La multiplication des candidatures indépendantes inquiète les partis traditionnels. Le scrutin du 17 mai de l'Assemblée nationale fera-t-il la part belle aux indépendants? El Islah devrait sortir laminé par l'aile Djaballah qui a opté pour des listes indépendantes. Une situation inédite d'où prendront corps quelques règlements de compte qui devraient couronner le combat de cheikhs livré sur la place publique par le parti islamiste et dont l'épilogue sera connu probablement dans l'enceinte du Palais Zighoud Youcef. Candidats indépendants a-t-on dit? Forcés tout de même d'y aller sous cette casquette pieds et poings liés pour que le suspense demeure. A deux mois, pratiquement jour pour jour, de la fatidique tenue des élections législatives, s'il existe des candidatures dont le décryptage peut s'avérer délicat, c'est bien celles des indépendants. S'il est, pour le moment, du moins, difficile de faire une évaluation des listes indépendantes, il serait toutefois judicieux de relever le caractère hétéroclite de ces dernières, même si dans le cas assez particulier d'El Islah, elles semblent dotées d'une certaine cohérence. Quelques indices permettent de le penser. En premier lieu, le nombre limité de places, puis la position occupée par son parti d'origine. Deux facteurs déterminants qui ont pour conséquence pour les déçus qui n'auraient pas été sélectionnés en bonne place ou pas du tout, d'aller voir sous d'autres cieux. Et c'est là le recours et l'alternative aux listes indépendantes devenues une aubaine pour la circonstance et qui cristallisent en leur sein des sensibilités politiques différentes favorisés par le boycott de certains partis (FFS, MDS aile Meliani...) Des défections qui sont interprétées comme autant de chance de pouvoir briguer une place au sein de l'Assemblée nationale. La ruée vers les listes indépendantes ne suscite, donc, pas un engouement particulier et l'intérêt qui leur est porté doit être plus tempéré si l'on se réfère au parcours du combattant qu'exige la collecte des 400 signatures dûment légalisées par une administration dont le caractère bureaucratique et les critères de dépendance ne sont plus à démontrer. Les partis traditionnels ne peuvent voir que d'un mauvais oeil l'éclosion et la multiplication de ces listes indépendantes qui peuvent contenir, en leur sein, de redoutables candidats réfractaires issus de leur propre parti. Pour limiter la casse, le Front de libération nationale aurait trouvé la parade en décidant de déposer ses listes le 30 mars, à la veille de la date de clôture du dépôt des dossiers, qui a été arrêtée au 1er avril, ce qui ne laisserait aucune chance aux candidats malchanceux de confectionner leurs listes. Les indépendants demeurent, malgré tout, l'inconnue du scrutin du 17 mai 2007. Représentent-ils le souhait de certains citoyens désireux de prendre leur destin en main afin de s'émanciper de la tutelle des partis politiques traditionnels? Les partis souffrent-ils d'une crise de confiance de la part des citoyens? Disqualifiés, ils ne sont plus représentatifs de leurs préoccupations quotidiennes (chômage, logement, santé, éducation...). Et l'écologie? Ces phénomènes qui menacent jusqu'à l'existence de la planète (détérioration de la couche d'ozone, gaz à effet de serre, pollution...), quelle place occuperont-ils dans le débat? L'Algérie est considérée comme le pays le plus vulnérable dans ce domaine. Les partis ont du mal à innover leurs discours, mais n'apportent surtout pas de solutions aux yeux des citoyens. Les indépendants peuvent-ils constituer une alternative? La tâche qui les attend n'est pas des plus aisées. Des citoyens pauvres dans un pays riche. Une manne pétrolière historique et des signes effrayants de dégradation de la qualité de la vie qui gangrènent le segment, l'épine dorsale de la société, les classes dites moyennes. Les candidats indépendants ont-ils intégré cette préoccupation majeure dans leur programme? De l'issue de la prise en charge des doléances et des revendications citoyennes des Algériens, dépendra la réhabilitation du politique. les indépendants auront-ils les moyens de relever ce défi?