A deux semaines de la clôture de la période de constitution des dossiers de candidatures, prévue pour le 1er avril à minuit, pas moins de 34 listes, dont 12 d'indépendants, ont retiré les formulaires de participation. Du jamais-vu à Béjaïa, même du temps où le politique avait du crédit auprès de la population. Si pour les formations politiques, la tentation de prise de pouvoir fait partie de la logique même de leur création, il n'en est pas de même pour les indépendants qui, jadis en Kabylie, n'avaient pas leur place. Les plus opportunistes recevaient la pire des raclées. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. L'intérêt particulier en termes de participation, notamment chez les indépendants, reste un phénomène inédit. L'engouement noté chez les citoyens candidats sans chapelle politique ne peut s'expliquer en Kabylie que par des faits: d'abord, l'absence du Front des forces socialistes. L'option de boycott du FFS est perçue par les indépendants comme une chance à ne pas rater pour rafler des sièges à l'APN. Le nombre de listes d'indépendants, qui était de trois, est passé à 12 listes en une semaine, soit au lendemain du verdict du conseil national du parti d'Aït Ahmed. Et ce n'est pas encore fini car les 15 jours restants pour la clôture des candidatures peuvent donner lieu à d'autres surprises. La deuxième raison motivant cet engouement reste intimement liée au discrédit qui frappe la classe politique en Kabylie, depuis notamment les événements sanglants d'avril 2001. Ajouté aux crises internes qui secouent les formations politiques, jadis influentes dans la région, l'opportunisme se fait criant. Sur les 12 listes qui ont retiré les formulaires de participation, huit d'entre elles sont drivées par des transfuges du RCD, FFS et FLN. Bezza Benmansour, Meziane Belkacem, Madjid Beklache, Goût Mohand Arezki, Hamou Mansouri... ont tous été cadres dans des formations politiques. Outre l'esprit revanchard qui les anime, ces têtes de liste, en parfaits connaisseurs du terrain politique, savent où mettre les pieds. Il reste à savoir, à présent, si toutes ces listes vont pouvoir dépasser l'écueil des 4400 signatures de parrainage, nécessaires pour l'officialisation de l'acte de participation. La bataille avant l'heure est livrée à Béjaïa. Partout le citoyen en âge de voter est sollicité par les uns et les autres. Les indépendants ne partent cependant pas avec les mêmes chances. La liste «citoyenne», drivée par le délégué de Sidi Aïch, Bezza Benmansour, est en passe de finaliser l'opération de parrainage. Appuyée par les différentes coordinations de la Cicb, à quelques défections près, la collecte des signatures de parrainage s'est relativement bien déroulée. Ce n'est pas le cas des autres listes dont les appuis se résument aux relations amicales, familiales et professionnelles, qu'entretiennent les têtes de liste. Moins impliqués politiquement, ces appuis patinent. En attendant le 1er avril, ce sont officieusement 34 listes qui vont concourir pour les législatives du 17 mai. Un embarras de choix pour les 4400.000 électeurs de la wilaya, qu'il faudra bien mobiliser, ne serait-ce que pour dépasser le faible taux de participation de 18%, enregistré lors des locales du 24 novembre 2004..