Le parti de Djaballah semble plus préoccupé par la transparence du scrutin. Le mouvement El Islah n'est pas intéressé par la candidature des militants de l'ex-FIS sur ses listes électorales qui seront présentées le 17 mai. Djaballah semble vouloir prendre ses distances avec ce courant. «Nous disposons d'une base militante assez importante. El Islah n'a pas besoin d'aller collecter des candidatures en dehors du parti», nous a déclaré hier M.Lakhdar Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique. L'autre raison qui justifie la position du parti islamiste, a trait au dispositif de la charte pour la paix qui interdit l'exercice de la politique aux militants de l'ex-FIS. El Islah ne désire prendre aucun risque: «Les ordonnances d'application de la charte sont claires sur cette question. Dimanche, M.Saïd Zerouki, du ministère de l'Intérieur, a été catégorique sur la participation de cette catégorie aux élections» atteste-il. Certains observateurs se sont référés à l'entrevue tenue, le 23 octobre 2006, entre Rabah Kebir et Abdellah Djaballah à Alger, pour justifier une probable alliance entre les deux tendances. Une thèse écartée d'emblée par les proches de Djaballah. Afin de comprendre les motivations du président d'El Islah, il faut savoir que Rabah Kebir n'est pas étranger à cette formation. En 1975, il avait adhéré au mouvement clandestin créé par Djaballah, lequel l'avait désigné comme responsable de la daïra de Collo à Skikda. En 1989, il prend part à l'association culturelle Ennahda, à côté de Djeddi et de Boukhamkham, avant de la quitter, à la surprise de ses anciens collaborateurs, pour rejoindre Abassi Madani et Ali Benhadj sous la coupe du FIS dissous. Aussi, en 2002, à l'occasion des joutes électorales, les cadres de l'ex-FIS ont soutenu Ennahda, ce qui n'a pas été du goût d'El Islah. A priori donc, rien ne semble rassembler les deux parties. Dans un autre chapitre, à la veille des législatives, les divisions internes au sein de ce parti sont remises sur le tapis. La dissidence qui a vu le jour depuis près de trois ans, a pu peser de tout son poids sur le déroulement des événements jusqu'à amener le ministère de l'Intérieur, le 27 décembre 2004, à interdire la tenue du congrès. Juillet 2006, la chambre administrative ordonne le gel des activités du parti. Elle a été décriée, le 2 octobre dernier par le Conseil d'Etat. Mais le sort du parti est suspendu à la décision de cette même institution qui devra statuer, dans un futur proche, sur un deuxième recours déposé par la défense de Djaballah demandant l'annulation du verdict prononcé le 12 juin par la chambre administrative près la cours d'Alger, qui a approuvé la requête des redresseurs. Une démarche qui devra permettre à El Islah de tenir son congrès, prévu initialement pour les 29, 30 et 31 décembre 2004. Benkhelaf affirme que la situation du statu quo qui règne actuellement n'entrave en rien la préparation des élections législatives. «Nous avons installé les commissions de candidatures le mois de janvier. Les premières listes, ajoute-t-il, sont déjà prêtes.» Les listes parrainées par le président du parti seront soumises au bureau national. Les cadres exclus, au nombre de 13, «n'ont pas de place sur nos listes». Ils seront amenés pour leur majorité à se présenter en tant que candidats libres. El Islah semble plus préoccupé par le déroulement du scrutin. «La transparence commence par l'assainissement des listes électorales, lesquelles ne reflètent pas la réalité», précise notre interlocuteur. La neutralité de l'administration avant et après l'opération électorale est indispensable. Enfin, souligne Benkhelaf, le contrôle des bureaux de vote doit se faire par des commissions représentatives, dont les membres doivent êtres issus exclusivement des partis ayant présenté des listes électorales, «ce qui n'est pas toujours le cas».