions disciplinaires. Le but est de faire honte à l'élève afin de le dissuader de recommencer. Selon un enseignant, une punition scolaire est infligée à un élève pour sanctionner un manque de travail ou de discipline. De ce fait, les agissements répréhensibles de l'élève sont signalés à ses camarades -le jeune élève est «mis au coin» ou se voit priver de cours avec la convocation de ses parents– mais, parfois, les éducateurs abusent de la sanction et font usage des châtiments corporels qui ont, longtemps, fait partie des punitions scolaires. Des châtiments comme les «falaqas» qui sont souvent évoqués par nos parents qui ont suivis l'école coranique. Dans certains pays, ces punitions étaient par le passé admises dans les limites du raisonnable, et même autorisées dans les écoles publiques. Alors que dans d'autres, elles ont été classées comme étant une forme de maltraitance de l'élève.Alors qu'au niveau de la wilaya d'Annaba, on évoque le décès d'une collégienne à l'intérieur d'un établissement scolaire, après avoir été battue par son enseignante, qui a finalement fait les frais d'excès dans l'application d'une sanction, par une suspension de ses fonctions. Les responsables du secteur de l'éducation dans la wilaya de Bouira se félicitent de l'inexistence de telles situations au niveau des établissements scolaires. Des enseignants indiquent que le satisfecit des responsables n'est pas dû au fait que les châtiments corporels sont inexistants dans les établissements, mais parfois, les excès de punition infligée par les professeurs à certains élèves indisciplinés, sont souvent camouflés ou arrangés à l'amiable par les responsables des établissements, craignant pour la réputation de leur école, surtout dans les cas où la punition physique ou la brutalité n'est pas suivie d'un dépôt de plainte par les parents. Par ailleurs, la directrice des affaires sociales, que nous avons rencontrée à la fin d'une journée d'étude organisée à Bouira sur la lutte contre l'exploitation des enfants, a déclaré que le châtiment corporel est strictement interdit dans les écoles et que la morale civique réprime toute peine répressive à l'encontre des parents ou des éducateurs qui recourent, souvent, à la violence pour faire régner la loi. Par ailleurs, la même responsable a ajouté ne pas détenir de données relatives à ce phénomène. Les textes interdisant le recours aux châtiments corporels dans le milieu scolaire ou familiale, existent mais cela n'a pas changé grand-chose, car, il y a aujourd'hui, beaucoup de violence dans la société, du fait que la société «des adultes» représentée par le système social et éducatif cause beaucoup de violences aux enfants, car source de leurs frustrations, désarrois et réactions défensives. La loi 08-04 du 23 janvier 2008, en vigueur dès cette année, portant orientation sur l'éducation nationale, en Algérie et fixant les dispositions fondamentales régissant le système éducatif national, stipule, entre autres, que «les châtiments corporels, les sévices moraux et toutes formes de brimades sont interdits dans les établissements scolaires et les contrevenants s'exposent à des sanctions administratives, sans préjudice des poursuites judiciaires». Cependant, du côté des parents, on apprend que les châtiments corporels sont, au sein des établissements scolaires, devenus monnaie courante malgré une circulaire ministérielle qui interdit formellement cette pratique. «Le professeur qui touchera à mon fils le payer», a déclaré l'un d'eux. D'autres ont avoué n'être plus capables de maîtriser ou de contrôler leurs enfants, à cause de tout ce que leurs enfants voient et vivent dans la société, en se déclarant compréhensifs des difficultés rencontrées par les enseignants pour faire assimiler un cours dans une classe surchargée et se composant d'un groupe d'élèves indisciplinés. Cependant, les éducateurs pensent que battre physiquement un élève est plus qu'effroyable, surtout si l'auteur de ces punitions est un enseignant astreint à la pédagogie, voire à la douceur envers des enfants sans défense. Pour un conseiller scolaire, les châtiments corporels avilissent celui qui les donne et celui qui les reçoit. Ils n'ont pas d'efficacité éducative véritable et finissent par dresser une barrière et une méfiance, entre l'élève et son enseignant. De ce fait, le châtiment corporel est loin d'être une méthode éducative adaptée et rien ne saurait justifier toutes les pratiques portant atteinte à la dignité de l'enfant. Sur un autre registre, cette violence disciplinaire ne peut qu'entraîner la violence ; l'enfant subit des violences physiques, dans l'école ou au sein de sa famille, considérées, souvent, comme légitimes et ayant pour visée d'éduquer l'enfant. Mais si l'on regarde la société, on s'aperçoit que ces violences conduisent à des maux sociaux qui sont plus destructeurs.