Les islamistes et les conservateurs multiplient leurs activités en cette période estivale, au moment où le RCD, Ettahaddi, l'ANR et le FD se distinguent par leur absence du terrain politique. La formule des universités d'été a constitué une tribune à travers laquelle le MSP, Ennahda, El-Islah et le FLN se sont exprimés. Il s'agit d'abord d'affûter leur armes pour les prochains rendez-vous électoraux afin de ratisser large et ensuite tenter de réussir un tour de force par les discours prodigués, à faire tomber en désuétude certains projets de réformes qui vont à l'encontre de leurs visions conservatrices et théocratiques. Le parti de Adami, qui a un pied au gouvernement, plaide pour la libération des détenus et la levée du «blocus» sur les mosquées. Il rejette catégoriquement le rapport de Benzaghou sur la réforme de l'école, car il veut «une école algérienne dont la langue est l'arabe et l'essence est l'Islam». Le MSP réfractaire lui aussi à la réforme de l'école, a, lors de son regroupement à Boumerdès, appelé à élargir la réconciliation nationale. Nahnah, très à cheval sur la question palestinienne, a préché le discours de séduction à tout-va pour rafler la mise, vu le malaise social ou du moins serrer ses rangs. Ses élections approchent et tous les chemins mènent au pouvoir. Le MSP de Nahnah a participé à tous les gouvernements auxquels il a été convié depuis 1997. El-Islah de Djaballah, même s'il montre des divergences de forme avec Adami concernant notamment l'«Appel de la nation», converge dans le fond de son discours d'essence théocratique. C'est au fait la caractéristique de toute la composante islamiste qui fonctionne en système de vases communicants. Le FLN a choisi Oran, où ont été tissées les premières trames «du coup d'Etat scientifique» en 1996, pour tenter un recentrage, mais aussi rappeler la menace qui guette les constantes nationales. Le conservateur Benhamouda s'est montré offensif dans le discours de clôture de l'université d'été de son parti. Paradoxalement, c'est au moment de sa mort que le cygne chante. Du côté des démocrates, c'est le silence radio. A l'exception du FFS qui a tenu, la semaine dernière, son université d'été à Azeffoun et qui, de toute façon, s'est toujours démarqué de cette mouvance, on n'enregistre aucune activité de ce pôle censé contrecarrer les islamo-conservateurs. La dernière tentative de regroupement remonte à juin dernier. La Coordination des démocrates à laquelle s'est joint le Ccdr de Boubnider a duré juste le temps de son annonce. Handicapés par leurs divergences et les histoires de leadership, ils cèdent passivement le terrain politique pour réagir à la veille des échéances électorales.